Le Médecin Imaginaire (2022) de Ahmed Hamidi

par Selenie  -  4 Mai 2022, 14:50  -  #Critiques de films

Premier long métrage de Ahmed Hamidi, auteur dans l'ombre des Guignols de l'Info pendant 10 ans, mais qui a débuté au cinéma comme scénariste en écrivant pour les films "La Marche" (2013) de Nabil Ben Yadir, "Pourquoi j'ai Pas mangé mon Père" (2015) de Jamel Debbouze et surtout "Le Grand Bain" (2018) de Gilles Lellouche. Au départ ce projet est co-écrit par lui-même et son acteur Fatsah Bouyahmed qui avait déjà écrit pour le film "La Vache" (2016) de Mohamed Hamidi dans lequel il jouait... Alex, alias DJ Wethu est un DJ star qui fait un burn-out en plein concert au Maroc. Le coccyx fêlé il doit rester en convalescence loin de tout sous la surveillance médicale de Abdel qui rêve de devenir aide-soignant depuis 10 ans. Alors que cet accident fait perdre à Alex de nombreux contrats et que sa popularité est en berne Abdel tente d'obtenir à la fois son examen d'aide-soignant et la main de Nassima... 

Le DJ star est incarné par Alban Ivanov également en salles dans "Les Gagnants" (2022) de Laurent Junca-Azedine Bendjilali, qui retrouve Ahmed Hamidi après "La Marche" et "Le Grand Bain", qui retrouve aussi après "Né Quelque Part" (2013) de Mohamed Hamidi son partenaire Fatsah Bouyahmed vu entre autre dans "Les Invisibles" (2018) de Louis-Julien Petit ou "Le Dernier Mercenaire" (2021) de David Charhon. La manager du DJ est interprétée par Clotilde Courau qui semblent revenir plus régulièrement depuis quelques temps avec récemment "Les Héroïques" (2021) de Maxime Roy, "Bendetta" (2021) de Paul Verhoeven et "Haute Couture" (2021) de Sylvie Ohayon. Citons la jolie Nassima alias Saâdia Ladib vue dans "Razzia" (2018) de Nabil Ayouch. Puis n'oublions pas deux seconds rôles de flics loosers joués par Smaïn humoriste oublié et oubliable aperçu récemment dans "Placés" (2022) de Nessim Chikhaoui, puis Booder qui retrouve pour sa part Fatsah Bouyahmed après "Neuilly sa Mère, sa Mère !" (2018) de Gabriel Julien-Laferrière, et habitué aux seconds rôles comiques comme dans "Beur sur la Ville" (2011) de Djamel Bensalah ou "Pattaya" (2016) de et avec Franck Gastambide... Pour commencer il y a une importance non négligeable de la musique qui est ici signée de l'artiste Sinclair qui a déjà composé pour le cinéma notamment pour le réalisateur Rémi Bensançon sur "Ma Vie en l'Air" (2005), "Le Premier Jour du Reste de ta Vie" (2008) et "Un Heureux Evénement" (2011)... On peut être déçu sur le résultat, le mix entre musique électronique et maghrébine n'est pas franchement probante ni même inspirée et surtout, au final on est tout à fait d'accord avec Abdel/Bouyahmed : "ça fait du bruit" ! L'idée de transposer la célèbre pièce de Molière "Le Malade Imaginaire" (1673) est plutôt une bonne idée mais ça reste finalement très peu exploité aussi bien dans ses thématiques que dans l'évolution du récit. En effet, l'idylle timorée de Abdel prend un peu de place, l'amitié aussi, et la partie DJ vampirise nettement la partie médicale.

Le début débute bien, on rigole, le décalage entre le soignant maladroit et la star occidentale est savoureuse mais très vite on s'aperçoit aussi que les meilleures scènes... sont dans la bande-annonce !  Ecueil trop souvent remarqué au cinéma d'autant plus dans le genre de la comédie qui frôle l'arnaque. Les soucis vont alors s'accumuler, avec d'abord un gros manque de rythme ce qui est un problème majeur dans la comédie, on alterne donc entre un passage réussit et de longs passages ennuyeux et/ou sans intérêt. Sur ce dernier point on s'interroge sur quelques séquences qui sortent de nulle part comme le digicode en visio ou une ado mutique qui trône immobile sur le toit. Mais le pire reste le duo de flics Smaïn-Booder, qui ne servent strictement à rien d'abord parce que l'enquête est un prétexte inepte et inutile, ensuite parce que le duo ne fonctionne pas entre un Booder dont on aime la singularité et un Smaïn qui joue sur les mêmes codes qu'à ses débuts ; il est temps d'évoluer même si l'écriture et la direction d'acteurs est sans doute aussi problématique. Par contre, le film surnage grâce à quelques passages gags assez drôles mais trop rares, de jolis moments émotions avec Abdel/Bouyahmed mais on est pas là pour ça, on aime cette idée de "ode à l'oisiveté qui suggère de ralentir la cadence", et surtout on aime le duo entre la bonhommie de Alban Ivanov et l'empathie de Fatsah Bouyahmed qui sauve le film du naufrage. Un film qui, à la fois, est parfois pathétique, parfois drôle, qui nous dessine malgré nous un sourire ce qui permet d'offrir aussi une note généreuse.

 

Note :      

 

09/20

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :               

10/20
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