La Fille d'un Grand Amour (2025) de Agnès de Sacy

par Selenie  -  9 Janvier 2025, 16:55  -  #Critiques de films

Premier long métrage de Agnès de Sacy, jusqu'ici scénariste connue et reconnue par exemple sur "Les Jeunes Amants" (2022) de Carine Tardieu, "Les Amandiers" (2022) de Valeria Bruni-Tedeschi ou "Flo" (2023) de Géraldine Danon pour les plus récents. En fait c'est le réalisateur Philippe Godeau, pour qui elle a écrit sur le film "11.6" (2013), qui l'a poussé à passer derrière la caméra. La cinéaste a décidé de reprendre comme base son court métrage documentaire (1992) de ses fins d'études à la Fémis où elle suivait ses propres parents divorcés depuis quinze ans, et qu'elle questionnait. Des parents qui se remarièrent trois ans après et ce malgré l'homosexualité refoulé du père. La réalisatrice-scénariste co-écrit son scénario en collaboration avec deux confrères, Michel Spinosa pour qui elle a co-écrit "Son Epouse" (2013), puis avec Gilles Taurand qui a écrit dernièrement "Grand Marin" (2022) de Dinara Droukarova, ou "Le Temps d'Aimer" (2023) de Katell Quillévéré... Ana et Yves se sont aimés passionnément puis se sont séparés. Des années plus tard, leur fille, Cécile, réalise un documentaire sur leur relation. Ils se revoient à cette occasion. Toujours marqués par leur amour passé ils vont alors chercher un chemin pour revenir l'un vers l'autre... 

Le couple est incarné par Isabelle Carré vue ces derniers mois dans "Et plus si Affinités" (2024) de Olivier Ducray et Wilfried Meance, "Le Larbin" (2024) de Alexandre Charlot et Franck Magnier et "Prodigieuses" (2024) de Frédéric et Valentin Potier, et retrouve après "La Guerre des Lulus" (2023) de Yann Samuell son partenaire François Damiens vu dernièrement dans "Sous le Vent des Marquises" (2024) de Pierre Godeau justement co-écrit apr Agnès de Sacy, "L'Art d'être Heureux" (2024) de Stefan Liberski et "Le Procès du Chien" (2024) de Laetitia Dosch. Leur fille est jouée par Claire Duburcq aperçue dans "1917" (2019) de Sam Mendes et remarquée dans "Le Vourdalak" (2023) de Adrien Beau ou "Conann" (2023) de Bertrand Mandico. Citons ensuite Marc Bodnar apparu dans "Comme des Rois" (2018) de Xabi Molia ou "La Nuit du 12" (2022) de Dominik Moll, et retrouve après "Coup de Chaud" (2015) de Raphaël Jacoulot l'acteur Mostéfa Djadjam qui retrouve Agnès De Sacy après son propre film "Frontières" (2002), Cédric Appietto vu dans "Annie Colère" (2022) de Blandine Lenoir, "Le Retour" (2022) de Catherine Corsini ou "Borgo" (2023) de Stephane Demoustier, Guilaine Londez vue notamment dans "Oranges Sanguines" (2021) de Jean-Christophe Meurisse ou "Juste Ciel !" (2022) de Laurent Tirard, Bruno Raffaelli vu entre autre dans "Mascarade" (2022) de Nicolas Bedos ou "Le Comte de Monte Cristo" (2024) de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, puis enfin Pascal Bonitzer d'abord réalisateur qui retrouve donc sa scénariste de trois de ses films dont "Cherchez Hortense" (2012)... Le film débute avec le documentaire de la fille, qui déclenche logiquement quelque chose d'inattendu, comme un accident mais qui est en fait désiré à l'insu de leur plein gré, on parle là des parents séparés qui se retrouvent sans vraiment oser exprimer ou expliquer les choses. Alors que leur fille semble avoir réaliser son documentaire comme un simple devoir scolaire, sans aucune arrière-pensée, son oeuvre a priori inoffensive est pourtant le point de départ d'un renouveau, d'une renaissance que ni la fille ni ses parents n'avaient prévu.

Les parents se retrouvent donc, en cachette, sans le dire à leur fille alors que pourtant il ne s'agit finalement qu'un week-end entre adultes responsables qui restent assez proches comme des amis. Entre les témoignages entendus dans le documentaire de leur, les petites discussions en aparté au sein d'un couple qui n'est plus, force est de constater que cette femme et cet homme s'aime même si ce n'est pas le couple idéal tel qu'on peut l'entendre, tel qu'eux-mêmes auraient pu l'imaginer. On s'agace un peu au début quand le couple semble faire tout un pataquès d'un détail... ATTENTION SPOILERS !... Depuis quand une veste cintrée empêcherait-elle de porter aussi un corsage bleu ?! Par là même, pourquoi la fille se braque quand elle apprend le remariage de ses parents ?!.. FIN SPOILERS !... Un point de détail sur lequel la réalisatrice insiste un peu bêtement dans la première partie. Mais le couple est formé d'un duo au diapason, dans un bel équilibre avec une Isabelle Carré émouvante en femme qui aimerait aussi vivre sa vie, sexuelle notamment, et un François Damiens magnifiquement sobre et touchant. La construction narrative permet aussi de comprendre les failles d'un homme qui est (mal-)heureusement tombé amoureux d'une femme, et vice versa, comme l'exemple à la fois triste et beau que l'amour a ses raisons que la raison ne connaît pas. Agnès de Sacy signe un très joli film qui, s'il reste un bel hommage à ses parents, est aussi et surtout un film sur l'amour véritable qui peut être aussi sincère que bancal. Un bon moment.

 

Note :                 

14/20
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