D'où l'on Vient (2021) de Jon C. Chu
Après "Crazy Rich Asians" (2018), le réalisateur Jon M. Chu revient à ses premières amours à savoir la comédie musicale qu'il avait abordé avec les "Sexy Dance 2" (2008) et "Sexy Dance 3D" (2010) avant de toucher à d'autres genres dont "J.I. Joe : Conspiration" (2013) et "Insaisissables 2" (2016). Ce projet est en fait l'adaptation de la comédie musicale à succès de Broadway "In the Heights" (2005) de Lin-Manuel Miranda et Quiara Alegria Hudes, spectacle aux 4 Tony Awards. Si les deux auteurs sont inconnus en France c'est le contraire outre-Atlantique notamment Miranda qui a signé une autre comédie musicale renommée avec "Hamilton" (2015) ainsi que les chansons du film d'animation "Vaïana" (2016) de Ron Clements et John Musker. Tandis que le scénario reprend le travail de et avec l'auteur Quiara Alegria Hudes. À l'origine le projet était déjà sur les rails dès 2009-2010 chez Universal, avant de passer chez les Weinstein en 2016 mais le projet fut encore retardé notamment parce que Lin-Manuel Miranda devait assurer le rôle principal mais qu'il était devenu trop âgé pour le rôle, jusqu'à ce que le projet revienne à Warner...
Au coeur de New-York, on suit plusieurs destins dans le quartier très latino de Washington Heights. Usnavi rêve de repartir en République Dominicaine mais est amoureux de Vanessa qui rêve de percer comme styliste. Benny travaille pour le père de la fille qu'il aime, Nina, une étudiante brillante. Et pour chapoter et materner tout ça il y a la matriarche Abuela. La musique est essentielle au bonheur de tous, mais la canicule et une panne d'électricité va pousser les uns et les autres à se remettre en question... Usnavi est incarné par Anthony Ramos connu depuis avoir performé justement dans la comédie musicale "Hamilton" (2015-2016) et son adaptation ciné éponyme (2020) de John Laurens, mais aussi aperçu dans "Godzilla 2" (2019) de Michael Dougherty et "The Good Criminal" (2020) de Mark Williams. Vanessa est interprétée par Melissa Barrera, inconnue sauf dans son pays le Mexique où elle a joué dans des séries TV dont la sulfureuse "Vida" (2018-...) tandis qu'on va la revoir dans "Scream 5" (2022) de Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin. Benny est joué par Corey Hawkins vu dans "NWA : Straight Outta Compton" (2015) de F. Gary Gray et "Blackkklansman" (2018) de Spike Lee. Nina est jouée par Leslie Grace, chanteuse latino dans son premier rôle au cinéma. Citons encore les acteurs Daphne Rubin-Vega vue dans "Sexcrimes" (1998) de John McNaughton et "Rendez-Vous l'Eté Prochain" (2010) de et avec Philip Seymour Hoffman, Jimmy Smits surtout connu pour avoir été le sénateur Organa dans les "Star Wars II et III" (2002-2005) de George Lucas et dans "Rogue One" (2016) de Gareth Edwards. Notons que l'auteur-acteur Min-Manuel Miranda apparaît aussi mais dans le petit rôle de Mr. Piraguero... Le film débute sur les chapeaux de roues, colorés rythmés qui donne la pêche même si le côté "attendez que je vous raconte une histoire" est devenue depuis quelques temps un concept très lourd et peu intéressant. Les personnages sont tous attachants, mai surtout la succession rapide et efficace des morceaux musicaux donnent la patate et un punch qui nous détourne un temps des enjeux plus intimes des personnages. Il faut attendre la panne d'électricité pour qu'on soit plus intérressé par l'évolution des personnages, plus intéressé mais aussi plus perplexe tant on ne comprend pas leur soucis. En effet, plusieurs protagonistes veulent soudain déménager et quitter le quartier et à priori c'est la panne d'électricité qui serait le déclencheur ?! Pourquoi et comment ?! Quelle est l'urgence ?!
Ensuite on s'aperçoit de plus en plus que le réalisateur penche pour une mise en scène trop clippesque ainsi les morceaux musicaux sont trop découpés, à l'image trop saccadée, ce qui ne permet aucune ampleur d'ensemble et trop peu de fluidité. On ne peut apprécier les danses dont les scènes sont montées à la truelle. Des multiples plans assemblés à la chaîne sans la moindre scènes longue qui permet de voir une évolution scénique, pas le moindre plan-séquence marquant. Dommage car les chansons, la vitalité, les couleur, tout était une promesse d'un spectacle vivant qui aurait mérité bien plus de plan large et de séquences rallongées sans césure ou ellipse. Dommage. Le pire étant l'abus des images de synthèse incrustées jusque dans les morceaux musicaux ! Il suffit de voir le passage des draperies qui tombent des immeubles, même ces draps sont en CGI !!! Honteux et d'une laideur surtout pour un film qui se vante de son multiculturalisme et de ses couleurs. D'ailleurs sur ce point le film est 99,99% latino, ce qui peut poser question quant aux messages très démago et même assez manichéen dans un quartier bien plus complexe que cette optique unilatérale, surtout quand on en sait un peu plus sur ce quartier de Washington Heights (Tout savoir ICI !) qui se situe dans la ville la plus cosmopolite du monde. Mais ça reste un détail, qui passerait plus inaperçu si ce n'était martelé de façon assez maladroite. En conclusion, John M. Chu a un matériau solide entre les mains mais il en fait un spectacle fouilli et cacophonique qui surnage grâce à des personnages touchants, et des morceaux musicaux franchement réussis aux rythmes latinos endiablés. Un bon moment relatif donc, par intermittence.
Note :