La Femme Infidèle (1969) de Claude Chabrol.

par Selenie  -  7 Mai 2018, 08:43  -  #Critiques de films

Après le succès de "Les Biches" (1968) Claude Chabrol note que le talent de son actrice, muse et épouse Stéphane Audran est enfin reconnue, alors même qu'elle n'est plus dans un jeu spontané cher à la Nouvelle Vague mais dans un rôle de bourgeoise froide dite "pompidolienne". Chabrol dira d'ailleurs : "elle a eu de la veine, à l'époque pompidolienne, de correspondre assez bien à ce que je voulais montrer de la classe dominante... Elle en représente une idéalisation."...

C'est donc après ce succès que Chabrol décide d'explorer un peu plus cette facette de l'actrice en débutant une série de films aujourd'hui connus sous le nom de "Cycle Hélène", du prénom que Stéphane Audran prendra dans "Une Femme Infidèle", qui sera donc suivi de "Le Boucher" (1969), "La Rupture" (1970) et "Juste avant la Nuit" (1971)... Ce film est déjà le 10ème des 32 films que Stéphane Audran tourne sous la direction de Chabrol, et le reste de ses acteurs ne sont pas en reste puisque le cinéaste choisit des fidèles. Aux côtés de son actrice fétiche donc (bien avant Isabelle Huppert !) on retrouve le mari Michel Bouquet (3ème sur 6) et l'amant Maurice Ronet (3ème sur 4) tandis que Michel Duchaussoy (2ème des 6) interprète le commissaire. On suit donc un couple bourgeois, parents d'un jeune garçon, qui semble heureux dans leur quotidien routinier et aisé jusqu'au jour où le mari soupçonne son épouse de le tromper... Chabrol s'amuse dans la première partie à disséquer le quotidien de ce couple socialement bien installé, qu'il filme exagérément dans un style ennuyeux et routinier à l'image de ces bourgeois un peu trop guindés. Le film vire dans le policier quand un commissaire commence à leur rendre visite. Mais ce n'est nullement l'enquête, ni le côté polar qui intéresse ici Chabrol. Comme à son habitude il s'intéresse d'abord et avant tout à sa bourgeoisie qui tombe bientôt dans le fait divers.

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Ce qui intéresse Chabrol c'est ce lien entre époux, quand l'un et l'autre se devinent sans se parler, mais ont-ils su un jour le faire ?!... Outre le propos sur l'adultère (il n'empêche pas l'amour mais ne le sauve pas nécessairement non plus...) Chabrol signe aussi quelques scènes magnifiques dont un face à face époux-amant qui ne manque pas de piquant avec une performance courte mais d'une magnifique justesse de Maurice Ronet, ainsi qu'un plan final sublime. Un des meilleurs films de Chabrol, qui connaitra un remake médiocre avec "Infidèle" (2002) de Adrian Lyne... 

 

Note :               

15/20

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