Sous le Ciel de Paris (1951) de Julien Duvivier

par Selenie  -  9 Octobre 2017, 08:35  -  #Critiques de films

Après ses chefs d'oeuvres  "La Bandera" (1935), "Pépé le Moko" (1937), "Panique" (1946) et "Anna Karénine" (1946), Julien Duvivier est un des plus grands cinéastes de son époque. En 1950 il a l'idée de ce film qu'on ne serait pas étonné d'avoir été inspiré par le film "La rue sans loi" (1950) de Marcel Gibaud. Il réalise et co-écrit le scénario avec René Lefèvre (acteur de son métier principal), un film choral où Paris serait au centre de l’Histoire, Paris comme personnage principal. Outre le duo Duvivier-Gibaud il est mis en place un narrateur en voix Off comme fil conducteur. Cette voix Off est composée de commentaires signés Henri Jeanson (alors un des plus prestigieux scénariste-dialoguiste avec à son actif des films comme "Hôtel du Nord" en 1938 de Marcel Carné et "Les Maudits" en 1947 de René Clément).

Un film choral avec une dizaine de personnages clés qui se croisent et s'entrecroisent de près ou de loin dans les méandres du Paris d'après-guerre. La voix Off est celle de l'acteur François Périer, il reste le seul "grand" acteur du casting puisque Duvivier à préféré avoir recours à des "inconnus" ou plutôt à des acteurs chevronnés mais qui sont souvent plus habitués aux seconds et troisièmes rôles. Un choix judicieux, d'abord parce que ça coûte évidemment moins cher mais aussi et surtout cela permet au spectateur de mieux s'identifier à autant de gens du "peuple". Donc si les noms ne vous disent pas grand chose, comme Brigitte Auber (dont son heure de gloire est, tout de même, d'avoir été la partenaire de Cary Grant dans "La Main au Collet" en 1956 de Alfred Hitchcock), René Blancard, Paul Frankeur, Daniel Ivernel, Christiane Lénier, Edmond Ardisson, Georgette Anys, Marcelle Praince, Robert Favart... etc... Dites-vous aussi que vous les avez déjà croisé maintes et maintes fois, au moins sur petit écran. Lors de la préparation du film, Henri Jeanson remarque Jean Dréjac qui chante une chanson, "Chanson de Paris" dans une émission de Télé-Paris et en parle à Julien Duvivier pour le thème du film. Plus tard, retravaillé avec Dréjac aux paroles et Hubert Giraud à la musique cette chanson emblématique éponyme au titre du film, "Sous le Ciel de Paris" sera chanté dans le film par l'acteur-chanteur André Bretonnière. Hymne à la gloire de Paris, elle sera ensuite encore plus popularisée par des chanteuses comme Juliette Grieco (1951) et Edith Piaf (1954)... Duvivier est un acteur parisien comme Woody Allen et Martin Scorcese sont New-Yorkais comme le montre ses films dont on peut citer "Le Tourbillon de Paris" (1928) ou "Le mystère de la Tour Eiffel" (1928), "Au Bonheur des Dames" (1930) ou  "La Belle Equipe" (1936)... Cette fois le cinéaste Julien offre un vrai melting-pot parisien, un film particulièrement riche et dense, foisonnant de toutes parts et abordant divers sujets qui montrent Paris sous toutes les facettes.

Les personnages sont de toutes sortes et de tous niveaux social insistant aussi sur les provinciaux montant à la Capitale. Il passe d'une grève syndicaliste à une séance de photo Haute Couture (Christian Dior surtout qui signe les costumes du film), il oublie pas l'importance de l'Art à Paris mais aussi le côté obscur et la violence inhérente aux grandes villes, il met face à face pauvreté et richesse, le tout en montrant en arrière-plan le côté touristique de Paris. On visite ainsi, évidemment, les plus beaux lieux de la Capitale, mais sans oublier plusieurs passages moins connus. Duvivier soigne l'image, où la lumière colle au genre traversé car chaque personnage apporte logiquement son destin, heureux ou pas. Il y a de l'émotion avec la vieille dame en quête de lait et avec la petite fille qui pense avoir trouvé son pirate à elle, véritable titi parisien. Il y a la violence des faits divers, la tragédie et évidemment l'amour... Un puzzle de la vie parisienne que le narrateur suit en tournant littéralement la roue du destin... Un bien beau film, particulièrement intéressant et intelligent, à la fois hommage à la capitale et simples témoignages sur la vie de tous les jours. Un film qui a dû clairement inspirer d'autres films comme "Paris" (2008) de Cédric Klapish. A voir, à revoir et à conseiller.

 

Note :             

16/20

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