Le Corsaire Noir (1976) de Sergio Sollima.

par Selenie  -  24 Avril 2018, 08:26  -  #Critiques de films

Sergio Sollima est surtout connu pour ses westerns spaghetti à l'instar des autres Sergio (Corbucci et Leone) avec ses films "Le Dernier Face à Face" (1967) et "Colorado" (1967) tous deux avec Lee Van Cleef. Après l'échec commercial du polar "La Poursuite Implacable" (1973) le réalisateur se relance à la télévision grâce au feuilleton "Sandokan" (1976) d'après le roman "Les Tigres de Mompracem" (1900) de Emilio Salgari. Le succès est tel que le cinéaste se relance sur grand écran avec un projet qui lui permet de limiter les risques, à savoir adapter un nouveau roman du romancier Salgari. Ce sera un film de pirates (sous-genre Pirates !) "Le Corsaire Noir" (roman de 1898) dont il signe le scénario avec Alberto Silvestri, lui-même spécialiste du spaghetti avec notamment "Poker d'As pour Django" (1968) de Roberto Bianchi Montero.

Pour le financement et grâce au succès de "Sandokan", le film devient une co-production franco-germano-italienne pour lequel il retrouve son équipe du feuilleton dont les deux rôles principaux joués par l'acteur indien Kabir Bedi et l'actrice française Carole André (fille de Gaby Andreu qui était déjà dans "Le Dernier Face à face"). A leurs côtés on retrouve un des plus grands has been de l'époque, la star Mel Ferrer qui est tombé dans le statut de guest star de luxe après son divorce d'avec Audrey Hepburn. L'acteur joue ici le super méchant. On suit donc les aventures vengeresses du corsaire Noir, qui cherche à se venger du noble flamand Van Gould qui a assassiné ses deux frères. D'abord précisons que le héros est notablement plus un pirate qu'un corsaire (nuance !). Mais surtout le tournage correspond à la mise en faillite de sa production d'où un manque cruel de moyen qui se ressent beaucoup. Mais pas que... Le soucis reste tout de même des choix aussi malheureux que maladroits dans la mise en scène. On sourit doucement à un acteur qui s'y remet à deux fois pour dégainer son sabre, on sourit encore aux trop nombreux gros plans sur les regards très profonds et insistants de notre pirate très très énervé, on sourit une nouvelle fois quand la fine lame du méchant est une sorte de viking qui se serait trompé de film, on sourit toujours plus sarcastique quant au niveau des dialogues à la grandiloquence qui touche au ridicule. Dans l'ensemble les scènes sont beaucoup trop surjouées, trop théâtrales, jusqu'aux séquences d'action où les coups sont portés de telle façon qu'on n'y croit jamais.

Il manque alors au film un côté autodérision et/ou satirique qui ajouterait du burlesque salvateur. Mais non, le film se prend justement trop au sérieux jusque dans sa dimension fantastique un peu inutile. Précisons qu'il faut déjà croire que le Corsaire Noir est bel et bien le frère des deux défunts (un minimum de cohérence physique !). Et pourtant Kabir Bedi ne manque pas de panache, Carole André est sublime et outre notre "viking" la reconstitution d'époque est plutôt juste. En prime, en arrière-plan une dénonciation de la colonisation solide (bien qu'on le doit à l'auteur du roman à la base). Malheureusement Sollima n'avait ni les moyens financiers ni l'inspiration (semble-t-il) pour signer un film de pirates digne de ce nom. Résultat, un film de pirates nanardesque et une curiosité avec un cachetonneur oublié (Mel Ferrer) et un couple qu'on préférera revoir dans "Sandokan"...

 

Note :         

06/20

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