Héros ou Salopards (1980) de Bruce Beresford
Après quelques films comme "The Adventures of Barry McKenzie" (1972) ou "Side by Side" (1975), le réalisateur australien Bruce Beresford trouve enfin un projet plus ambitieux en abordant une guerre peu connue ou du moins peu abordée au cinéma, la Seconde Guerre des Boers (Tout savoir ICI !). Les films sont rares, citons "Briton and Boer" (1909) de Francis Boggs, "Le Président Krüger" (1941) de Hans Steinhoff, "Tant que Soufflera la Tempête" (1955) de Henry King, "Majuba" (1966) de David Millin et "The Regiment" (1972) de William Slater. Le film se focalise donc sur le procès en cour martial de trois soldats australiens pour des meurtres durant la guerre des Boers. Le scénario est signé par Kenneth Ross à qui on doit "Chacal" (1973) de Fred Zinnemann et "Le Dossier Odessa" (1974) de Ronald Neame. Le film connaît un joli succès, nommé à l'Oscar du meilleur scénario, un Prix d'interprétation à Cannes pour l'acteur Jack Thompson et pas moins de 10 récompenses aux équivalents des Césars/Oscars australiens. Ce film permet la reconnaissance de Bruce Beresford à l'international, qui réalisera plus tard des films comme "Miss Daisy et son Chauffeur" (1989) ou "Dernière Danse" (1996)... Durant la seconde guerre des Boers, 1902, trois soldats australiens, officiers des Bushveldt Carbineers sont accusés de meurtre de prisonniers Boers et d'un révérend allemand. Leur avocat est un novice qui n'a eu qu'un seul jour pour se préparer. Le plus haut fonctionnaire de l'armée britannique, Lord Kitchener espère faire de ce procès un exemple avant espérer finir la guerre à la prochaine conférence de paix. Mais l'affaire est complexe, car étant en guerre les soldats accusés étaient en service actif...
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Les trois accusés sont incarnés par Edward Woodward (seul britannique du casting les autres étant essentiellement des australiens) remarqué dans le culte "The Wicker Man" (1973) de Robin Hardy et surtout connu plus tard pour la série TV "Equalizer" (1985-1989), il retrouvera Bruce Beresford pour "Le Roi David" (1985), Jack Thompson qui retrouve le réalisateur juste après "The Club" (1980), vu ensuite dans plusieurs grands classiques dont "Furyo" (1983) de Nagisa Oshima, "La Chair et le Sang" (1985) de Paul Verhoeven, et "Australia" (2008) de Baz Luhrmann, dans lequel il retrouvera encore après également "Le Chant de Jimmy Blacksmith" (1978) de Fred Schepisi son partenaire Bryan Brown, vu ensuite dans "Gorilles dans la Brume" (1988) de Michael Apted, "Polly et Moi" (2004) de John Hamburg et "Sweet Country" (2017) de Warwick Thornton. Citons encore un certain John Waters alors acteur mais aussi et surtout réalisateur culte de films comme "Pink Flamingos" (1972), "Cry Baby" (1990) ou "Cecil B. Demented" (2000), Charles "Bud" Tingwell vu dans "Les Rats du Désert" (1953) de Robert Wise, "Dracula, Prince des Ténèbres" (1965) de Terence Fisher et "Ned Kelly" (2003) de Gregor Jordan, qui retrouvera après "Un Cri dans la Nuit" (1988) de Fred Schepisi l'acteur Lewis Fitz-Gerald vu plus tard dans "Pitch Black" (2000) de David Twohy et "Treize Vies" (2022) de Ron Howard, Terence Donovan qui retrouve Beresford après "Le Prix et la Sagesse" (1978) et retrouvera Jack Thompson dans "L'Homme de la Rivière d'Argent" (1982) de George Miller, Vincent Ball vu dans "Les Diables du Désert" (1958) de Guy Green, "Le Sang du Vampire" (1958) de Henry Cass et "Quand les Aigles Attaquent" (1968) de Brian G. Hutton, Russell Kiefel vu ensuite dans "Absolom 2022" (1994) de Martin Campbell et "La Reine des Damnés" (2002) de Michael Rymer, puis enfin Chris Haywood vu plus tard dans "Razorback" (1984) de Russell Mulcahy et "Mr. Quigley l'Australien" (1990) de Simon Wincer... Arrêtons-nous un instant sur le titre, en V.F. très primaire et sans aucune once de créativité, en V.O. c'est "Breaker Morant" qui signifie "Briseur Morant", qui' s'avère tout aussi réducteur et simpliste, alors qu'en V.O. il peut aussi y avoir "Hero or Villain". Bref le titre est un peu inepte, dommage...
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Le film débute quasi aussitôt dans le prétoire où sont présents les trois accusés. D'emblée le film se positionne donc comme un film judiciaire, un film de procès plutôt qu'un film de guerre. À partir de là, le scénario est construit via de multiples flash-backs au fur et à mesure que les protagoniste se souviennent du déroulement des faits. On suit donc le quotidien d'une caserne isolée en tant de guerre des Boers, on aborde les "nouveautés" qu'une telle guerre imposent (guerilla, création de nouveaux corps d'élite...), les horreurs inhérents à toutes les guerres, les problématiques des différences hiérarchiques, les aléas géo-politiques qui parasitent certains jugements mais on est aussi témoin des desideratas et des atermoiements des uns et des autres alors même qu'on connaît déjà l'issu du procès. Les flash-backs permettent de casser un peu la monotonie et la théâtralité du prétoire, le montage non linéaire permet de mettre en place une sorte de puzzle pour comprendre les tenants et aboutissants. Le film a la qualité d'une oeuvre très documentée et historiquement fidèle et donc fiable ce qui est assez rare pour le noter. En prime un trio d'acteurs impeccables même si Jack Thompson est un peu lisse face à ses deux camarades Woodward et Brown. Point bonus avec cette fin forcément tragique qui ne manque ni de classe ni de poésie. Bruce Beresford signe un film historique passionnant et ludique parfaitement maîtrisé qui reste à ce jour sans doute son meilleur film.
Note :