The killer (1989) de John Woo
Bien qu'il tourne ses propres films depuis "Les Jeunes Dragons" (1974) le réalisateur John Woo a dû attendre plusieurs années avant de connaître enfin le succès. D'abord grâce au soutien du producteur Tsui Hark, lui-même réalisateur à succès "Zu, les Guerriers de la Montagne Magique" (1983) et "Shanghai Blues" (1984). Jon Woo arrive enfin au sommet du box-office avec le dyptique "Le Syndicat du Crime" (1986-1987), et dont d'ailleurs le n°3 sera réalisé par Tsui Hark. John Woo écrit un scénario inachevé quand le tournage débute mais il est sûr d'une chose, c'est de signer un polar sur l'honneur et l'amitié et pour cela il avoue s'être inspiré de "Narazumono" (1964) de Teruo Ishii, "Mean Streets" (1973) de Martin Scorcese et surtout de "Le Samouraï" (1967) de Jean-Pierre Melville dont il reprend d'ailleurs le prénom du héros, Jeff : "J'ai toujours pensé avoirbeaucoup de points communs avec Jean-Pierre Melville. C'est un tigre silencieux, un romantique désespéré. Pour lui, les idées de justice et d'amitié passent plus haut que tout le reste. Durant toute ma jeunesses, ses personnages m'ont aidé à traverser bien des épreuves. C'est un maître." Le film connaît un succès considérable, et surtout permet une reconnaissance critique internationale pour le réalisateur avec en prime un doublé aux Hong Kong Film Awards dont le meilleur réalisateur et le meilleur montage. Malgré tout la violence du film (120 morts à l'écran) lui barre la route dans de nombreux pays, soit par une censure totale (jamais sorti en Suède, seulement en 1995 en France !) et sinon des interdictions au moins de 18 ans (la plupart des pays d'Europe)... Jeff est tueur à gage. Lors de son dernier contrat il blesse accidentellement une chanteuse de bar, Jennie. Il apprend qu'elle risque de devenir aveugle sans une opération onéreuse. Pour la financer il accepte une autre mission mais cette fois il se fait repérer par l'inspecteur Li ce qui pousse ses commanditaires à l'éliminer. Coincé entre l'inspecteur Li et ses anciens patrons Jeff va tout de même tout faire pour sauver Jennie...
Le tueur à gage est incarné par Chow Yun-Fat alors au sommet et retrouve ainsi son réalisateur après la saga "Le Syndicat du Crime" (1986-1989) et le retrouvera encore dans "Les Associés" (1991) et "A Toute Epreuve" (1992), puis retrouve après "City on Fire" (1987) de Ringo Lam son partenaire Danny Lee, acteur fétiche de Chang Cheh avec entre autre "La Légende du Lac" (1972), "Frères de Sang" (1973) ou "Le Chasseur d'Aigles" (1978), tandis que Jennie est jouée par Sally Yeh vue surtout chez Tsui Hark comme dans "Shanghai Blues" (1984), "Peking Opera Blues" (1986) et "The Banquet" (1991), retrouvant après ces deux derniers film son partenaire Kenneth Tsang qui retrouvera Chow Yun-Fat dans les films "Un Tueur pour Cible" (1998) de Antoine Fuqua et "Anna et le Roi" (1999) de Andy Tennant mais vu aussi dans "Le Syndicat du Crime" à l'instar de Shing Fui-On qui retrouve entre "Final Justice" (1988) de Parkman Wong et "Just Heroes" (1989) de Jon Woo l'acteur Danny Lee qui retrouve après son propre film "Patrouille de Sécurité" (1987) l'acteur Kwong Leung Wong qui retrouve aussi Parkman Wong acteur avant "Juste Heroes" (1989) et son propre film "Final Justice" (1988). Citons encore Chu Kong qui retrouvera Woo et Yun-Fat pour "Les Associés" (1991), à l'instar de Barry Wong, acteur fétiche de Sammo Hung, pour "A Toute Epreuve" (1992), puis enfin Yip Wing-Cho vu dans "Un Tueur dans la Nuit" (1985) de Phillip Chan Yan-Kin, "L'Héritier de la Violence" (1986) de Ronny Yu ou "Police Story 2" (1988) de Jackie Chan... Un hommage au "Samouraï" de Melville il paraît, mais faut sans doute plus que le prénom Jeff. La première chose est qu'on ne voit jamais en quoi John Woo rend hommage à Melville, ni même à Scorcese d'ailleurs. Le scénario est basique et on s'étonne toujours qu'un tueur à gage sans pitié soi soudain pris d'une irrépressible envie de faire le bien (pour une jeune et belle femme cela va de soit), quitte toutefois à massacrer tous les autres. La réputation du film est pourtant énorme, une réputation telle qu'on nous promet des gun fights parmi les plus mythiques du cinéma.
En effet, On a surtout la sensation qu'il n'y a que les scènes de flingage qui intéresse Woo. Puis il y a une idylle un chouïa sirupeuse, l'amitié "coup de foudre" entre le tueur et le flic vite fait bien fait, et surtout des références à la religion jusqu'à l'overdose (Scorcese aussi mais il est beaucoup plus subtil et reste cohérent avec son histoire), puis cette indigestion de ralentis à toutes les sauces et à tout moment sans aucune logique narrative ou style. On excusera sur les armes automatiques aux chargeurs inépuisables, un écueil courant alors. Par contre le pire reste sans doute la photographie, hideuse qui n'a clairement pas passé l'écueil du temps avec un grain grossier pas digne d'une telle production surtout quand on compare avec d'autres films de Hong-Kong contemporains. John Woo est considéré depuis comme un maitre dans le genre mais de nombreux réalisateurs asiatiques ont battu le "maître" depuis en premier lieu duquel Johnnie To. Un film surestimé qui ne vaut que par son statut de film culte et donc intéressant d'un point de vue purement cinéphile. Une curiosité.
Note :