Mandela : un long chemin vers la liberté (2013) de Justin Chadwick
L'icône anti-Apartheid Nelson Mandela méritait bien un vrai biopic, son décès récent (05 décembre dernier) apporte à la fois une publicité bien et mal venue mais il faut bien avouer que ça apportera un minimum de spectateurs enplus et une aura à l'insu de son plein gré au film, outre la qualité intrinsèque au film. Adapté des mémoires de Nelson Mandela lui-même ("Un long chemin vers la liberté") c'est aussi ce dernier qui a souhaité que le film soit de nationalité sud-africaine en apportant les mémoires au producteur Anant Singh. Il est difficile de parler d'un tel film après la disparition de son héros il y a si peu de temps, à croire qu'il a décidé de nous quitter après cette dernière oeuvre. Le réalisateur s'est révélé dans le film historique "Deux soeurs et un roi" (2008), au vu de son passif un peu juste il avait là un projet ambitieux qu'il a su tenir. Car le film retrace 70 ans d'une vie riche qu'il a fallu condenser en 2h20 à peine. Et c'est là le premier bémol, pour un tel destin 15-20 min en plus n'auraient pas été un scandale. En effet le scénario a des trous béants...
L'enfance jusqu'à l'âge adulte (23 ans) est juste bâclée (5mn max) alors que son départ du village était riche d'enseignement (il luttait au début contre les traditions pesantes de son peuple les Xhosas), son exil en Algérie en 1962 pour s'entrainer à la guérilla est passé sous silence, l'école dite Mandela en prison n'est pas effleuré comme le symbole fort du poème Invictus... Comme certains faits historiques erronés... il semble qu'il n'ait été avocat qu'après son adhésion à l'A.N.C., son arrestation s'est faitte quelques mois avant ses compagnons et en tenue de chauffeur, lors du procès il y a eu un acquitté Lionel Bernstein, sa femme Winnie le revois en 79 et non en 85... La fin, la relation avec ses co-détenus disparait d'un seul coup, étonnant... Bref, même si il est évident qu'il faut faire des choix il manque des choses essentielles... Néanmoins, le film n'a pas que des défauts loin de là. Le couple Mandela est magnifiquement incarné par Idris Elba et Naomie Harris. Idris Elba est un Mandela idéal, sans chercher le mimétisme, tout en justesse, juste un petit bémol au maquillage parfois trop cireux. Naomie Harris est une Winnie épatante, forte, à la fois touchante et rageuse. Leur interprétation n'est pas pour rien à la qualité d'ensemble du film. Un beau et bon biopic, qui sera salué comme un très grand film par raisonnance au décès récent du très grand homme. Objectivement, sans l'écho du deuil ce film serait sans doute un simple bon biopic, classique et bien fait avec un angle pourtant unilatéral (mémoires oblige). Subjectivement on ne peut fermer les yeux en cette période sur ce grand homme et ce film nous offre une occasion de parfaire un peu de pédagogie dans un film qui reste prenant et tragique.
Note :