Sweet Country (2018) de Warwick Thornton
Nouveau film du réalisateur australien Warwick Thornton qui avait été remarqué dès son premier long métrage "Samson et Delilah" (2009) qui a été lauréat de la Caméra d'Or au Festival de Cannes 2009. Le cinéaste est aussi connu pour ses documentaires notamment sur les aborigènes, mais aussi comme Directeur Photo pour d'autres comme sur le film "Les Saphirs" (2012) de Wayne Blair... Ce nouveau film a été présenté aux Festivals de Toronto 2017 et de Venise où il a reçu le Prix Spécial du Jury, ainsi que le prix du meilleur film aux Asia Pacific Screen Award et surtout il a raflé pas moins de 6 prix aux Australian Academy of Cinema and Television Arts Awards dont meilleur film et meilleur réalisateur... Pour cette histoire il nous plonge dans l'outback du territoire du Nord en Australie en 1929 où une chasse à l'homme est mis en place pour retrouver un aborigène qui a tué un blanc...
Dans le rôle principal on trouve dans son premier rôle au cinéma (il était apparu dans un petit rôle pour deux épisodes de série TV) l'aborigène Hamilton Morris, il est entouré d'acteurs expérimentés sans pour autant être des stars, il s'agit de Bryan Brown vu entre autres dans "Gorilles dans la Brume" (1989) de Michael Apted, "Polly et moi" (2004) de Jon Hamburg et "Australia" (2008) de Baz Luhrmann, puis Sam Neill vu dans "La Leçon de Piano" (1993) de Jane Campion et "Jurassic Park" (1993) de Steven Spielberg, on peut noter également Ewen Leslie remarqué dans "Sleeping Beauty" (2011) de Julia Leigh... Le film marque le temps et s'impose, malgré que le récit se déroule en 1929, comme un western australien ce qui nous permet de penser aux rares prédécesseurs comme "L'Homme de la Rivière d'Argent" (1982) de George Miller, "Monsieur Quigley l'australien" (1990) de Simon Wincer, "Ned Kelly" (2004) de Gregor Jordan, surtout "The Proposition" (2005) de John Hillcoat, puis pourquoi pas "Australia" (2008) de Baz Luhrmann... A l'instar de ses prérogatives sur la plupart de ses films, docu ou non, le cinéaste aborde avant la ségrégation des aborigènes qui, faut-il le rappeler n'était pas pire qu'aux Etats-Unis ou en Afrique du Sud. On se retrouve donc dans le far-west australien, plutôt l'outback du Nord, où coexistent plusieurs petits ranchs où chacun des ranchers blancs ont des esclaves aborigènes.

Le drame arrive avec l'arrivée d'un nouveau patron blanc jusqu'à ce qu'un aborigène tue cet homme ouvrant ainsi la voie à une chasse à l'homme. On est frappé par deux choses, d'abord la reconstitution de cet outback qui semble avoir des décennies de retard, qui ne serait pas autrement si on était en 1879 plutôt qu'en 1929, puis ensuite pas la qualité de la photographie qui met en valeur les paysages uniques de l'Australie. Le scénario reste assez basique, un vrai western où un esclave doit fuir et survivre après avoir créer un crime "racial". Mais la dimension sociologique apporte un propos fort avec en prime des personnages bien croqués dont un sergent Fletcher (Bryan Brown) particulièrement intéressant. Malgré tout les personnages restent dans la lignée du canevas du western classique. Mais le plus maladroit reste les flash, dont au début on ne sait s'ils sont forwards (futur proche) ou backs (passé), mais qui semblent surtout formés un effet de style sans que ce soit franchement utiles. Quoi qu'il en soit, ce western du outback est prenant avec un suspense plutôt bien amené et une fin à la fois inattendue et évidente. Sans doute un peu surestimé au vu des nombreux prix engrangés par le film mais assurément efficace et d'une réelle beauté.
Note :