La Petite Bande (2022) de Pierre Salvadori
Après "En Liberté !" (2018) voici le retour de Pierre Salvadori avec un film de par et pour les enfants (et pas que !), où de jeunes ados jouent la grande aventure nous ramenant à un sous-genre en soi de "La Guerre des Boutons" (1962) de Yves Robert aux dernières franchises "Le Petit Nicolas" ou "Ducobu" en passant par les cultes "E.T." (1982) de Steven Spielberg ou "Les Goonies" (1985) de Richard Donner. Salvadori co-signe le scénario avec Benoît Graffin, outre ses propres films et ses scénarios pour d'autres, reste un fidèle collaborateur depuis "Après Vous" (2003) et à l'exception notable de "Dans la Cour" (2014)...Cat, Fouad, Antoine et Sami sont des amis de 12 ans qui ont formé un club secret, La Petite Bande. Leur premier projet est choisi autant par fierté, idéologie que par provocation : faire exploser l'usine qui pollue leur rivière depuis des années. Mais leur groupe est parasité constamment par leur vote, étant en nombre pair les votes sont souvent à égalité et paralysent toute action. Ils décident donc d'intégrer un 5ème, ils jettent ainsi leur dévolu sur Aimé, qui est pourtant un garçon solitaire et souffre-douleur habituel. Pourtant la bande finit par s'organiser tant bien que mal pour leur mission. Excités et stressés les amis vont apprendre à vivre ensemble et à être solidaire dans l'adversité dans leur aventure...
La Petite Bande est composé par de jeunes acteurs débutants qui jouent tous leur premier rôle. Citons ainsi Aymé Medeville, Mathys Clodion-Gines, Colombe Schmidt, Redwan Sellam et Paul Belhoste. Le patron de l'usine est incarné par Laurent Capelluto, second rôle de luxe de "Un Conte de Noël" (2008) de Arnaud Desplechin à "Un Monde" (2021) de Laura Wandel enpassant par "L'Enquête" (2014) de Vincent Garenq ou "La Lutte des Classes" (2019) de Michel Leclerc. Citons ensuite Pio Marmaï qui retrouve Salvadori après "Dans la Cour" (2014) et "En Liberté !" (2018), prolifique et omniprésent depuis 2-3 ans avec dernièrement "Enquête sur un Scandale d'Etat" (2022) de Thierry de Peretti et "En Corps" (2022) de Cédric Klapisch, et deux acteurs peu connus abonnés aux apparitions furtives avec Roussaint Martinetti aperçu récemment dans "Fratè" (2022) de Karole Rocher et Barbara Biancardini, qui retrouve après "Une Vie Violente" (2017) de Thierry de Peretti son partenaire Jean-Max Lhuillier aperçu auparavant dans "Pension Complète" (2015) de Florent Emilio-Siri... L'introduction est très sympa, un prologue de présentation pas trop long ni trop explicatif avec aussi un petit 5ème comme narrateur touchant et logique. Le scénario est bien pensé car il allie cahier des charges du film d'aventure, chronique adolescente et cette part d'innocence inhérente à l'enfance qui fait que le film oscille entre réalité de notre époque à la fable moderne. La première déception est l'usine, laide et anachronique (usine style années 50 ?!) et de surcroît en image de synthèse grossière.
Le plan des quatre copains est forcément bancal, ça reste des enfants, ils ont des idées mais ne pensent pas à tout. Logique là aussi n'en déplaise à quelques aigris qui dénoncent la stupidité du plan ; oui ces petits héros sont des enfants on ne s'attend justement pas à des pros ! Néanmoins on salue l'idée du canoë par exemple, on aime le courage des gosses car n'oublions pas que le courage n'est pas sans peur. Le scénario n'oublie pas pour autant le mélanges des genres, car si ça reste une comédie d'aventure adolescente, le fond du propos reste tragique avec l'écologie surtout, mais on notera une importance non négligeable des violences domestiques qui n'a pas de frontières sociales. Oui, le réalisateur ne fait pas toujours dans la subtilité (le papa gendarme, les mobiles des enfants, le cliché de la trahison, le vomi...) mais le tout reste cohérent et dans un bon rythme de croisière. Jusqu'à la moitié du film, on passe un excellent moment, la drôlerie restant la priorité, mais comme trop souvent, la seconde partie se laisse prendre par un peu moins d'humour, plus d'émotion et de sérieux dans le drame. On aurait aimé des gags plus nombreux et mieux parsemés sur l'ensemble du film. Pas aussi dithyrambique que le fiston, qui m'a surpris sur son jugement mais il semble que la partie "amoureuse" ait été assez soft et sans mièvrerie pour sauver le film ! Néanmoins, les "Goonies" 2.0 à la française sont drôles et touchants avec de jolies trouvailles. Un très bon moment.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :