Décès de Arthur Penn

par selenie  -  29 Septembre 2010, 22:43  -  #Décès de star - Bio

Nous avons appris cet après-midi le décès d'un grand cinéaste. Arthur Penn est mort dans la soirée du 28 septembre 2010 entouré de sa famille.

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Né en 1922 en Pennsylvanie il débute d'abord sur scène, au théâtre des armées pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il entre ensuite à la NBC à la fin des années 40. Il lui faut attendre 1953 pour qu'on lui offre de réaliser plusieurs épisodes pour la télé notamment les séries "The philco television playhouse" et "Goodyear television playhouse".

Son expérience acquise sur les plateaux télé lui donne l'occasion de passer enfin derrière la caméra pour le septième art...

Le Gaucher

"Le gaucher" (1958) où il revisite le mythe Billy the Kid joué par un Paul Newman alors en pleine ascension. A une époque où le western est un genre majeur et très codifié Arthur Penn y instille une dose de psychologie. Premier film premier coup de maitre (photo ci-dessus).

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Son second film (photo ci-dessus) est plus ambitieux et institue ses thèmes de prédilection comme l'illusion du rêve américain. "Miracle en Alabama" (1962) raconte le difficile apprentissage d'une fillette aveugle, sourd et muette. Une éducatrice (Anne Bancroft oscarisée pour ce rôle) va devoir lutter contre l'hostilité à ses méthodes et donc aux préjugés. Patty Duke qui joue Helen, la fillette gagne aussi l'Oscar pour le second rôle et Arthur Penn est nommé pour sa réalisation. A noter que Arthur Penn mit en scène cette oeuvre à Broadway quelques années plus tôt.

C'est alors qu'on lui propose de réaliser "Le train" produit et interprété par Burt Lancaster. Mais l'entente avec la star ne fut pas au beau fixe et ce dernier le remplaça au pied levé par John Frankenheimer... Vu le résultat déjà superbe on ne peut qu'imaginer le chef d'oeuvre si ça avait été Arthur Penn !

Il poursuit avec "Mickey One" (1965) où il fait tourner Warren Beatty. Ce dernier joue un acteur comique qui doit fuir pour échapper à la mafia. Film le moins connu du réalisateur, boudé par la critique à l'époque ce film était avant tout une dénonciation de la paranoïa ambiante pendant cette époque aux Etats-Unis. Film à découvrir si possible donc.

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Après cet échec Arthur Penn réalise ce qui reste aujourd'hui mon film préféré... "La poursuite impitoyable" (1966) ; Bobby (Robert Redford alors inconnu) s'évade de prison et revient dans sa ville natale. Mais il revient en fin de week-end où soirées et beuveries déshinibent et vont déclencher un déferlement de violence, la traque commence... Le film (photos ci-dessus et ci-dessous) donne une description très peu glorieuse de la classe moyenne et bourgeoise américaine, entre bien pensant, racisme et intolérance Arthur Penn tape aussi fort que le lynchage d'une rare violence du shériff "Marlon Brando génialissime).

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Malgré la déception de Arthur Penn après le montage effectué par le producteur Sam Spiegel ce film reste un chef d'oeuvre. A noter le casting impressionnant, des vétérantes Angie Dickinson et Miriam Hopkins aux jeunes loups comme Robert Duvall et Jane Fonda.

La consécration arrive peu de temps après. Warren Beatty pense à Arthur Penn pour réaliser une de ses productions...

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"Bonnie and Clyde" (1967) regroupe toute la quintessence de la mise en scène de Arthur Penn. Le film (photos ci-dessus et ci-dessous) choqua à l'époque par sa violence mais aussi et surtout pour le point de vue trop glamour du célèbre couple.

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Quelques anecdotes : Warren Beatty n'était pas convaincu par faye Dunawaye avec qui l'entente fut tendue, c'est Jane Fonda qui était envisagé mais elle refusa, le film fut tourné sur les lieux exacts des méfaits... Il est amusant aussi de noter que la chanson homonyme de Gainsbourg sortit au même moment et que le film sortit en France un mois avant Mai 1968.

