Tout Simplement Noir (2020) de Jean-Pascal Zadi et John Wax
Un titre évocateur et forcément direct pour cette comédie qui regroupe sans aucun doute le plus gros casting d'acteurs noirs et/ou de couleur du cinéma français. Le projet du film est une idée de Jean-Pascal Zadi, artiste multiple qui a signé auparavant des clips rap, des documentaires ciné et télé, a travaillé sur Canal + mais il a aussi joué dans quelques films, aperçu dans de petits rôles comme récemment dans "Un Homme Pressé" (2018) de Hervé Mimran et "Nicky Larson et le Parfum de Cupidon" (2019) de Philippe Lacheau, mais qui a réalisé aussi deux longs métrages à petit budget restés un peu dans l'ombre "African Gangster" (2010) et "Sans Pudeur ni Morale" (2011). Le titre est une référence à un groupe de rap précurseur français des années 80, mais c'est aussi une volonté de rappeler qu'il n'y a ni gêne ni honte à utiliser le mot "noir". Jean-Pascal Zadi précise que l'idée du film est né "de l'envie de faire une oeuvre collégiale, drôle et porteuse d'un message. On voulait fédérer un maximum de personnalités noires autour de ce projet et avoir le plaisir de les voir s'éclater à l'écran." Zadi a su s'entourer pour ce projet ambitieux, d'abord avec son co-réalisateur John Wax, d'abord directeur photo qu'il a connu sur le tournage de "Le Crocodile du Botswana" (2014) de Fabrice Eboué et Lionel Steketee, "Coexister" (2017) de et avec Fabrice Eboué, "Taxi 5" (2018) de Franck Gastambide. Zadi co-signe également le scénario avec Kamel Guemra quia signé les scénarios des récents "Made In China" (2019) de Julien Abraham et "Balle Perdue" (2020) de Guillaume Pierret. Vis à vis de son compère John Wax, Jean-Pascal Zadi : "J'ai un humour absurde et engagé. Celui de John est plus corrosif. Le film a trouvé son juste ton en mixant les deux."...
JP, acteur râté de 40 ans, décide d'organiser la première grosse marche de contestation noire en France. Il tente de rencontrer les plus grandes personnalités noires afin de mener sa lutte jusqu'à ce qu'il reçoit le soutien interessé du comique Fary. Bientôt il est bousculé entre son envie d'être sur le devant de la scène et son véritable engagement militant... En toute logique, JP est incarné par Jean-Pascal Zadi lui-même. Le reste du casting est tout aussi logiquement joué par plusieurs stars et vedettes plus ou moins connues et plus ou moins "noires", à l'exception quelques "eurasiens". On peut citer la jolie blonde Caroline Anglade vue récemment dans "Just a Gigolo" (2019) de Olivier Baroux et "Divorce Club" (2020) de Mickaël Youn, le "blanc" Mathieu Kassovitz... Mais surtout le générique se poursuit avec une liste de noms assez impressionnante. Citons d'abord ceux qui ont déjà joué aux côtés de Jean-Pascal Zadi dans les films sus-cités avec Eriq Ebouaney, Amelle Chahbi, Claudia Tagbo, Ramzy Bedia, Jonathan Cohen et forcément Fabrice Eboué. Mais citons ensuite les Omar Sy, Stefi Celma, Ahmed Sylla, Lucien Jean-Baptiste, Eric Judor, Joey Starr mais aussi des personnalités d'autres domaines sportifs ou télévisuels comme Lilian Thuram, Cyril Hanouna, Vikash Dhorasoo, Soprano... Etc... Liste non exhaustive... Mais cette jolie collection de "blacks" et toutes ses nuances nous font penser alors aux autres qui sont absents de cette aventure et on pense alors parmi tant d'autres à Aïssa Maïga, Edouard Montoute, Firmine Richard, Thomas N'Gijol, Pascal Nzonzi... etc... Notre première pensée est donc de se dire et de se rappeler qu'en France on a bel et bien une superbe brochette d'acteurs talentueux et noirs ! On suit un homme noir donc, qui cherche une certaine reconnaissance et pourquoi pas en profiter pour mener un mouvement qui lui tient à coeur ?! D'emblée la démarche n'est pas de toute franchise et désintéressée, mais le pauvre maladroit va surtout devoir composer avec tous les avis divergents de tous ceux qu'ils croisent au point de se perdre lui-même sur ce qu'il veut vraiment.
Et si on suit avec empathie ce JP on s'aperçoit bien vite qu'on est tous aussi perdu que lui ! D'abord sur la forme, si on sent un effort sur la narration il n'en demeure pas moins que c'est peu convaincant, on reste malheureusement sur une succession de sketchs plus ou moins aboutis. L'humour, la dérision comme l'auto-dérision sont omniprésents et on apprécie plusieurs séquences mais sans qu'il y ait pour autant des gags efficaces. Ca manque de punchline, de répliques qui tuent, et à part quelques passages où on sourit avec plaisir on reste sur notre faim. Sur le fond, le film sème et aborde absolument tous les sujets tendancieux autour du racisme (black blanc beur juif, féminisme noir, "racisme inter-négritude", "bounty"... etc...) et la plupart du temps avec objectivité et fantaisie mais aussi avec beaucoup de fourre-tout sans que le scénario puisse créer une réelle ligne directrice. Zadi a expliqué : "Le film est une critique du communautarisme par l'absurde, on essaie de montrer que parler de communautarisme n'a pas de sens... Le coeur du film, c'est le parcours d'un père de famille qui essaie de trouver sa place dans la société."... Tout est dans cette phrase, car le parcours du père n'est jamais probant, et le communautarisme absurde est sans doute la seule chose qui reste vraiment convaincant. Jean-Marc Zadi (et John Wax) signe une comédie qui ne manque pas d'idées et d'ambition mais il s'éparpille trop, notamment en manquant de poigne sur la direction d'acteur et sur la direction à prendre au niveau de l'histoire. Dommage...
Note :