Que la Fête commence (1975) Bertrand Tavernier.
Entre "L'Horloger de Saint-Paul" (1974) et "Le Juge et l'Assassin" (1976) le réalisateur-scénariste Bertrand Tavernier se lance dans un énième film historique pendant la période dite de la "Régence" en prenant pour toile de fond la Conspiration de Pontcallec (tout savoir ICI). Le cinéaste retrouve une partie de son équipe de son précédent film dont son co-scénariste Jean Aurenche, un grand dans son domaine ayant notamment travaillé avec Claude Autant-Lara sur "Le Diable au Corps" (1947), "L'Auberge Rouge" (1951) et "La Traversée de Paris" (1956). Devant la caméra il réunit trois amis qui se retrouvent pour la première fois ensemble, Philippe Noiret (2ème des 9 films avec Tavernier), Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle. Les deux premiers se retrouvent après "L'Horloger de Saint-Paul", Marielle lui, retrouve la Bretagne en cette année 1975 après le succulent "Les Galettes de Pont-Aven" (1975) de Joël Seria. Les trois compères se retrouveront 20 ans après pour "Les Grands Ducs" (1996) de Patrice Leconte...
A noter que Philippe Noiret réincarnera Philippe d'Orléans 20 ans plus tard dans "Le Bossu" (1997) de Philippe De Broca. A leurs côtés il y a la belle Marina Vlady (dans le rôle titre de "La Princesse de Clèves" en 1961 de Jean Delannoy), on reconnaîtra les jeunes Daniel Duval, Nicole Garcia et une partie de l'équipe du Splendid avec Christian Clavier, Thierry Lhermitte, Michel Blanc et Gérard Jugnot. Dans la période 1718-1720 on suit donc le Régent et son conseiller l'Abbé Dubois alors qu'ils font face à une conspiration et qu'en coulisses se dessine également le scandale du système financier Law. Tandis que Pontcallec conspire, que Dubois gère l'état et surtout sa carrière, le Régent continue sa vie faite de libertinage et de désillusion. La grande réussite du film réside dans le fait que Tavernier signe une tragi-comédie moderne du pouvoir tout en étant un film historique particulièrement réaliste et fidèleaux faits. Les dialogues ciselés et les horreurs de part et d'autres côtoient la mascarade et les ambitions personnelles.
Il y a bien quelques erreurs mais elles restent très peu nombreuses. On notera par exemple le jeune Louis XV est à Versailles alors qu'il ne s'y rend en vérité pas avant 1722, ou quand Pontcallec utilise le mot "avatar" qui n’apparaît en France qu'au 19ème siècle... Mais la précision du reste est assez remarquable, le côté clownesque offrant un joli décalage pour montrer l'extravagance d'une époque et d'une société. Un grand film qui sera primé de 4 Césars pour Tavernier, Aurenche et Rochefort ainsi que pour les décors. Si l'humour est bien présent, il n'en demeure pas moins que le drame est toujours présent en filigrane. C'est bien ce mélange des genres qui donne au film ce cachet.
Note :