Ne perdant pas ses objectifs et ses thèmes récurrents Arthur Penn réalise ensuite un film plus atypique. "Alice's Restaurant" (1969) est tirée d'une histoire vraie vécue en 1965 par Arlo Guthrie (célèbre musicien anti-viêt-nam) que ce dernier avait mis en chanson en 1967 "Alice's restaurant massacree" ; anecdote : Arlo et un ami avaient jeté des poubelles en bas d'une rue mais il furent arrêtés. Ils furent condamnés à ramasser les poubelles et à payer une amende. Ensuite, lors d'une visite d'aptitude militaire il a été jugé inapte pour l'armée à cause de sa condamnation. Le film comme la chanson est donc un plaidoyer anti-militariste où est dénoncé les aberrations tels que le système de recrutement.

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Après ce film Penn réalise une sorte d'épopée fantasmée. "Little big man" (1970) raconte la vie d'un homme blanc centenaire qui revient sur sa vie multiple et pleine de rebondissements. Le film (photo ci-dessus) commence comme une comédie où un vieux facétieux se moque de son auditoire avant de basculer petit à petit dans le drame. Oeuvre originale qui bascule du loufoque au sérieux avec un naturel culotté. Dustin Hoffman y est juste génial. Un film atypique qu'il faut absolument avoir vu.

Après ce film à grand spectacle Penn attend 5 ans avant de réaliser "La fugue" (1975) pour lequel il retrouve Gene Hackman qui jouait dans "Bonnie and Clyde". Un privé, Harry retrouve une fille disparue sur une ile, plaque tournante du trafic de stups. Après cette découverte Harry remet en question sa vie et ses convictions... Le film n'est pas une complète réussite, il semble que Penn n'a pas su aller au fond de son idée et le film retombe parfois dans un polar classique. Le désenchantement du privé était pourtant la base. Un film original, voir bizarre mais bancal.

Missouri Breaks

Tout de suite après Penn enchaine avec un western pour lequel il retrouve Brando. "Missouri Breaks" (1976) sonne la glas de l'ouest mais aussi de son réalisateur qui réalise ici son dernier vrai bon film (photo ci-dessus). Un ancien voleur de bétail rangé des affaires doit lutter contre son voisin qui a engagé un tueur. L'histoire est banale (rare chez Penn) mais la mise en scène presque lancinante (il y a même un peu de spaghetti là-dedans) et le face à face Brando-Nicholson en font un western qui clos la boucle avec "Le gaucher". Brando cabotine et Nicholson est plus sobre.

Toujours dans la dénonciation de l'American way of life il réalise "Georgia" (1982). Un émigré yougoslave et ses deux amis sont tous trois amoureux de Georgia. Un film nostalgique et mélancolique, voir même pessimiste. Un film méconnu malheureusement. Le vrai bémol reste sans doute l'interprétation, les acteurs ne sont pas tous très bons et manquent de présence.

Le déclin est vraiment là, ça se confirme avec "Target" (1985). Gene Hackman joue un ex de la CIA dont la femme est enlevée. Il va alors tout faire pour la retrouver avec l'aide de son fils (Matt Dillon) avec qui il ne s'entend pas... Le film est beaucoup trop classique et manque cruellement de personnalité. Passant de l'action (les meilleures scènes) à l'intime où petit à petit père-fils se rapprochent (tant attendu). En tous cas on sait sur quel film Besson a pompé pour son "Taken".

Suivent "Froid comme la mort" (1986), "Le portrait "(1993) et "Inside" (1996)... Tous trois des films insipides comparés aux années 58-76.
 
Arthur Penn annonce un renouveau à Hollywood. Il est en rupture avec le style obsolète du cinéma américain selon lui. En cela il est dans le même bateau de la Nouvelle Vague. Il fut l'un des réalisateurs les plus doués de sa génération et en tous cas l'un des plus subversifs. Arthur Penn a préparé le terrain pour la génération des seventies comme Shatzberg et Friedkin.
 
Le réalisateur  Arthur Penn est mort

Arthur Penn avait reçu un Ours d'Or pour l'ensemble de sa carrière lors de la 57ème cérémonie du festival de Berlin en 2007 (photo ci-dessus).



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W
En fait, "Froid comme la mort" est son dernier film de cinéma. Les suivants sont des téléfilms. A part ça, bon article, très complet.
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E
décidemment, la faucheuse fait très mal depuis quelques mois. Très grand réal ! Sinon tout à l'heure, j'ai appris la mort de Tony Curtis.
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