Les Animaux Anonymes (2021) de Baptiste Rouveure
OFNI (Objet Filmé Non Identifié), voilà justement un bel exemple de ces films hors normes, originaux et clivants avec ce film de seulement 1h04 écrit, réalisé, produit et même photographié par le français Baptiste Rouveure qui avait auparavant signé quelques courts métrages comme "Les Éphémères Fugitifs" (2012), "And the Winner Is" (2012) et "Altera" (2018). Avec ce film le cinéaste s'est fait particulièrement remarqué dans plusieurs festivals internationaux où il a engrangé de multiples prix du festival Screamfest 2020 à celui de Gerardmer 2021 en passant par ceux de Sydney Science-Fiction Film Festival 2020 et de Santiago Horror 2020...
Dans un avenir proche, le monde a connu une évolution inattendue où le rapport de force entre êtres humains et animaux a changé radicalement. Ainsi, les hommes et femmes sont devenus le gibier, les cibles d'animaux devenus dominateurs et prédateurs. Dans une campagne reculée, plusieurs humains sont confrontés à des animaux violents... Au casting ce sont des acteurs débutants et/ou amateurs inconnus, qui n'ont pas une ligne de dialogues autres que des gémissements, râles, souffles etc... en incarnant des humains ou des animaux camouflés sous des masques plus vrais que nature... En effet, ce qui frappe d'abord c'est le parti pris pour incarner des animaux qui ont évolué de façon disons, peu orthodoxe. On a ainsi l'impression que les animaux ont gardé leurs gueules à l'identique tandis que leur corps s'est "humanisé" ce qui explique par exemple la disproportion de certains specimens comme on peut le deviner sur l'affiche du film. Sans dialogues, dans les décors d'une campagne qui pourrait être n'importe où en Europe, c'est l'atmosphère qui devient essentiel. Une atmosphère glauque, malsaine et inquiétante digne d'un film d'horreur, mais en optimisant le hors champs, reposant avant tout sur notre perception de ce qui pourrait être notre réaction devant un tel monde. C'est là la grande idée du film.
Le scénario reste le point faible, ou plutôt le montage, qui donne surtout une impression d'avoir lié les uns aux autres des courts métrages alors qu'il aurait fallu une ligne directrice et une intrigue centrale plus probante avec des protagonistes principaux afin de nous attacher un temps soit peu à leur destin. C'est là le point faible intrinsèque au film. Mais certains pourront rester hermétiques au style singulier et sans concession, voir certains pourront s'ennuyer tant le film prend son temps frôlent un côté contemplatif tout en instillant, pourtant, quelques rares fulgurances gore. Le style expérimental peut bloquer mais il reste assez fascinant pour hypnotiser les amateurs d'expérience cinématographique inédite et audacieuse, sans compter une réflexion frontale à la cause animale. Imparfait donc, inégal assurément mais prometteur, imaginatif et troublant.
Note :