Forte (2020) de Katia Lewkowitz

par Selenie  -  30 Avril 2020, 11:54  -  #Critiques de films

Après deux comédies plus ou moins oubliées, "Pourquoi tu pleures ?" (2011) et "Tiens-toi Droite" (2014) la réalisatrice Katia Lewkowitz revient avec une nouvelle comédie après avoir néamoins cartonnée dans le domaine de la pub avec les courts "L'Amour, L'Amour" et "J'ai Tant Rêvé" (2017) pour le groupe Intermarché avec Ava Baya et Thomas Silberstein. Son nouveau projet est en fait une oeuvre de Anthony Marciano, réalisateur-scénariste du récent "Play" (2018), elle co-signe ensuite l'adaptation du scénario avec Frédéric Hazan scénariste de "Bis" (2015) de Dominique Farrugia, puis avec Melha Bedia, également actrice principale. Cette dernière, ex-joueuse prometteuse au football du PSG, ex-habilleuse de la rappeuse Diam's, et devenue humoriste elle est aussi la soeur du comique Ramzy Bedia du duo Eric et Ramzy. Evidemment la personnalité et l'histoire personnelle de Melha Bedia (ses sketchs tournent autour de son poids et de sa virginité) a enrichi le récit original...

Nour, comptable pour une salle de sport voit son complexe physique devenir un véritable handicap après une déception amoureuse. Bon an mal an elle décide de prendre des cours de Pôle Dance sans en parler à ses proches tandis que ses deux meilleurs amis cherchent également l'amour... Nour est donc incarné par Melha Bedia, et retrouve son frère Ramzy Bedia après "Pattaya" (2016) de Frank Gastambide et "Hibou" (2016) de Ramzy lui-même. Ses meilleurs amis sont joués par Bastien Ughetto aperçu dans "Michael Kohlhaas" (2013) de Arnaud des Pallières et "Le Chant du Loup" (2019) de Antonin Baudry; puis par Alison Wheeler humoriste youtubeuse lancée par Canal+ que Melha Bedia retrouve après "A Toute Epreuve" (2014) de Antoine Blossier. Nous avons le patron de Nour interprété par Jonathan Cohen vu dans "Blanche comme Neige" (2019) de Anne Fontaine, sa coach en la personne de Valérie Lemercier plus que l'ombre d'elle-même depuis ses échecs persos "100% Cachemire" (2013) et "Marie-Francine" (2016), et un prétendant joué par Yasin Houicha révélé dans "Divines" (2016) de Houda Benyamina et remarqué dans "Papicha" (2019) de Mounia Meddour. En prime Adèle Exarchopoulos, star et amie de Mehla Bedia, un caméo de 30sec top chrono gratuit et superflu, mais bon ça la pète sur l'affiche... Le sujet est, mine de rien, plutôt tabou et est de facto assez peu traité au cinéma ; en France on va vite fait citer les comédies "J'Ai Faim !!!" (2001) de Florence Quentin et "Mince Alors !" (2012) de Charlotte de Turckheim. Autant dire que que ce ne sont pas des souvenirs impérissables, et donc qu'il y a clairement un potentiel à explorer. Malheureusement, rien ne va dans ce film. D'abord il y a aussi bien erreurs de casting que des personnages archétypaux. Pour le casting, le pire est clairement Valérie Lemercier, si elle a l'air de s'ennuyer c'est que cachetonner n'est pas toujours facile surtout quand de surcroît on joue un personnage pour lequel on n'est pas crédible une seule seconde.

Ensuite, on a droit au panel politiquement correct de la tolérance LGBT à la maman seule mais libre, la maman collante, le patron de bistrot commère, le martelage que la pôle dance n'est pas de la prostitution (manquerait plus que ça !)... Mais sur ce dernier point on tombe sur une pépite de bêtise quand la coach (Lemercier, décidément pas de chance) assure que le pôle dance n'est pas du strip-tease pour, quelques minutes après, expliquer qu'il faut jouer la sensualité jusqu'à être l'appât potentiel d'un viol !!! Une pépite qui réveille tant le reste des dialogues sont ineptes. En fait, Nour/Mehla Media se flagelle constamment, s'apitoie jusqu'à passer la moitié du film à venir à la salle pour ne pas franchement s'entraîner. Je recule d'un pas, j'avance d'un demi... etc... D'ailleurs, malgré une équipe de danseuses jamais le scénario ne s'attarde un temps soit peu sur la discipline, on survole au point que la pôle dance n'est en fait qu'un prétexte, un environnement gadget. Et pourtant, on espère que le film va mener à un finish explosif où Nour/Mehla Media va assumer à fond son propos et son histoire, on espère tout le long de cette comédie douce-amère (1 rire, peut-être 2 pas plus) que Nour/Mehla Media va offrir un show perso à la barre pour mettre en avant la liberté d'exercer et la liberté d'être une femme qui se sent bien dans sa peau quoi qu'il arrive... Et on espère encore ! Le pire de tout, c'est sans aucun doute que l'actrice-scénariste n'assume jamais rien dans ce film, ni pour ses cours de pole dance, ni vis à vis de ses amis (la douche au foot !) et ni en tant que danseuse ronde de pole dance. La fin du film est donc un hors jeu total.

 

Note :                

06/20

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