Lucky Strike (2020) de Kim Yong-Hoon
Un premier long métrage ambitieux pour le coréen Kim Yong-Hoon qui réalise et écrit ce film adapté du roman "Jipuragirado Jagbo Sipeun Jimseungdeul" (2013) de son compatriote Keisuke Sone, titre qui voudrait dire littéralement "Des Bêtes qui s'agrippent à la paille"... Titre mystérieux qui se révèlera judicieux lorsque la fin du film arrivera. Si Kim Yong-Hoon est encore inconnu il s'est pourtant fait connaître au payus du Matin Calme avec des courts métrages et des documentaires pour lesquels il a été remarqué. Le cinéaste explique : "Je voulais montrer un échantillon particulier de la société moderne qui sombre peu à peu, et comment tous les maux et afflictions ont dans ce cas tendance à s'assembler."
Pour son premier film le cinéaste a pu compter sur une équipe technique chevronnée, notamment grâce à la société de production B.A. Entertainment qui ont déjà offert l'année précédente le joli succès "Le Gangster, le Flic et l'Assassin" (2019) de Lee Won-Tae... Un sac rempli de billets va bouleverser le destin de plusieurs personnes dont un cadavre, un douanier, un prêteur sur gage, un employé de sauna et une barmaid vont se croiser et s'entrecroiser avec ce sac qui va déclencher une collection de coups bas, d'arnaques et de trahisons... Outre son équipe derrière la caméra le réalisateur-scénariste Kim Yong-Hoon a le plaisir de diriger certains de meilleurs acteurs de son pays avec Do-Yeon Jeon vue dans "Secret Sunshine" (2007) de Lee Chang-Dong et "The Housemaid" (2010) de Im Sang-Soo, Jung Woo-Sung remarqué dans "La Princesse du Désert" (2001) de Kim Sung-Soo, "Le Bon, la Brute et le Cinglé" (2008) de Kim Jee-Woon et "Le Règne des Assassins" (2010) de John Woo et Chao-Bin Su, Seong-Wu Bae vu récemment dans "The Great Battle" (2019) de Kim Kwang-Sik, Yuh-Jung Youn vue dans les excellents "The Housemaid" (2010) et "L'Ivresse de l'Argent" (2012) tous deux de Im Sang-Soo, puis Man-Sik Jeong vu dans "The Murderer" (2010) de Na Hong-Jin et "Hard Day" (2014) de Kim Seong-Hun... Le film débute directement avec le sac, mais l'histoire à bien du mal à se mettre en place. La première demi-heure est juste une mise en place des protagonistes, c'est un peu fastidieux et on est un peu impatient d'entrer dans le vif du sujet.
On suit donc plusieurs personnages dont l'amibition semble pour tous se résumer à un sac plein de fric. Assez d'argent pour que seuls les plus bas instincts mènent le jeu. Le scénario est plutôt bien ficelé, jouant un chouïa avec la chronologie des faits, tentant de semer le spectateur, instillant un petit suspens sur qui va gagner le gros lot... etc... Le scénario est construit afin de toujours de brouiller les pistes, le cinéaste en profitant pour placer ici où là quelques idées (féministe, écart du statut social, violences intra-familial...) sous pourtant exploité er franchement les thématiques. Résultat, des rebondissements nombreux mais dans un rytme saccadé qui rend le film peu entrainant. Sur le fond on est loin d'un "Parasite" (2019) de Bong Joon-Ho, on serait plus dans un sous-Guy Ritchie. Néanmoins, l'opportunisme systématique et cette aveuglement constant pour le billet vert offre un récit prenant avec une prime des acteurs complètement investis. Un très bon moment à défaut d'être surprenant.
Note :