À l'Est d'Eden (1955) de Elia Kazan.

par Selenie  -  9 Avril 2018, 08:39  -  #Critiques de films

Adapté du célèbre roman éponyme (1952) de John Steinbeck (à qui on doit aussi les romans "Des Souris et des Hommes" en 1937 adapté en 39 et 92 respectivement par Lewis Milestone et Gary Sinise et, surtout, "Les Raisins de la Colère" en 1939 adapté en 1940 par John Ford), ce film, outre ses qualités intrinsèques, est entré dans la postérité grâce à la future légende James Dean... En effet, l'acteur est alors très peu connu, juste est-il apparu dans quelques films depuis 1951. Elia Kazan, réalisateur majeur à l'époque sortant tout auréolé du succès mondial de "Sur les Quais" (1954) avec Marlon Brando, recherche ses acteurs principaux, ayant d'abord pensé à un duo Marlon Brando et Montgomery Clift, il hésite entre deux débutants pour interpréter Cal, Paul Newman alors à l'affiche de son premier film dans "Le Calice d'Argent" (1954) de Victor Saville et James Dean qu'il a remarqué dans une pièce à Broadway. Pour l'anecdote, Newman est alors partenaire de Pier Angeli la petite amie de Dean à l'époque. C'est finalement ce dernier qui sera choisi pour son "animalité" plus prégnante et donc plus appropriée au rebelle Cal. Le rôle du frère Aron étant dévolu à Richard Davalos aperçu auparavant dans "La Peur au Ventre" (1954) de Stuart Heisler.

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A leurs côtés le père est interprété par l'expérimenté Raymond Massey, connu pour avoir incarné Abraham Lincoln par deux fois, dans "Abraham Lincoln" (1940) de John Cromwell et dans "La Conquête de l'Ouest" (1962) dans le segment signé John Ford, le shérif est joué par Burl Ives qui deviendra un géant avec les futurs chefs d’œuvres "Les Grands Espaces" (1958) de Wylliam Wyller, "La Chatte sur un Toit Brûlant" (1958) de Richard Brooks et "La Chevauchée des Bannis" (1959) de André De Toth, la fiancée de Aron interprétée par Julie Harris tout juste révélée dans "Une Fille comme ça" (1955) de Henry Cornelius et futur personnage principal dans "La Maison du Diable" (1964) de Robert Wise, la mère indigne est interprétée par Jo Van Fleet vue dans "La Rose Tatouée" (1954) de Daniel Mann, et qui croisera Paul Newman dans "Luke la Main Froide" ( 1967) de Stuart Rosenberg... Le titre est une référence directe à la Bible, plus précisément à la Genèse (4;16) : "Caïn se retira de devant l'Eternel, et séjourna dans le pays de Nôd, à l'est d'Eden"... Ce film n'est pourtant pas une adaptation intégrale puisque le récit se focalise uniquement sur la 4ème et dernière partie du roman (livre trop dense pour être adapté en intégral), ou comment un fils qui découvre que sa mère n'est pas morte tente de se faire aimer d'un père qui préfère son second fils. Avec ce rôle, James Dean rejoint les fils rebelles du Septième Art à l'instar d'un Gregory Peck dans "Duel au Soleil" (1946) de King Vidor ou Paul Newman dans "Le Plus Sauvage d'Entre Tous" (1963) de Martin Ritt. Premier film de Kazan qu'il tourne en Cinémascope couleur, et premier des trois films que porteront James au Firmament du Septième Art avec "La Fureur de Vivre" (1955) et le posthume "Géant" (1956).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le film débute sur une ouverture superflue pour un film de moins de 2h qu'on voit surtout dans des fresques à entracte comme "Autant en emporte le Vent" ou "Les 10 Commandements". Le récit débute sans coup férir dans une révélation qui nous plonge d'emblée dans les prémices d'une tragédie familiale. Pas d'explication d'un passé familial tabou, juste un fils qui cherche à se faire aimer de son père, et qui, par la force des choses, va agir sans réfléchir à ses actes. Dans un décor d'un Ouest qui se modernise le récit est biblique. Les enfants Adam et Cal sont les alter ego de Abel et Caïn, le père à l'est et la mère à l'ouest seraient donc plutôt symbole de l'enfer, elle qui a quitté sa famille pour ouvrir une maison close. Si le parallèle manque sans doute de finesse, il n'en demeure pas moins qu'il reste une récit universel où un fils rebelle et mal aimé doit se battre à sa façon face à un fils trop parfait lisse et obéissant. Un grand film aussi tragique que touchant qui, outre les nominations de Kazan et Dean, s'est vu primé d'un Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Jo Van Fleet, et d'un Prix du film dramatique au Festival de Cannes 1955. 

 

Note :              

18/20

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