OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire (2021) de Nicolas Bedos

par Selenie  -  7 Août 2021, 15:55  -  #Critiques de films

Retour du James Bond à la française des années après "OSS 117 : Le Caire Nid d'Espions" (2006) et "OSS 117 : Rio ne répond plus" (2009) tous deux de Michel Hazanavicius et avec Jean Dujardin dans le rôle titre. Mais cette fois le réalisateur n'a pas voulu reprendre la caméra, d'abord pris par son film "Le Prince Oublié" (2020) qui l'est devenu effectivement, et aussi parce qu'il n'aurait pas aimé le scénario signé de Jean-François Halin qui était déjà auteur des deux premiers, puis de Nicolas Bedos qui assume donc la réalisation pour ce qui est son 3ème long métrage après les excellents "Monsieur et Madame Adelman" (2017) et "La Belle Epoque" (2019). Nicolas Bedos qui n'est pas dupe et qui se sait attendu au tournant : "le 3 arrive chargé de l'arrogance du succès des deux précédents, comme écrasé par un plaisir rétrospectif, il ne bénéficie ni de la surprise du premier ni de l'amicale confirmation du second, il fait suspecter l'opération commerciale et la facilité. D'autre part, entre le 2 et le 3, la société a bien changée et le fossé s'est creusé entre ceux qui trouveront toujours qu'un tel film n'est pas suffisamment transgressif et ceux qui, au contraire, lui reprocheront de pratiquer un humour "offensant"." Précisons que si cette suite forme une trilogie avec Jean Dujardin dans le rôle de Hubert Bonisseur de La Bath alias OSS 117, il s'agit aussi du 9ème film mettant en scène le personnage créé en 1949 par Jean Bruce...  Janvier 1981, Hubert Bonisseur de La Bath revient d'une mission en Afghanistan tandis que l'élection présentielle semble placer un certain "communiste François Mitrand" comme un possible futur "patron" au grand dam de OSS 117 et de son supérieur Lesignac. Ce dernier lui présente un nouvel agent, Pierre agent OSS 1001 dont la jeunesse et l'arrogance irrite un peu OSS 117. Mais quand Lesignac n'a plus de nouvelles de OSS 1001 parti en mission en Afrique, OSS 117 est dépêché pour le retrouver et assumer la mission en évitant tout incident diplomatique...

On retrouve en toute logique Jean Dujardin dans le rôle titre alors qu'il incarne aussi un président dans le film "Présidents" (2021) de Anne Fontaine toujours en salles. Il retrouve après "J'Accuse" (2019) de Roman Polanski son supérieur interprété par Wladimir Yordanoff, acteur malheureusement mort peu de temps après le tournage. L'agent nouvelle génération OSS 1001 est incarné par Pierre Niney vu dernièrement dans "Amants" (2020) de Nicole Garcia et "Boîte Noire" (2020) de Yann Gozlan. Les OSS girls sont jouées par Natacha Lindinger vue dernièrement dans "Les Ex" (2017) de Maurice Barthelémy et "L'Incroyable Histoire du Facteur Cheval" (2018) de Nils Tavernier, puis Fatou N'Diaye vue dans des séries TV comme "Maison Close" (2013) et "Engrenages" (2014), et remarquée au cinéma en Exlibris dans "Astérix et Obélix : Mission Cléôpatre" (2002) de Alain Chabat et dans "Aide-Toi, le Ciel t'Aidera" (2008) de François Dupeyron. Le dictateur africain est joué par Habib Dembélé vu dans "Moolaadé" (2004) de Ousmane Sembène et "Faro, la Reine des Eaux" (2007) de Salif Traoré, il retrouve l'acteur Ibrahim Koma après "Wùlu" (2015) de Daouda Coulibaly vu aussi dans "La Cité Rose" (2012) de Julien Abraham et "Le Grand Bain" (2018) de Gilles Lellouche. Chez les ennemis deux acteurs qui se retrouvent après "Chaos" (2001) de Coline Serreau, Gilles Cohen et Ivan Franek, Cohen vu en ce moment dans le film "Comment je suis Devenu Super-héros" (2021) de Douglas Attal, Franek qui retrouve également Pierre Niney après "L'Armée du Crime" (2009) de Robert Guédiguian. Pour finir citons Christelle Cornil qui reprend son rôle de secrétaire après "OSS 117 : Rio ne répond plus" et qu'on n'avait pas revu depuis "La Fille Inconnue" (2016) des Dardennes et "Rupture pour Tous" (2016) de Eric Capitaine... On note un joli travail sur la musique, composée par Anne-Sophie Versnaeyen et Bedos lui-même qui avaient déjà collaboré sur les deux précédents films du cinéaste. La musique est à la fois cohérente avec les films de Hazanavicius et avec l'année 1981 et son cinéma. Le lien fait mouche d'entrée avec un générique très 007 avec la chanson "From Africa With Love" qui renvoie à "Bons Baisers de Russie" (1963) de Terence Young. À l'instar de la musique, on apprécie aussi l'effort de Bedos à coller avec l'époque des années 80 dans sa mise en scène, ainsi comparé aux films de Hazanavicius, il donne du mouvement à la caméra qui donne un semblant de rythme.

Heureusement car un des défauts par contre reste ce léger manque de rythme, ou plutôt ces petites baisses de régimes qui cassent la fluidité du récit. Dans l'ensemble le film est cohérent avec ceux de Hazanavicius tout en étant logique avec l'année 1981. On retrouve donc surtout la personnalité abjecte et imbécile de Hubert Bonisseur de La Bath qui est encore plus en décalage avec ces années 80 qui débutent, du socialisme français prêt à gagner la présidentielle à l'influence des l'U.R.S.S. en passant par la "françafrique" l'agent OSS 117 est malgré tout ça encore l'homme misogyne raciste et homophobe n'a pas évolué d'un iota depuis les années 50-60. Le personnage offre toujours un humour noir et absurde aussi maladroit que choquant. Mais pourtant on s'étonne que Nicolas Bedos n'assume pas plus un humour qui semblait pourtant idéal pour lui. En effet, à chaque gag l'auteur fait suivre un passage qui paraît comme une justification et/ou une atténuation alors même que cela arase forcément l'effet zygomatique. C'est justement cette assurance et ces gags assumés qui faisaient le sel des deux premiers films, et c'est d'autant plus décevant que Bedos avait tout pour aller encore plus loin. Dommage. Néanmoins, le plaisir de revoir OSS 117 est certain, l'Afrique offre un terrain de jeu  savoureux même si on semble avoir oublié que l'Egypte est en Afrique. On savoure le passage des diamants (référence évidente à l'affaire Bokassa sous Giscard d'Estaing), on sourit plus béatement à Casimir, on s'amuse des "pannes" de Hubert le séducteur et finalement Bedos réussit à mettre sa patte tout en restant fidèle à l'esprit amorcé par Hazanavicius même si on aurait aimé que le réalisateur-scénariste soit plus lui-même dans le poils à gratter. Une comédie qui fait du bien donc même si on atteint pas le niveau des deux premiers. Un très bon moment. Note obtenue de justesse.

 

Note :            

 

14/20

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :               

12/20
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :