Le Daim (2019) de Quentin Dupieux

par Selenie  -  20 Juin 2019, 08:31  -  #Critiques de films

Pour son nouveau film, Quentin Dupieux qui multiplie toujours les postes en étant réalisateur-scénariste-monteur-directeur photo-cadreur voulait signer un film sur la folie (?!), déjà amusant quand on connaît la filmo déjanté et unique en son genre avec "Steak" (2007), "Rubber" (2010), "Wrong" (2012), "Wrong Cops" (2014), "Realité" (2015) et "Au Poste !" (2018)... Pour ce nouveau film, le troisième en France après une première partie américaine, le cinéaste insiste sur le fait qu'il vaut une histoire sur la folie, mais de plus il y voit à la fois son premier film d'horreur et son premier film réaliste (?!). Ainsi Dupieux explique : "Mais il y a toujours eu dans mes films précédents des astuces pour que la folie soit plutôt un truc "rigolo" et hors du réel. C'ets les films qui étaient dingues, pas les personnages. J'avais très envie de me confronter enfin à un personnage qui déraille, sans artifice, sans mes trucages habituels. Le Daim est donc mon premier film réaliste. Je sais que ça fait marrer les gens quand je le dis mais je le pense profondément. C'est la première fois que je me confronte à la réalité. Une histoire, des acteurs et c'est tout."... Le cinéaste continue : "Dans mes films précédents, il y a toujours eu quelque chose qui mettait l'horreur à distance. On peut se dire que ce sont des cauchemars avec leurs lots de violence absurde, que tout ça n'est pas vrai. Là j'ai voulu avec Le Daim me rapprocher du fait-divers, en restant toujours du côté le plus concret de la folie. Je me rends compte que ça produit quelque chose de très différent sur les spectateurs. Ca les perturbe. Ils ne savent plus s'ils doivent être horrifiés de ce qu'ils voient ou en rire. C'est une idée qui me plaît beaucoup"...

Dans le rôle titre on retrouve la star Jean Dujardin dont on connaît déjà son appétit pour les histoires qui sortent des sentiers battus comme dans  "Le Bruit des Glaçons" (2010) de Bertrand Blier et "I Feel Good" (2018) de Benoît Delépine et Gustave Kervern. Il croise une jeune femme qui est jouée par Adèle Haenel qui fait sa première incursion dans un genre particulier après ses récents  "Un Peuple et son Roi" (2018) de Pierre Schoeller et "En Liberté !" (2018) de Pierre Salvadori. A leurs côtés il y a aussi Albert Delpy, père de Julie Delpy pour qui il a tourné dont "2 Days in New-York" (2012), il partage également une expérience avec Dujardin puisqu'il a joué dans "Mammuth" (2010) du duo Délépine-Kervern... Voici donc Georges, 44 ans, qui quitte tout et s'achète le blouson 100% daim dont il rêvait. Très vite sa passion pour son blouson en daim vire à l'obsession et Georges glisse bientôt dans la virée criminelle... Outre le traitement de la folie (selon Dupieux !) il y a aussi une idée de cinéma, Georges cherchant également à immortaliser son périple tel un grand cinéaste que sa rencontre avec Denise va exacerber. Quoi qu'il en soit il n'y a pas de doute, on est bel et bien dans un film de Dupieux, dans la droite lignée de ses précédents films.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

N'en déplaise au cinéaste, si son idée de film d'horreur réaliste semble lui importer il faut avouer pourtant qu'il reste timoré sur ces paramètres. En effet, niveau horreur ça reste sage et pas plus gore ou pas plus sous tension que ses précédents films, niveau réalisme on est tout aussi décalé ni plus ni moins qu'à son habitude. Pas grave on adore Dupieux dans son style très personnel ! Malgré tout, on ne décèle pas de fantastique et/ou univers franchement bizarre, Georges semble surtout esseulé depuis une rupture et sombre dans une folie ou son seul ami est une veste en daim. Sa seconde amie, Denise, va s'avérer plus intéressée par sa propre ambition ; personnage particulièrement bien écrit. Finalement, on n'est pas surpris par cette fin inattendue sur le coup mais tout à fait logique ensuite, où on savoure ce sursaut loufoque qui rappelle que le daim est aussi un animal (!). On constate toutefois que ce film s'offre un scénario plus linéaire et une réelle intrigue ce qui place effectivement ce film dans une cohérence plus nette et frontale que les autres films de Dupieux bien qu'on s'étonne de ne jamais voir la police  (par exemple), symbole évident de la réalité du monde. Sans être le changement significatif tel que désiré par Dupieux, "Le Daim" reste une fable absurde et étrange comme il sait les faire et on en redemande ! 

 

Note :                  

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15/20

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