Dédales (2022) de Bogdan George Apetri

par Selenie  -  21 Juillet 2022, 17:16  -  #Critiques de films

A ne pas confondre avec le film français "Dédales" (2003) de René Manzor. Inconnu chez nous, le réalisateur roumain Bogdan George Apetri a déjà signé plusieurs courts métrages au début dse années 2000 et s'est exilé depuis aux Etats-Unis où il enseigne la réalisation à la Columbia University de New-York. Son premier long métrage est "Periferic" (2010), suivi de "Neidentificat" (2020) qui est le premier film d'un trilogie qui a pour toile de fond Piatra Neamt, ville natale du réalisateur. Ainsi, ce nouveau projet présenté au dernier Festival de Venise 2021 est le second chapitre de cette trilogie réalisé et écrit par le cinéaste... Une jeune novice de 19 ans quitte en cachette son monastère pour régler une affaire urgente en ville. Le soir même, sur le chemin du retour elle fait une mauvaise rencontre. Marius est chargé de l'enquête. Mais l'affaire bien que banale devient vite obsessionnelle...

A l'instar du réalisateur, la grande majorité des acteurs sont essentiellement connus uniquement dans leur pays la Roumanie. La jeune nonne est incarnée par Ioana Bugarin vue dans "Otto Barbarul" (2020) de Ruxandra Ghitescu, "Scara" (2021) de Vlad Paunescu puis retrouvant son réalisateur de "Neidentificat" (2020), et donc retrouvant aussi son partenaire, jouant ici le policier, Emanuel Parvu vu auparavant dans le film collectif à sketchs "Contes de l'Âge d'Or" (2009), "Baccalaureat" (2016) de Cristian Mungiu et "Aniversarea" (2017) de Dan Chisu retrouvant aussi après ce dernier l'actrice Marian Ralea. Trois autres acteurs étaient dans "Neidentificat" (2020), Cezar Antal, Ovidiu Crisan vu également dans "Des Escargots et des Hommes" (2012) de Tudor Giurgiu, "La Madre" (2016) de Alberto Morais et "Berliner" (2020) de Marian Crisan, puis Valentin Popescu vu aussi dans "Une Exécution Ordinaire" (2010) de Marc Dugain, "Toni Erdmann" (2016) de Maren Ade, "Scara" (2021) de Vlad Paunescu retrouvant ainsi Ioana Bugarin. Citons encore Nora Covali vue dans "Au-Delà des Collines" (2012) de Cristian Mungiu retrouvany ainsi son partenaire Valeriu Andriuta vu entre autre dans "Baccalaureat" (2016) de Cristian Mungiu dans lequel était Emanuel Parvu et "Une Femme Douce" (2017) de Serguey Loznitsa... Un peu plus on pourrait croire au pendant roumain de l'excellent "La Nuit du 12" (2022) de Dominik Moll. Une première partie où on suit une jeune femme qui quitte son couvent pour l'hôpital pour une journée avant son retour. Une première partie longue, où il ne passe pas grand chose durant le trajet, où on n'apprend rien puisqu'on devine aisément le pourquoi d'un tel voyage. Une première partie longue et qui s'avère sans grand intérêt jusqu'à ce drame qu'on nous suggère dès la bande-annonce et donc attendu. Un pseudo-twist donc qui scinde le film en deux. Un court voyage plus ou moins secret, ennuyeux suivi d'un drame qu'on attend avec impatience car, pense-t-on, il va enfin lancer l'histoire. Une première partie longue, trop longue, mais qui instaure un climax malsain, tant tous les hommes, même honnêtes, semblent capables du pire à tout moment. Une atmosphère d'insécurité pour la demoiselle s'impose alors au spectateur. C'est la bonne idée du film. Une demoiselle d'ailleurs merveilleusement incarnée par Ioana Bugarin qui ressemble à s'y méprendre à la frenchy Astrid Bergès-Frisbey.

La seconde partie se focalise sur l'enquête mené par un inspecteur qui semble parti pris et particulièrement obnubilé par elle. Mais quand le récit débute l'enquête a déjà démarré depuis au moins quelques jours alors on se demande bien pourquoi une enquête somme toute banale imprègne autant le quotidien du policier ?! Par là même vu le déroulement des faits, on se demande pourquoi jamais on ne parle d'ADN ?! Bref l'enquête est bâclée, ou du moins le film ne s'y intéresse nullement. En cela le film manque d'épaisseur et d'authenticité, on est pas chez Dominik Moll. Ici, le réalisateur roumain impose plutôt une ambiance et surtout impose des questions sans réponses ; comment ont-ils trouvé le suspect ?! En quoi la longue première partie était-elle nécessaire ?! Les visites du policier à l'hôpital souvent inutiles ou sans être réellement constructives, ou encore pour des voix basses un peu faciles ?!... Etc... On peut aussi déblatérer des questions existentielles pseudo-philosophies et/ou religieuses mais alors le film sous-exploite beaucoup trop ce chemin et n'est donc pas probante. Bogdan George Apetri signe un thriller prenant, mystérieux, qui ne manque pas d'idées sur le fond comme sur la forme mais il y a aussi trop de passages qui s'avèrent vaines ou ineptes, trop de facilités pour instiller un suspense ou un mystère qui sont pourtant plutôt limpides. En conclusion, un thriller qu'on aimerait adoré mais qui reste trop en surface, comme des promesses non tenues, mais heureusement, il y aussi une jolie mise en scène, des acteurs solides, et un climax assez envoûtant qui fonctionne bien. Ca reste une déception surtout en cette période très prolifiques en thriller haut de gammes. Note généreuse.

 

 

Note :      

 

12/20
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