La Traversée (2022) de Varante Soudjian

par Selenie  -  30 Juin 2022, 16:03  -  #Critiques de films

C'est lors d'une discussion avec l'acteur et ami Alban Ivanov que le réalisateur Varante Soudjian a eu l'idée du film. En effet l'humoriste a raconté qu'il avait un oncle qui emmenait de jeunes défavorisés à la mer, une anecdote qui a fait tilt comme l'explique le cinéaste : "On a commencé à imaginer deux éducateurs de banlieue qui emmèneraient des enfants déscolarisés, dont certains ont déjà un pied dans la délinquance, pour un voyage sur un catamaran. Ca nous amusait de les extraire de leur milieu et voir comment les ados réagissent au spectacle de la mer une fois que le masque tombe. Quand on a introduit l'idée d'un skipper ancien flic de la BAC on a trouvé le film." Varante Soudjian co-signe le scénario avec Thomas Pone, qu'il retrouve donc pour son troisième film après "Walter" (2019) et "Inséparables" (2019)... 

Alex et Stéphanie, deux éducateurs spécialisés encadrent 5 ados déscolarisés pour un périple en mer afin de leur ouvrir les yeux, leur redonner espoir et pourquoi pas leur inculquer les valeurs de la mer. Mais les jeunes n'ont pas encore embarqué qu'ils rencontrent Riton, leur skipper, qui s'avèrent être un ancien flic et qui semblent avoir encore des appréhensions sur ces jeunes qi vont monter sur son bateau. La traversée va être une grande aventure humaine, personne n'en doute... Les deux éducateurs sont interprétés par Audrey Pirault aperçue dans quelques épisodes de séries TV mais également dans le film "Belle, Belle, Belle" (2021) de Anne Depetrini, puis Lucien Jean-Baptiste acteur-réalisateur notamment dans "Il a Déjà tes Yeux" (2017) ou "La Deuxième Etoile" (2017), mais vu aussi chez les autres comme dans "Adorables" (2020) de Solange Cicurel. Le skipper et ex-flic est incarné par l'inénarrable Alban Ivanov qui retrouve le réalisateur après "Walter" (2019) et "Inséparables" (2019), et qui est particulièrement omniprésent cette année avec tout dernièrement "Les Gagnants" (2022) de Laurent Junca et Azedine Bendjilali, Les "SEGPA" (2022) de Ali et Hakim Bougheraba, "Le Médecin Imaginaire" (2022) de Ahmed Hamidi et "Les Folies Fermières" (2022) de Jean-Pierre Améris. Citons enfin les 5 jeunes chanceux, les trois débutants Thilla Thiam, Mamari Diarra et Enzo Lemartinet, puis deux avec une petite expérience, Moncef Farfar aperçu dans "Mes Frères et Moi" (2022) de Yohan Manca et Lucie Charles-Alfred vue dans "Placés" (2022) de Nessim Chikhaoui. N'oublions pas un petit rôle pour Mathias Minne vu dans Paris est à Nous (2020) de Elizabeth Vogler... Le début est assez bateau (sans jeu de mot !), le rassemblement avant l'embarquement qui permet vite fait bien fait de faire connaissance avec la petite troupe jusqu'à la rencontre avec le skipper-ex-flic qui soudain nous envoie une tonne de morale hyper démago bien-pensante qui frôle le message politique vomitif. Heureusement, la bonhommie de Alban Ivanov compense un peu et quelques gags plus ou moins bien sentis font passer la pilule tant bien que mal.

Le face à face entre ces jeunes en difficultés et l'ex-flic est évidemment le fil conducteur, mais les scénaristes ont tendance à oublier qu'ex-flic ou pas un skipper lambda aurait émis les mêmes règles, logiques et normales pour une petite communauté partant en mer. Des scénaristes qui caressent dans le sens du poil des gosses paumés à qui il a toujours justement manqué d'être guidés. Le fait de choisir un ex-flic est une bonne idée à la base, sauf quand c'est pour tenter d'être ludique et/ou donneur de leçon - pas pour les jeunes mais pour l'institution policière semble-t-il ! - Le réalisateur-scénariste ne doit pas savoir d'ailleurs qu'il existe depuis 1992 les CLJ, soit un service d'animation dans les quartiers dit difficiles qui sont animés justement par des policiers. Le soucis est surtout que le film se prend trop au sérieux, donc tendance à messages pas très subliminaux alors qu'il aurait fallu oser la farce ou la satire avec plus de conviction, en cherchant à faire rire plutôt qu'à tenter de décrocher de sourires et des approbations moralisatrices dans des caricatures faussement comiques. On n'est loin d'être chez De Funès ou chez les Nuls. De surcroît il faut effectivement souffrir de dialogues façon "Wesh" et autres qui font tout de même saigner les oreilles. Malgré tout, quelques joutes verbales font mouches, quelques passages restent amusants, la plus belles scène est un soupçon d'émotion plein d'espérance (les dauphins) et Alban Ivanov est un bel atout comme d'habitude. Une comédie beaucoup trop politiquement correcte pour convaincre pleinement, et dont les meilleures séquences sont (une fois de plus !) dans la bande-annonce. Note généreuse.

 

 

Note :      

 

09/20

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :               

11/20

 

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