Sentinelle (2021) de Julien Leclercq
Enième film d'action pour le réalisateur Julien Leclercq qui semble ne pas savoir faire autre chose, et surtout qui semble s'engoncé de plus en plus dans un style primaire avec de moins en moins de moyen. Ainsi, des ambitieux "Chrysalis" (2007) et "L'Assaut" (2011) il a viré vers l'action movie de base plutôt divertissant comme "Lukas" (2018) avant de chuter avec "La Terre et le Sang" (2020) et de revenir avec ce film siglé Netlfix dont on devine le faible budget (on espère tant qu'à faire !) et l'absence totale d'idées. Pour ce nouveau long métrage, il retrouve Matthieu Serveau qui, après son court métrage "Le Mal dans le Sang" (2010), a collaboré (non crédité) au scénario de "La Terre et le Sang". Cette fois ils ont choisi une histoire basique du sous-genre Rape and Revenge où l'histoire d'une vengeance après viol...
Klara est une militaire-interprète qui revient en métropole après un trauma en mission. Vu sa situation elle est mutée en mission sentinelle (patrouille pédestre et surveillance anti-terroriste) à Nice, mais retrouve aussi sa mère et sa jeune soeur. Malgré ses soucis psychologiques tout semble reprendre un cour normal jusqu'à ce que sa jeune soeur se fasse violer après une sortie en discothèque. Evidemment Klara voit rouge, et après avoir appris qu'il s'agirait d'un fils de diplomate russe elle se sert de ses capacités "guerrières" pour se venger... La vengeuse est incarnée par Olga Kurylenko vue récemment dans "Les Traducteurs" (2019) de Régis Roinsard et qui avait débuté dans l'action avec des films comme "Hitman" (2007) de Xavier Gens, "Quantum of Solace" (2008) de Marc Forster ou "Max Payne" (2008) de John Moore. Sa jeune soeur est jouée par Marilyn Lima remarquée dans "Bang Gang" (2016) de Eva Husson et surtout récemment dans "Une Sirène à Paris" (2020) de Mathias Malzieu. Le grand méchant est interprété par Michel Nabokov aperçu dans "Problemos" (2017) de et avec Eric Judor et dans "Rebelles" (2019) de Allan Mauduit. Citons les policiers Martin Swabey aperçu entre autre dans "Trahisons" (2017) de David Leveaux, puis Carole Weyers qui retrouve le réalisateur après "La Terre et le Sang"... Le Rape and Revenge est un sous-genre qui repose avant tout sur un crime horrible empreint de tabou auquel la réponse est une vengeance souvent tout aussi déterminée, de sang froid et préméditée. On peut citer entre autre exemple "Un Justicier dans la Ville" (1974) de Michael Winner, "I Spit on Your Grave" (1978) de Meir Zarchi, "L'Ange de la Vengeance" (1981) de Abel Ferrara, plus récemment "Revenge" (2017) de Coralie Fargeat. Ce sous-genre se doit d'être doté d'un réalisateur stylé et/ou d'un scénario avec un once d'innovation pour sortir du lot, voir mettre en avant une vengeance plus "originale" pas obligatoirement basée sur la violence ; sur ce dernier point on peut citer les "Hard Candy" (2006) de David Slade ou le tout récent "Promising Young Woman" (2021) de Emerald Fennell.
D'abord dès les premières minutes on sent d'ores et déjà qu'on va nous servir tous les poncifs possibles, avec un soldat qui va évidemment être traumatisé, brisé à tel point qu'il est muté, sédaté, et psychologiquement instable mais, forcément, il se réveille dès que la frangine est victime et devient un guerrier redoutable, forcément, un militaire qui est allé au front est en toute logique un tueur de terrain. Cerise sur le gâteau de l'opportunisme et de la démagogie ambiante, le guerrier est une femme. Pourquoi pas, le cinéma a déjà offert quelques guerrières aussi mythiques qu'efficaces. Problèmes : elle simple soldat, à priori simple interprète au départ. Elle n'a aucun pedigree à priori digne d'un Jason Bourne ou d'un John Wick. Elle doit faire 50kg toute mouillée et il suffit de la voit faire son footing pour ne pas y croire des masses. La scène de baston dans la discothèque réunit tout ce qu'il na faut pas faire, une femme de 50kg sans bagage solide assure devant 4 gorilles dans un milieu restreint avec en plus une conclusion sans conséquences. D'ailleurs par la suite tout va bien pour elle, jamais de plainte judiciaire ou autre, ni sanction disciplinaire alors qu'elle est aussi discrète qu'un bulldozer miniature. Les clichés sont légions, jusqu'au méchant avec un énième russe, ou la fin "je suis un fantôme". On reste perplexe lors du twist (oui oui il y en a un) où on se dit que le violeur qui semble particulièrement aimé ça : pourquoi ne recommence-t-il pas ?! Les scènes d'action sont calquées sur d'autres multiples références antérieures, sans créativité, où chaque séquence serait interchangeable avec toutes les sous-productions du genre. Le film fait un carton sur Netflix, pas étonnant car on pourrait encore épiloguer sur les gens qui zappent, regardent tout et n'importe quoi car cloisonnés chez eux, sur les effets pop-corn d'un film décérébré... etc... Et pourtant, le film à une grande qualité : sa durée de 1h20 très suffisante. Ainsi, Julien Leclercq semble surtout avoir perdu son mojo, pas pressé de voir le prochain...
Note :