Mignonnes (2020) de Maimouna Doucouré

par Selenie  -  20 Août 2020, 16:19  -  #Critiques de films

Premier long métrage de Maimouna Doucouré après le succès remarqué de son premier court métrage "Maman(s)" (2017) qui a été multiprimé à l'international comme Meilleur court métrage notamment au Festival de Sundance et un César en France. Ce court métrage évoque l'histoire d'une fillette confontrée à la polygamie au sein de sa famille, histoire inspirée de sa propre expérience et qui est de nouveau dans son long métrage. Suite à) ce court la réalisatrice-scénariste Maimouna Doucouré reçoit le soutien de la réalisatrice afro-américaine Ava DuVernay ("Selma" en 2015) qui la parraine et facilité le lancement du projet de long métrage. Ce long métrage aborde un sujet audacieux et douloureux avec l'hyper-sexualisation des enfants et surtout de jeunes filles.

Un film en tous cas qui a débuté sur des bases solides puisqu'il a été primé entre autre du Prix de la meilleure réalisation eu Festival de Sundance et d'une Mention Spéciale au Festival de Berlin... On suit l'histoire de Amy, 11 ans, qui désire intégrée un groupe de danseuses qui se nomme les "Mignonnes" tandis qu'elle apprend que son père va prendre une seconde épouse... Il a fallu pas moins de 6 moins de casting sauvage et plus de 600 fillettes auditionnées pour trouver les 5 membres Mignonnes. Citons donc les 5 heureuses élues avec Amy incarnée par Fathia Youssouf, suivie de ses quatre camarades interprétées par Medina El Aidi, Esther Gohourou, Ilanah Cami-Goursolas et Myriam Hamma. Chezles adultes on a la maman qui doit accepter malgré elle une seconde épouse jouée par Maïmouna Gueye vue déjà dans  "Le Flic de Belleville" (2017) de Rachid Bouchareb et "L'Ascension" (2017) de Ludovic Bernard, qui retrouve aussi Maimouna Doucouré après le court "Maman(s)"... La cinéaste signe un film culotté certe sur un sujet plus ou moins tabou mais encore faut-il ne pas se prendre les pieds dans le tapis. Après un début juste et rafraîchissant on tombe vite dans un manque de subtilité qui a pour résultat de montrer exactement ce qu'on dénonce ! Ainsi la réalisatrice choisit de montrer des fillettes hypersexualisées pour dénoncer l'hypersexualisation des pré-adolescentes ?!?! Danses des fillettes hypersexualisées (twerk et autres variantes plus ou moins dansées) avec gros plans sur les fesses, déhanchés... etc... D'ailleurs, si les fillettes ont dans le film 11 ans on peut soupçonner aisément que les jeunes comédiennes ont en vérité 13 ans afin d'accentuer le malaise du spectateur.

Si on comprend les intentions de la réalisatrice-scénariste, si le propos est louable il n'en demeure pas moins que d'user de ce prétexte provocateur est particulièrement maladroit et même dangereux. Maimouna Doucouré devrait savoir que la violence engendre la violence, et que la suggestion peut être tout aussi efficace surtout et notamment quand on aborde des sujets aussi tendancieux. Par là même, le fait de pousser le bouchon jusqu'à émettre l'idée qu'on doit choisir entre être une femme au foyer obéissante ou une prostituée est tout aussi caricaturale. Que n'aurait-on dit si le film avait été réalisé par un homme !?! Le vrai soucis, outre sa mise en scène litigieuse, est que la cinéaste apporte aucune nuance dans son propos, tout y est direct, sans nuance. Par exemple, jeter une personne à l'eau est vite oubliée, draguer des mecs plus âgés est un amusement, voler n'est pas si grave... etc... Car le manque d'amour et/ou d'attention selon elles est une circonstance atténuante valable et sans conséquence. Dans le même temps le film reste particulièrement juste sur d'autres points comme la puberté, les liens familiaux de Amy, les rapports entre copine et leur susceptibilité... Pour finalement comprendre que les séquences de danse sont les moins réussies (chorégraphies primaires, talents très limités des fillettes sur ce domaine), ajouté à cette propension bizarre de les filmer comme si les fillettes avaient une expérience de gogo-danseuse. En conclusion Maimouna Doucouré signe un film certe salutaire dans ses intentions et non dénué de grâce sur quelques passages, mais sa mise en scène frontale et provocante paraît surtout gratuite et maladroite ce qui ne sert pas son propos. Dommage...

 

Note :         

09/20

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