La Religieuse (2013) de Guillaume Nicloux
Courageux Guillaume Nicloux de se lancer dans une seconde adaptation du roman (1796 posthume) de Denis Diderot, après le film de Jacques Rivette "Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot" (1966 - année de naissance de Nicloux soit dit en passant) ... On devine déjà que cette deuxième adaptation n'aura pas le soutien des Cahiers du Cinéma et de leurs sympathisants... Pourtant ne leur en déplaise la version de Nicloux est un poil au-dessus...
La première chose qu'on remarque c'est l'intemporalité des lieux, si l'histoire se déroule en 1765 les couvents restent des lieux neutres, à la fois on ressent le froid mais jamais l'austérité. Par contre il est peut-être dommage que Nicloux n'ait pas mis plus en valeur le couvent comme personnage à part entière. Les chants liturgiques sont parfois un calvaire, nécessaires pour nous plonger dans le milieu mais assez désagréables. L'interprétation reste le vrai point fort du film avec un casting hétéroclyte mais au final terriblement judicieux. Entre la mère méchante (étonnante Louise Bourgoin) et la mère perverse (Isabelle Huppert habitée) on retrouve la jeune Pauline Etienne (déjà vue dans "Le bel âge" en 2009 aux côtés de Michel Piccoli) ; cette dernière apporte au personnage de Suzanne des nuances aussi nombreuses que subtiles qui sont le prolongement conforme au propos de Diderot. Car si "La religieuse" est anti-clérical il n'est nullement contre la foi personnelle et intime de l'être. En cela le pamphlet est aussi un appel à la révolte pour la Liberté, un combat contre la résignation.
Note :