Teddy (2021) de Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma

par Selenie  -  19 Novembre 2021, 17:07  -  #Critiques de films

Second long métrage pour les jumeaux Ludovic et Zoran Boukherma après "Willy 1er" (2018) co-réalisé avec Marielle Gautier et Hugo P. Thomas. Cette fois il se lance en fratrie en adaptant un de leurs courts métrages "La Naissance du Monstre" (2018) dont il modifie tout de même la ligne directrice. En effet, dans le court c'est une fille ado qui semble avoir un soucis de lycanthropie et se retrouve aider par son frère Teddy, dans le long Teddy n'a pas de soeur et la fille devient le petite amie. Les jumeaux portent les casquettes de réalisateurs-scénaristes. Les deux frères, originaires de la campagne du Lot-et-Garonne, ont choisi un retour en province pour leur film ce qui n'a pas été si naturel que ça comme Zoran l'explique : "Sans avoir vraiment mis le doigt dessus, je crois qu'on éprouvait une forme de honte de classe, venant d'un milieu plutôt populaire. Très voite, il nous fallait donc venir à Paris pour être le plus loin possible de tout ça. Et maintenant que nous sommes adultes, nous le voyons différemment (...) On a envie de filmer et de montrer les gens, au milieu desquels on a grandi, et que l'on ne montre pas beaucoup au cinéma." ...

Dans les Pyrénées, un loup attise la peur et la colère des villageois. Teddy, jeune sans diplôme vit avec son oncle adoptif et travaille dans un salon de massage alors que sa petite amie elle passe son bac et semble promise à un bel avenir. Un soir de Pleine Lune, Teddy est griffé par un animal. Les jours passent et Teddy s'aperçoit que des choses étranges lui arrivent... Le jeune lycanthrope est incarné par Anthony Bajon surtout remarqué grâce à "La Prière" (2018) de Cédric Khan et vu récemment dans "Les Méchants" (2021) de Mouloud Achour et Dominique Baumar puis dans "La Troisième Guerre" (2021) de Giovanni Aloi. La petite amie est interprétée par Christine Gautier, soeur de la réalisatrice Marielle Gautier et surtout l'ado lycanthrope du court métrage "La Naissance du Monstre". La patronne du salon de massage est jouée par Noémie Lvovsky qui retrouve les réalisateurs jumeaux après "Willy 1er", et vue depuis entre autre dans "Filles de Joie" (2020) de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich et dans "La Bonne Epouse" (2020) de Martin Provost. Citons deux autres petits rôles joués par Guillaume Mattera et Ludovic Torrent... On pense beaucoup à deux précédents films, à l'excellent "Grave" (2017) de Julia Ducournau et surtout à la bonne surprise "Les Mauvaises Manières" (2018) de Marco Dutra et Juliana Rojas, à la différence près que les jumeaux cinéastes ont annoncé une comédie horrifique dont la tagline rappelle ce "Monstrueusement drôle !" On décèle bien quelques fantaisies comme les gueules des Pyrénées filmées façon Bruno Dumont chez les ch'tis, le fait que Teddy a toujours le même T-shirt, ou la mamie en fauteuil roulant stationnée sur une place de parking pour handicapés...

Mais si ces fantaisies sont plus ou moins amusantes on est loin de la comédie "Monstrueusement drôle" ! On est d'abord dans un teen movie où un ado modeste tente de garder sa petite amie dans son monde, son accident lycanthrope va lui servir plus ou moins à ça. Mais l'évolution du récit est trop longue, on constate surtout que les idées ne fusent pas, le pire étant que la meilleure n'est même pas exploitée à fond ; à savoir celle déclarée par les cinéastes : "Finalement, on a préféré laisser la place à l'imaginaire et au doute : est-il un loup-garou ou croit-il qu'il en est un ?" Ainsi on comprend l'utilisation du hors champs, l'absence d'effets spéciaux lycanthropes (si on peut dire !) mais par contre on ne peut croire qu'à une des options, le doute n'est pas permis car comment croire qu'un ado puisse commettre ces horreurs aussi facilement ?! Finalement il aurait fallu assumer soit le côté horrifique soit le côté comique plutôt que de se prendre au sérieux, un sérieux symbolisé par la fin, à la fois logique et émouvante. En conclusion les jumeaux sont presque en hors sujet, on reste sur notre faim, ni rire ni peur, et une seule scène d'émotion qui arrive bien tard. Dommage... 

 

Note :            

 

08/20
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