Hiver à Sokcho (2025) de Koya Kamura

par Selenie  -  10 Janvier 2025, 09:26  -  #Critiques de films

Premier long métrage de Koya Kamura, franco-japonais qui peinait à construire son premier projet. Finalement, c'est par la biais de son producteur qu'il a trouvé son bonheur en adaptant le livre éponyme (2016) de Elisa Shua Dusapin : "Ce dernier parlait d'identité, de métissage, et cela résonnait fortement avec mon histoire personnelle. Ayant déjà des images en tête en lisant le livre, je me suis très vite mis dans l'optique de l'adapter. Pour cela, j'ai fait appe à Stephane Ly-Cuong, un auteur-réalisateur français issu de la deuxième génération viêtnamienne dont toutes les oeuvres parlent de la filiation, du déracinement et de la double-culture. C'était donc le partenaire parfait pour ce projet." Ainsi Koya Kamura co-signe son scénario avec Stephane Ly-Cuong remarqué dernièrement avec son premier long "Dans la Cuisine des Nguyen" Le cinéaste a pu compter sur son producteur Yoon Seok Nam, encore sur le terrain qui parlent français et coréen et a pu aider aux traductions...

A Sokcho, petite station balnéaire de Corée du Sud, Soo-Ha, 23 ans, mène une vie routinière entre les visites à sa mère, marchande de poissons, et sa relation avec son petit-ami, Jun-Oh. L'arrivée d'un français, Yan Kerrand, dans la petite pension où travaille Soo-Ha réveille des questions existentielles. Tandis que l'hiver s'installe, Soo-Ha et ce français énigmatique vont s'observer, puis tenter de communiquer... La jeune femme est incarnée par Bella Kim pour son premier rôle au cinéma, et fait donc face au frenchy Roshdy Zem choisit par le cinéaste après l'avoir vu dans "Roubaix, une Lumière" (2019) de Arnaud Desplechin, et vu depuis dans "La Fille au Bracelet" (2020) de Stephane Demoustier, "L'Innocent" (2022) de et avec Louis Garrel ou "Une Affaire d'Honneur" (2023) de et avec Vincent Pérez. Autour d'eux citons des acteurs débutants ou amateurs dont Park Mi-Hyeon, Ryu Tae-Ho aperçu dans "Souvenir" (2008) de Im Kwon-Taek, Gong Do-Yu ou Jung Kyung-Soon... Dés le départ au vu du speech on s'attend évidemment à la thématique de la filiation avec la quête du père, le métissage inhérent et une révélation attendue via le personnage de ce français qui arrive dans la pension coréenne. L'immersion au sein de la petite pension est savoureuse, avec des personnages bien croqués dont le patron surtout, et cet atmosphère très sobre et austère où le tourisme semble être une aventure solitaire et mélancolique. On est assez surpris par cet environnement qui semble si peu empreint de joie ou de bonheur, et qui semble ainsi un contexte idéal pour un artiste qui cherche l'inspiration.

Le jeu du chat et de la souris entre Soo-Ha/Kim et l'artiste français/Zem s'avère très vite un jeu de dupes, on s'interroge de plus en plus sur les raisons véritables du français pour venir dans cette pension très modeste, on pense deviner le pourquoi du comment, puis on se dit que l'art va prendre une importance capitale. Puis finalement, petit à petit on comprend que rien ne va se dérouler comme prévu ou comme attendu, mais pas pour le meilleur au contraire. Les interludes animés, sensés incarner les pensées et/ou les émotions de Soo-Ha, sont d'un graphisme aussi simpliste que primaire et surtout, n'ont pas de lien visuel ou graphique avec l'art du français ce qui peut paraître incohérent puisque ces songes animés débutent et sont visiblement inspirés justement par le français à partir du moment où Soo-Ha l'espionne. Mais ce point reste très subjectif. Par contre, de façon plus concrète, on s'aperçoit que le fil conducteur est bel et bien le manque affectif paternel de Soo-Ha... ATTENTION SPOILERS !... et par là même on comprend que le français n'est pas le père, que ce personnage est finalement pas très intéressant, n'est qu'un paramètre parmi tant d'autres et donc la présence de Roshdy Zem ne change pas grand chose... FIN SPOILERS !... Le plus intéressant n'est donc pas la star française et son personnage, mais la relation entre Soo-Ha et sa mère biaisé par un secret qui ne paraît pas si essentiel que ça (sur le fond qu'est-ce que ça change ?!). Le film est un joli portait d'une jeune femme qui cherche sa place, et c'est là l'unique point intéressant avec une belle révélation, le reste est anecdotique. Une petite déception.

 

Note :                 

11/20
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