Persuasion (2022) de Carrie Cracknell

Premier film de Carrie Cracknell, elle se retrouve derrière la caméra pour une nouvelle adaptation du célèbre roman Persuasion de Jane Austen sorti en 1818, adaptation qui cette fois est signée Netflix. Rappelons que l'autrice a vu l'ensemble de ces ouvrages adapté sur le petit et grand écran. La dernière adaptation de ce livre date de 2007 où l'on retrouvait Sally Hawkins ("La forme de l'eau") et Rupert Penry-Jones ("Match Point") dans les rôles principaux. 

La cadette de la famille Eliott, a refusé une proposition de mariage il y a des années, persuadé par sa marraine et sa famille que le jeune homme en question, un marin, n'était pas assez convenable au regard de son rang et de sa propre famille. Voilà que ce dernier revient dans la vie de la jeune femme

Le synopsis en lui-même respecte dans les grandes lignes, le récit de Jane Austen, à cela a été ajouté une forme de comique de situation, frôlant quelques fois l'absurde et comique aussi les dialogues. Cette légèreté est le premier décalage avec l'ambiance très sobre et solennelle de l'œuvre. Le deuxième décalage vient du personnage principal qui se met dans des situations de malaise sans que l'on sache pourquoi, elle n'applique pas les règles de l'étiquette de son temps et semble avoir un sérieux penchant pour la bouteille. Enfin, les non-dits, la subtilité et l'intériorisation des sentiments sont des éléments phares du roman, le film quant à lui brise tous ces codes : chacun dit ce qu'il pense, la quatrième mur est cassé pour un dialogue unilatéral de Jane aux spectateurs. Ces discordances par rapport au livre s'accentuent par une volonté de modernisation à l'extrême avec des hommes et femmes de couleurs qui n'auraient jamais eu les postes et rangs à l'époque de l'intrigue. 

La prestation des acteurs est inégale, si Cosmo Jarvis ("The young Lady") donne ce caractère introverti et maladroit que l'on attend du personnage du Capitaine Wentworth. Dakota Johnson tente de façon étrange de donner un côté moderne et décalé au personnage d'Anne Elliot. Les deux acteurs ne fonctionnent pas ensemble, il manque cette osmose tant attendue et on ne comprend pas leur happy end, avec la relation établie tout au long de leur histoire. Les personnages secondaires sont aussi dans cette dualité entre prestation en adéquation avec leur rôle et l'impression de forcer chaque trait du personnage. 

Un film qui ne plaira pas forcément aux adeptes de l'auteure avec ces remaniements forcés au couteau qui font manquer la période historique mais aussi la critique subtile de la société, vécue par Anne et de sa révolte face à certaines situations. Même si les décors et les costumes sont très beau, il manque de finesse et de recherche mais il manque surtout d'émotion dans ce film. 

Note :