Lui (2021) de Guillaume Canet

par Selenie  -  3 Novembre 2021, 15:10  -  #Critiques de films

Ce projet est arrivé un peu par accident, puisque le réalisateur-acteur Guillaume Canet était en peine production du prochain "Astérix et Obélix - l'Empire du Milieu" (2022 ?!) mais qui a dû être stoppé en mars 2020 à cause de la pandémie Covid. Cet arrêt a permis au cinéaste de réfléchir et notamment de ne pas rester à "rien faire" : "J'ai commencé à taper trois lettres sur mon ordinateur : L.U.I. À partir de là, matin après matin, je me suis surpris à écrire des scènes autour de ce personnage ; je les rédigeais d'un trait, sans véritable réflexion, sans logique, je n'avais aucune idée d'une quelconque construction narrative." Le second coup du destin fût quand il a lu un premier jet à sa compagne Marion Cotillard qui a alors fait un rapprochement avec le poème La Maison d'Hôte de Rumi (lire ici !), mais surtout, le cinéaste déclare qu'il s'agit de son film le plus personnel, non pas autobiographique mais son personnage principal a en commun avec lui d'avoir grandi avec "la conviction d'avoir déclenché la maladie de son père, victime d'un infarctus quand il avait 10 ans" (mais qui a survécu). Ce film est le 7ème film qu'il réalise et écrit, et le 4ème dans lequel il joue ; il a donc cumulé les casquettes derrière et devant la caméra dans "Mon Idole" (2002), "Ne le Dis à Personne" (2006) et "Rock'n Roll" (2017). Mais précisons que "Lui" est tourné avec une partie de l'équipe technique du très attendu "Astérix et Obélix - l'Empire du Milieu" (2022 ?!)...

Un compositeur en mal d'inspiration quitte ses proches pour se ressourcer. Il trouve comme refuge une vieille maison à flanc de falaise sur une ile déserte en Bretagne. Dans ce lieu isolé le séjour débute mal lorsqu'il constate que le piano n'a pas été accordé, et qu'alors il désirait une certaine solitude plusieurs visiteurs viennent troubler sa tranquillité... Ce compositeur est donc incarné par Guillaume Canet lui-même qu'on n'avait pas vu devant la caméra depuis le magnifique "La Belle Epoque" (2019) de et avec Nicolas Bedos. Son épouse est jouée par Virginie Efira vue dernièrement dans "Adieu les Cons" (2020) de et avec Albert Dupontel et "Benedetta" (2021) de Paul Verhoeven, tandis que sa maîtresse est jouée par Laetitia Casta vue dans "L'Incoyable Histoire du Facteur Cheval" (2018) de Nils Tavernier et "Le Milieu de l'Horizon" (2019) de Delphine Lehericey. La mère est interprétée par Nathalie Baye vue récemment dans "Garçon Chiffon" (2021) de Nicolas Maury et qui retrouve Canet des années après  "Ne le Dis à Personne" (2006), le père est lui joué par Gilles Cohen vu récemment dans "Comment je suis devenu Super-Héros" (2021) de Douglas Attal et "OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire" (2021) de Nicolas Bedos. Puis citons un ami joué par Mathieu Kassovitz vu dernièrement dans "Les Méchants" (2021) de Mouloud Achour et Dominique Baumard, et le médecin incarné par Patrick Chesnais vu récemment dans "C'est Quoi ce Papy ?" (2021) de Gabriel Julien-Laferrière... D'emblée plusieurs paramètres font que ce film est une oeuvre à part dans la filmo de Guillaume Canet. Outre sa production surprise à l'insu de son plein gré expliqué plus haut, le film a été écrit en trois semaines, tourné en quatre, budget réduit, équipe réduite, un seul décor pour une durée de seulement 1h29 soit le film le plus court du réalisateur-scénariste : "il y a longtemps que j'avais envie de réaliser un petit film, concis, synthétique, cash." Le compositeur Alexandre Desplat qui a dû signé la musique en amont du tournage, et a dû apprendre le morceau au réalisateur-scénariste et acteur Guillaume Canet afin qu'il puisse le jouer au piano !

Puis enfin, on ne peut que constater l'influence d'un certain Bertrand Blier tout du long du film comme Canet l'avoue lui-même : "Difficile, en regardant al séquence des trois au lit de ne pas reconnaître son influence. Consciemment ou inconsciemment, Tenue de Soirée m'a sans doute influencé. Mais tout Blier m'influence. J'ai adoré tous ses films." On pourrait aussi citer de ce réalisateur "Le Bruit des Glaçons" (2010) et par certains côtés "Trop Belle pour Toi" (1989). Le personnage de Lui/Canet arrive donc dans un lieu isolé espérant retrouver l'inspiration musicale et répondre à une commande urgente. Mais seul, c'est son esprit qui va lui faire défaut en imaginant des visiteurs comme une introspection personnelle. Le scénario prend comme inspiration le concept psychanalytique du "clivage du moi" (Tout savoir ICI !). Ainsi, le récit se scinde et oscille entre deux points de vue, d'abord celui du musicien dans son quotidien en solo, puis la partie où ses visions l'amènent à avoir des discussions imaginaires avec ses proches et surtout avec les deux femmes qu'il aime. Le soucis est que tout ce qui se déroule hors de son imagination s'avère sans intérêt, pourtant on s'attend à un rebondissement autour du "fils de la folle" et de la maison que le réalisateur s'évertue à la montrer mystérieuse. La partie la plus intéressante est donc ses conversations imaginaires mais très vite cela devient redondant et/ou peu intéressant. Les propos sont parfois pertinents, parfois logiques voir virent aux sujets galvaudés (sempiternelles tergiversations autour de l'adultère), avec une mélancolie servie sans effort bien aidée par la solitude de l'homme dans l'écrin d'une côté sauvage. Malheureusement, sur le fond et en vérité Guillaume Canet n'a pas grand chose à dire et ce film a surtout tout du film qui fait surtout plaisir à celui qui le fait et le joue. Un film un peu vain donc, auquel il manque surtout une émotion à transmettre. On reste un peu sur notre faim, dommage... 

 

Note :            

 

09/20
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