Hombre (1967) de Martin Ritt
Juste après "L'Espion qui venait du froid" (1965) le réalisateur Martin Ritt retrouve pour la 6ème et dernière fois depuis "Les Feux de l'été" (1958) son acteur Paul Newman après que Joanne Woodward ait présenté le réalisateur à son tout jeune, beau et nouvel époux. Officiellement "Hombre" est adapté du roman éponyme de Elmore Leonard (à qui on doit aussi "Jackie Brown", "Hors d'Atteinte", "Be Cool"... etc...) ce western rappelle pourtant et surtout "Boule de Suif" (1879) de Guy De Maupassant qui avait déjà inspiré le chef d'oeuvre "La Chevauchée Fantastique" (1939) de John Ford. Martin Ritt voulait dénoncer le génocide amérindien en montrant l'ingratitude des blancs malgré le sacrifice d'un peau rouge.
Les blancs méprisent toujours les ethnies "différentes" quoi qu'elles puissent faire. Pour le parallèle avec le roman de Maupassant, on peut dire que la prostituée Boule Suif est ici le blanc élevé par les indiens Hombre, les prussiens sont les bandits tandis que le panel de voyageurs de la diligence symbolise les différentes couches sociales des blancs. La grande différence avec le film de Ford reste le propos politique de fond et le fait que Ritt est refusé le Happy End marquant ainsi son pessimisme. Martin Ritt signe un western âpre et avare de dialogues, évitant ainsi le trop explicatif Hombre (Paul Newman) interprétant un blanc élevé par les indiens qui se refusent à argumenter devant la bêtise et l'assurance des blancs. On peut s'interroger que le fait que, pourtant, les indiens soient quasi absents du film à l'exception des premières minutes. On sera donc plus intrigué par les génériques de début et de fin. Outre Newman ,on remarque au casting deux habitués du western avec Richard Boone et Cameron Mitchell, avec également la superbe Barbara Rush. Un western fataliste et assez sombre, sorte de "Boule de Suif" anti-racisme sans humour et pessimiste montrant surtout l'individualisme et l'égoïsme de nos semblables. Un très bon western qui aurait gagné à inclure des indiens dans le récit et à insister sur le huis clos de la diligence. Un des meilleurs films de Martin Ritt.
Note :