Candyman (2021) de Nia DaCosta
Officiellement remake du "Candyman" (1992) de Bernard Rose, mais rappelons que ce film était avant tout une adaptation de la nouvelle "The Forbidden" (1978) de Clive Barker, connu également pour avoir écrit le roman et le film adapté culte "Hellraiser" (1987). Ce premier film avait eu assez de succès pour avoir deux suites, "Candyman 2" (1995) de Bill Condon et "Candyman 3 : le Jour des Morts" (1999) de Turi Meyer. Derrière ce projet nous trouvons comme producteur et scénariste un certain Jordan Peele, réalisateur particulièrement remarqué pour les singuliers "Get Out" (2017) et "Us" (2019). Comme co-scénariste il y a aussi le moins connu Win Rosenfeld producteur-scénariste sur la série TV "The Twilight Zone" (2020). Puis enfin, le poste de réalisateur a été confié à une femme, Nia DaCosta surtout connu jusqu'ici pour avoir signé quelques épisodes des séries TV "Little Woods" (2018) et "Top Boy" (2019), et qui est d'ores et déjà l'élue pour réaliser le prochain "Captain Marvel 2" (2022)... Anthony McCoy, artiste peintre afro-américain, vit à Chicago avec son épouse qui est aussi son agent. En panne d'inspiration depuis quelques temps, il retrouve l'inspiration en découvrant la légende urbaine Candyman. Alors qu'un renouveau le fait respirer et que l'inspiration revient, son oeuvre est mis en avant soudainement alors que des meurtres sanglant surviennent parmi les gens qu'il côtoie de près ou de loin. Il semble que la formule consacrée, prononcer 5 fois le nom Candyman devant un miroir, soit à l'origine des meurtres. L'histoire traumatisante du quartier ressurgit...
Anthony le peintre est interprété par le jeune acteur Yahya Abdul-Mateen II remarqué en tant que Black Mantadans "Aquaman" (2018) de James Wan, il retrouve du même coup le producteur-scénariste après "Us" (2019) de Jordan Peele, et se retrouve en pleine ascension après avoir incarné Bobby Seale dans "Les Sept de Chicago" (2021) de Aaron Sorkin en attendant son rôle de Morpheus dans le prochain "Matrix 4" (2021) de Lana Wachowski. Sa conjointe est jouée par Teyonah Parris qui a en commun avec son partenaire d'avoir joué dansun film au titre évocateur "Si Beale Street pouvait parler" (2018) de Barry Jenkins tandis qu'elle retrouvera sa réalisatrice Nia DaCosta sur "Captain Marvel 2". Citons ensuite l'actrice Rebecca Spence aperçue entre autre dans "Public Enemies" (2009) de Michael Mann, "Contagion" (2011) de Steven Soderbergh ou "Man of Steel" (2013) de Zack Snyder, puis surtout l'acteur Colman Domingo qui semble focalisé sur les films siglés "afro-américains" de "Le Majordome" (2014) de Lee Daniels à "Le Blues de Ma Rainey" (2020) de George C. Wolfe en passant par "Selma" (2015) de Ava DuVernay, "The Birth of a Nation" (2016) de Nate Parker et "Si Beale Street pouvait parler" après lequel il retrouve Teyonah Parris. Mais surtout, on constate que ce remake, près de 30 ans après, voit revenir Vanessa A. Williams qui reprend le même rôle tenu dans "Candyman" de Bernard Rose, et retrouve par là même un certain Tony Todd alias Candyman, rôle qu'il reprend donc après la première trilogie, un acteur spécialiste du film d'horreur puisqu'il a essentiellement continuer dans ce genre notamment dans plusieurs épisodes de la franchise "Destination Finale" (2000-2011), jusqu'à retrouver Bernard Rose pour "Frankenstein" (2015)... Le film prend place à Chicago et la production a eu la bonne idée de tourner dans les "vrais" quartiers où ont lieu les événements dans le roman, à savoir notamment le quartier de Near North Side (désormais réhabilité) et sa cité de Cabrini-Green qui étaient tristement célèbre comme étant des ghettos. Le film a pu tourner par exemple parmi les 586 unités de logement qui restent sur les 3607 d'origines.
Mine de rien ces décors permettent d'instaurer un climax particulier, d'un réalisme pregnant qui s'avère loin d'être anodin surtout accompagne par la musique du compositeur Robert A.A. Lowe, qui a vécu plusieurs années à Chicago, et qui a utilisé les bruits et sons des quartiers pour imprégner le film. Ce qui pousse en fait ce remake a se présenter avant tout comme une suite au premier film de 92, ce qui va être confirmé par la suite du récit. Afin de pousser encore la personnalité du film vers ces quartiers, notons que la production a engagé deux artistes peintres de Chicago, Cameron Spratley et Sherwin Ovid, pour signer les oeuvres du héros Anthony/Abdul-Mateen II. Alors voilà que le ghetto va servir de terreau à un film d'horreur anti-blanc pour un film d'horreur qui prône ouvertement un propos communautaire, et pas de la façon la pus subtil qui soit ! Ainsi tous les morts sont d'origine caucasien, jusqu'à cette scène où seule survit la fille asiatique (?!). Le propos est lourd, particulièrement manichéen pour ne pas dire... raciste ! Mais pourquoi pas ?! Le soucis est que le scénario est sur d'autres points peu cohérent, outre que soudain le Candyman ne tue que des blacks, il tue aussi même quand la personne n'a pas dit la formule, le pire étant sans doute la main de Anthony ; qui ne réagirait pas devant une main pareil ?! Pas de médecin ?! Et même si l'excuse pourrait être le côté fascination de l'interessé comment expliquer que même sa femme ne réagit pas sur l'état purulent de sa main ?! Néanmoins la construction narrative et l'évolution du personnage principal est plutôt bien vu et bien géré même si niveau angoisse on aura connu bien plus efficace. On peut apprécier les parties animées qui apporte une dimension "mythe et légende". En conclusion, ce remake-suite qui sent trop la propagande, mais surtout qui manque cruellement de gore et/ou de frisson pour convaincre pleinement. Le film surnage surtout grâce aux décors et à l'atmosphère.
Note :