Cette Musique ne Joue pour Personne (2021) de Samuel Benchetrit

par Selenie  -  1 Octobre 2021, 16:27  -  #Critiques de films

7ème long métrage pour l'auteur et réalisateur Samuel Benchetrit après "Janis et John" (2003), "J'ai Toujours rêvé d'être un Gangster" (2008), "Chez Gino" (2011), "Un Voyage" (2014), "Asphalte" (2015) et "Chien" (2017). Il co-écrit son histoire avec le scénariste Gabor Rassov avec qui il avait déjà collaboré sur ses films sauf sur son chef d'oeuvre "J'ai Toujours rêvé d'être un Gangster" et "Un Voyage". Benchetrit décrit son nouveau film comme "Une comédie absurde et poétique, avec des durs qui vont devenir tendres, saisis par une tendresse qui les dépasse. Je le rappelais aux acteurs sur le plateau : on a tous un poème en nous, une heure de tendresse par jour. Je leur disais même : n'oubliez pas, il y a une petite fleur en vous. Généralement, ils se foutaient de moi." Plus anecdotique, le choix énigmatique du titre : "C'est une phrase que j'ai écrite il y a plusieurs années. J'étais dans un restaurant avec une fille, elle s'ennuyait, je m'ennuyais. Je suis allé aux toilettes, des hauts-parleurs jaillissaient des Impromptus de Schubert. Je me suis dit : je serais mieux là, cette musique ne joue pour personne. Mais aujourd'hui, il s'agit presque d'une antiphrase : Jeff explique que pour que cette musique existe, il suffit de l'avoir aimée..." ...

Dans une ville portuaire du nord de la France, la violence semble avoir envahi la communauté qui s'en accommode. Tandis que Jésus et Poussin organisent une fête pour la fille de leur patron, Jacky découvre le théâtre où il tombe amoureux, et Neptune se prend de passion pour la poésie... Au casting, plusieurs acteurs se retrouvent que ce soit entre eux et/ou avec Samuel Benchetrit. François Damiens retrouve Vanessa Paradis après "L'Arnacoeur" (2010) de Pascal Chaumeil, il retrouve aussi Ramzy Bedia après "Les Kaïra" (2012) de Franck Gastambide, Mlle Paradis retrouve son ex Benchetrit et Vincent Macaigne après "Chien" et retrouve Bruno Podalydès après "Les Deux Alfred" (2020), Ramzy Bedia retouve Joey Starr après "La Tour Montparnasse Infernale" (2001) de Charles Némès, "Les Seigneurs" (2012) de Olivier Dahan et "Tout Simplement Noir" (2020) de Jean-Pascal Zadi, Benchetrit retrouve aussi Valeria Bruni-Tedeschi et son fils Jules Benchetrit après "Asphalte" (2015), il retrouve également Bouli Lanners après "J'ai Toujours rêvé d'être un Gangster" et "Chien", tandis que Lanners retrouve son acolyte Gustave Kervern pour leur 9ème collaboration depuis "Aaltra" (2004) et jusqu'au 8ème avec "Effacer l'Historique" (2020) co-signé de Benoît Délépine... Le début et son générique est clairement une promesse d'un ennui et d'un manque d'inventivité qu'on espère qu'elle ne sera pas tenue. Mais les premières minutes démontre que Benchetrit semble vouloir faire son Bruno Dumont, réalisateur de films comme "L'Humanité" (1999), "Flandres" (2006), "Camille Claudel 1915" (2013), "Ma Loute" (2016) ou plus récemment "France" (2021).

On retrouve le grand nord hexagonal et une certaine idée des "gueules du nord", la farce social, la satire, l'absurde environnant voir le grotesque, le rythme saccadé faussement lancinant. L'idée de départ, que des criminels vieillissants s'adoucissent au contact de l'art est excellente mais le réalisateur-scénariste ne prend pas au sérieux sa propre histoire, ses propres personnages. C'est la grosse erreur du film. Ainsi les poèmes sont dignes de simples écoliers, aucun n'est réellement beau, le théâtre est trop expérimental pour créer un intérêt, la violence sous-jacente (ce sont des criminels à priori ?!) n'est pas crédible une seule seconde, et on peut aussi noter des paysages et des décors laids, jamais mis en valeur ou même jamais mis en perspective vis à vis du contexte social. Quelques passages sont ridicules, maladroits voir inutiles et incompréhensibles comme le scène "onirique" avec Vincent Macaigne, où comment croire à un ado qui agresse verbalement des soi-disant "caïds" sans aucune réaction de ces derniers, les clichés justement sur les ados... etc... On ne comprend jamais où veut nous mener Samuel Benchetrit, au niveau philosophie c'est plutôt fumeux, et surtout on ne peut s'attacher aux personnages tous antipathiques à l'exception de la partie théâtre dont la liberté et l'absence du qu'en-dira-t-on fait plaisir. En conclusion, un film ennuyeux, sans but, comme le dit un grand homme (mdr) il y a de l'idée, mais que l'idée !

 

Note :            

 

09/20
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