La Chambre d'à Côté (2025) de Pedro Almodovar

par Selenie  -  9 Janvier 2025, 15:27  -  #Critiques de films

Nouveau long métrage de Pedro Almodovar (juste après la mort d'une de ses muses Marisa Paredes), réalisateur espagnol majeur auquel on doit quelques bijoux comme "Talons Aiguilles" (1991), "Tout sur ma Mère" (1999), "Volver" (2006) ou "Julieta" (2016), un nouveau projet qui fera date puisque c'est aussi et pourtant le premier film du cinéaste tourné  aux Etats-Unis en langue anglaise. Pour ce projet le réalisateur-scénariste adapte le roman "Quel est donc ton tourment ?" (2020) de Sigrid Nunez où deux amies vont aborder des thématiques comme le remords, la rédemption ou la mort. Avec ce film Almodovar est lauréat du Lion d'Or à la Mostra de Venise 2024... 

 

Ingrid et Martha, amies de longue date, ont débuté leur carrière au sein du même magazine. Ingrid est devenue romancière à succès, et tandis que Martha est devenue reporter de guerre leurs chemins se sont séparés au fil des ans. Ingrid a si peur de la mort qu'elle a écrit sur le sujet dans son dernier roman, et dans le même temps apprend que Martha est mourante et décide donc de renouer le contact... 

Martha est interprétée par Tilda Swinton vue dernièrement dans "Eternel Daughter" (2023) de Joanna Hogg, "Asteroid City" (2023) de Wes Anderson ou "The Killer" (2023) de David Fincher, tandis que Ingrid est jouée par Julianne Moore vue récemment dans "Cher Evan Hansen" (2021) de Stephen Chbosky ou "May December" (2024) de Todd Haynes, les deux actrices retrouvent respectivement leur partenaire John Turturro après "Pinocchio" (2022) de Guillermo Del Toro, puis avec la second après "The Big Lebowski" (1998) des frères Coen et "Gloria Bell" (2018) de Sebastian Lelio, l'acteur a aussi signé son propre film avec "The Jesus Rolls" (2020) et participé au blockbuster "The Batman" (2022) de Matt Reeves. Citons ensuite Alessandro Nivola vu dans  "L'Etrangleur de Boston" (2023) de Matt Ruskin et "Kraven the Hunter" (2024) de J.C. Chandor, Juan Diego Botto vu entre autre dans "1492 : Christophe Colomb" (1992) de Ridley Scott, "Dancer Upstairs" (2002) de John Malkovich ou "The Suicide Squad" (2021) de James Gunn, Raul Arevalo qui retrouve son réalisateur après "Les Amants Passagers" (2013) et "Douleur et Gloire" (2019) et vu aussi dans "Balada Triste" (2010) de Alex de La Iglesia, "La Isla Minima" (2014) de Alberto Rodriguez ou "Oro" (2017) de Agustin Diaz Yanes, Alex Hogh Andersen apparu dans "A War" (2015) de Tobias Lindholm ou "Et le Ciel s'assombrit" (2021) de Ole Bornedal et surtout remarqué dans la série TV "Vikings" (2016-2021), Melina Matthews aperçue dans "Realive" (2018) de Mateo Gil ou "Competition Officielle" (2022) de Mariano Cohn et Gaston Duprat, puis enfin Bobbi Salvor Menuez aperçu dans "Nocturnal Animals" (2016) de Tom Ford ou "Under the Silver Lake" (2018) de David Robert Mitchell... On peut lire que ce premier film anglophone de l'espagnol se situe entre Douglas Sirk et Woody Allen, ce qui n'est pas complètement faux mais en y retirant un scénario digne de ce nom, en y ajoutant des dialogues vains voir snobs et en omettant a minima une véritable intrigue. En passant à la langue anglaise avec un casting anglophone le cinéaste espagnol semble avoir oublié son amour des couleurs chatoyantes, des histoires alambiquées et riches de sens et de symboliques, de personnages complexes et/ou ambigus pour un récit linéaire, simple et simpliste.

Au départ on aime ses deux amies qui se retrouvent en un moment difficile, jouées par deux actrices d'exceptions. Une atmosphère pesante s'instaure, pas morbide encore mais on s'y approche, quelques flash-backs qui paraissent anodins, et la requête pour l'euthanasie qui ouvre les portes d'un drame psychologique ou d'un thriller qui ne se dévoile pas encore. L'histoire se met en place doucement puis on se demande quand est-ce qu'il va réellement se passer quelque chose, quand est-ce que le rebondissement ou la révélation ultime va arriver. La thématique de l'euthanasie est toujours empreint d'émotion et ne peut que toucher tout le monde, en filigrane d'autres sujets se greffent vite fait bien fait (la guerre c'est horrible,,la vie passe vite, c'est dur d'être une mère "moderne"... etc...) mais ça reste qu'effleuré et donc très superficiel. L'émotion a bien du mal à s'éveiller, pas aider d'ailleurs par deux amies, incarnées certe de façon juste et sobre par deux magnifiques actrices, mais trop bourgeoises égocentriques pour amener à l'empathie. Puis arrive la fin alors qu'on s'attendait à un truc en plus pour ouvrir un dernier acte, mais non. Finalement la frustration d'un film inachevé amène à la frustration d'un film très anecdotique qui nous laisse de marbre. Tout ça pour ça... 

 

Note :                 

09/20
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