Décès de Pierre Schoendoerffer
Le cinéma français encore en deuil moins de 24 heures après celui de Michel Duchaussoy. Nous apprenons aujourd'hui le décès du réalisateur Pierre Schoendoerffer à l'âge de 83 ans.
Né en 1928 dans le Puy-De-Dômet Pierre Schoendoerffer est pensionnaire au lycée technique de Annecy pendant la guerre 39-45. C'est pendant ces années qu'il lit beaucoup et notamment "Fortune carrée" de Joseph Kessel qui est une révélation pour lui.
Malgré qu'il n'est jamais vu la mer il décide de devenir marin et s'engage à 19 ans sur un cargo suédois de marine marchande. Après un certain temps il change de cap et décide de devenir cinéaste, mais sans relation il s'engage dans le Service Cinématographique de l'Armée en 1952. Il part alors pour l'Indochine, un pays qui va le passionner. Il sera fait prisonnier à la bataille de Diên-Biên-Phu ; un cinéaste russe Roman Karmen (qui travaille pour la propagande russe) fera en sorte qu'il soit épargné mais ses pellicules ne peuvent pas être sauvées.
Après son retour en métropôle la gauche et surtoutles communistes lui reprocheront son engagement pour l'Indochine.
Il devient ensuite reporter pour des magazines américains et pour Paris-Match. On le voit alors sur la plupart des conflits comme la révolution marocaine en 1955 et la guerre d'Algérie.
Il coréalise un premier film avec Jacques Dupont, ce sera "la passe du diable" (1958) d'après un scénario de Joseph Kessel. Suivra "Ramuntcho" (1959) et "Pêcheurs d'Irlande" (1959) d'après Pierre Loti.
Ensuite il tourne de nombreux documentaires pour la télévision et se met à l'écriture. Il écrit un premier roman en 1963 sur ses souvenirs d'Indochine "La 317ème section" (photos ci-dessus et ci-dessous)... Qu'il adaptera lui-même pour le grand écran en 1965 avec Bruno Cremer en t^te d'affiche. Il obtient le Prix du Meilleur Scénario au Festival de Cannes 1965.
Il réalise un documentaire au Viêt-nam avec l'armée américaine, "La section Anderson (1967) obtiendra l'Oscar du Meilleur Documentaire ; Oliver Stone avouera s'être inspiré (entre autre) de ce film pour "Platoon".
Il retrouve Bruno Cremer pour un second film "Objectif 500 millions" (1966) avant d'écrire son second roman en 1969 "L'adieu au roi" Prix Interallié... Qui sera adapté au cinéma par John Milius en 1989 ; ce dernier se servira également du roman pour inpiration lorsqu'il écrira le scénario de "Apocalypse Now" de FF Coppola.
Après quelques années discrètes il sort le roman "Le crabe-tambour" en 1976 et il réalisera le film (photo ci-dessus) l'année suivante avec notamment Jean Rochefort et Jacques Dufilho. Un tournage effectué sur un véritable navire de guerre, l'escorteur d'escadre Jauréguiberry. Le film obtiendra 3 Césars (Meilleur acteur, Meilleur second rôel et Meilleur photographie).
Il repart en écriture avec le roman "Là-haut" (1981) qu'il adaptera lui-même seulement en 2004 sur lequel il retrouvera Jacques Dufilho.
Il réalise "L'honneur d'un capitaine" (1982) sur les tortures pendant la Guerre d'Algérie via un procès en diffamation.
Il reprend quelques années "sabbatiques" avant d'offrir un grand film autobiographique, "Diên-Biên-Phu" (1992). Oeuvre magistrale dont la portée historique n'est pas dénuée d'intérêt.
Après un film un roman... Ce sera "L'aile du papillon" (2003) qui obtiendra deux prix littéraire, ceux de la Marine nationale et de l'Armée de terre.
Pierre Schoendoerffer est le petit-fils de l'architecte Paul Friesé, il est l'oncle de Patrick Chauvel (reporter, et réalisateur de documentaire) et il est le réalisateur de Frédéric Schoendoerffer lui aussi réalisateur ; ce dernier a d'ailleurs repris ce style presque de documentaire dans ses films.
Un grand homme de Lettres et de cinéma nous a quitté. Je ne peux que conseiller le documentaire "Pierre Schoendoerffoer la sentinelle de la mémoire" (2010) de Raphaël Millet.
Pierre Schoendoerffer est décédé ce 14 mars 2012 après des complications lors d'une opération à l'hôpital militaire Percy à Clamart.