Marriage Story (2019) de Noah Baumbach
Second film estampillé Netflix après "The Meyerowitz Stories" (2017) pour Noah Baumbach, producteur-réalisateur-scénariste qui explore une fois de plus le divorce après "Les Berkman se séparent" (2005). Baumbach reste dans ce qu'il fait de mieux, la chronique intimiste comme "Margot va au Mariage" (2007) ou "Mistess America" (2016). Le divorce est un sujet déjà maintes fois abordé au cinéma (Divorce : Petit Tour du Monde Tout savoir ICI !), on pense au fameux "Kramer contre Kramer" (1979) de Robert Benton et plus récemment on peut citer "Le Passé" (2013) de Asghar Farhadi et "L'Economie du Couple" (2016) de Joachim Lafosse tous deux avec Bérénice Béjo. Pour son film le cinéaste a choisi un contexte qu'il connait bien... Un metteur en scène de Broadway et sa femme comédienne divorce, et si au début ils voulaient se débrouiller à l'amiable l'entrée en scène des avocats va compliquer les choses...
Le couple est incarné par la pulpeuse Scarlett Johansson qui quitte un peu ses blockbusters comme "Avengers : Endgame" (2019) des frères Russo pour un retour aux sources salvateur en attendant le prochain "Jojo Rabbit" (2020) de Taika Waititi, puis Adam Driver actuellement dans "Star Wars -l'Ascension de Skywalker" (2019) de J.J. Abrams qui retrouve Noah Baumbach après "Frances Ha" (2013), "While We're Young" (2015) et "The Meyerowitz Stories". Les avocats sont joués par Laura Dern actuellement à l'affiche de "Les Filles du Docteur March" (2020) de Greta Gerwig, ironie du sort cette dernière est la muse de Noah Baumbach jouant dans la plupart de ses films, et Ray Liotta absent du grand écran depuis quelques années et vu dans la série TV "Shades of Blue" (2016-2018) tout comme Alan Alda actuellement à voir dans la série TV "Donovan" (2018-2019)... Le film débute avec une sorte d'énumération de l'homme et de la femme idéale, juste avant d'entrer dans le vif où la crise conjugale semble à un point de non retour. Le couple est séparé mais tente de sauver les apparences, de garder un contact pour leur enfant mais aussi pour garder un lien amicale car oui, après s'être aimer on n'est pas obligé d'accepter de laisser entrer la haine. A partir de là le récit se construit autour de deux paramètres : le féminisme et l'importance de l'avocat. Pour le féminisme, en cette période #MeToo et Cie, le point de vue de l'épouse qui a droit à ne pas se construire autour de son époux mais de s'épanouir par elle-même est bel et bien marteler mais le fait que le film soit surtout centrer sur le père atténue le point de vue féminin où, plutôt, donne un peu moins d'empathie pour l'épouse surtout qu'elle attaque en premier.
Là intervient l'autre paramètre, à savoir les avocats. Ils sont alors les fauteurs de troubles, ils sont l'huile sur le feu, et la séparation à l'amiable devient une guerre sans merci parce que les avocats choisissent l'unique option : il faut faire cracher au bassinet l'autre futur ex ! Evidemment, notre différence culturelle avec l'Amérique interfère un peu dans notre perception des faits, le système juridique américain, mais aussi la taille du pays (Los Angeles vs New-York) sont des paramètres que nous ne pouvons percevoir et comparer avec la France. Néanmoins, le divorce reste un sujet universel et les déchirements restent semblables notamment autour de l'enfant. Le scénario est particulièrement intelligent, montrant bien les deux points de vue même si on aurait préféré un réel 50/50 homme-femme ; en effet, l'épouse ne se montre qu'en présence de son époux alors qu'on s'attache à la solitude de l'homme. Mais il y a aussi la mise en scène de Noah Baumbach qui met en place un rythme singulier, un rythme par intermittence qui permet de matérialiser les hésitations du couple. C'est sans doute la force émotionnelle du film. En prime un couple au diapason qui offre deux belles performances qui nous foudroient particulièrement sur 2-3 séquences fortes. Plus paritaire et plus viscéral que "Kramer contre Kramer" souvent citer comme une référence, le film de Baumbach mérite clairement d'être vu et conseillé.
Note :