Tomb Raider (2018) de Roar Uthaug.
Voilà un projet qu'on pourrait appeler communément "casse-gueule", à savoir donc le remake des films "Lara Croft : Tomb Raider" (2001) de Simon West et "Lara Croft : Tomb Raider, le Berceau de la Vie" (2003) de Jan De Bont tous deux avec Angelina Jolie, et tous deux adaptés des Jeux Vidéos cultes éponymes... 15 ans après voici donc un reboot (plutôt qu'un remake) qui a été dévolu à un réalisateur norvégien méconnu, Roar Uthaug, qui s'était fait remarqué avec le film d'horreur "Cold Prey" (2006) avant de signer "Dagmar, l'âme des Vikings" (2012) et le film catastrophe "The Wave" (2015). Si faire oublier les deux premiers était déjà une gageure, faire oublier Angelina Jolie était une autre problématique et force est d'avouer que le choix de Alicia Vikander pour la remplacer dans le rôle iconique de Lara Croft reste un choix discutable. Ne nous voilons pas la face, la plastique des deux actrices comparée aux fantasmes et à l'imaginaire dus aux Jeux Vidéos a son importance...
Alicia Vikander a étoffé son jeu et s'est façonnée un joli début de carrière de "Royal Affair" (2012) de Nikolaj Arcel à "Jason Bourne" (2016) de Paul Greengrass en passant par "Ex Machina" (2015) de Alex Garland et "The Danish Girl" (2016) de Tom Hooper, avec ce rôle l'actrice suédoise passe un cap et prend un virage qui risque de marquer durablement sa carrière. A ses côtés elle retrouve l'acteur Dominic West qui jouait déjà son père dans "Mémoires de Jeunesse" (2015) de James Kent, acteur qu'on a vu récemment dans l'excellent "The Square" (2017) de Ruben Östlund. On a le plaisir aussi de retrouver notre franglaise Kristin Scott-Thomas après "Les Heures Sombres" (2018) de Joe Wright, tandis que dans le rôle du méchant on retrouve Walton Goggins vu dans "Les Huit Salopards" (2016) de Quentin Tarantino et révélé par la série TV "The Shield" (2002-2008)... Pour relancer la franchise rien de plus simple que de repartir à zéro, on suit donc Lara Croft alors qu'elle n'est pas encore Tomb Raider. Une fille à papa qui va tenir une promesse et qui va petit à petit devenir une Indiana Jones au féminin et en plus badass. Papa laisse un testament que sa fille va transformer en quête personnelle. Rien de bien neuf dans un scénario cousu de fil blanc avec une héroïne badass à souhait, une guerrière qui va affronter un très très méchant. Ajouté à des décors exotiques et à beaucoup d'action et le tour est joué.
Et pourtant, l'évolution de la fille à papa en guerrière est un peu trop aisée, ou du moins beaucoup trop rapide. Et surtout, mine de rien, il manque ici d'un minimum d'érotisme, même de sensualité, elle est trop dans la démonstration de force à laquelle il manque un côté félin que Angelina Jolie avait. Une féminité en berne même si cela est compensé par une sensibilité plus présente chez l'héroïne et une émotion plus palpable dans l'histoire. En effet, quoi qu'on en dise, Lara Croft est pulpeuse et sexy dans l'inconscient collectif depuis les premiers jeux vidéos et si Alicia Vikander est mignonne, il manque un physique plus pulpeux et une mise en scène qui prend en compte ce paramètre. Sinon il faut bien avouer que l'actrice assure (elle a pris 10kg de muscles pour le rôle !) et donne de sa personne. On aurait apprécié une mise en valeur des paysages (pauvreté des décors), un méchant un cran au-dessus (à la fois moins caricatural et plus charismatique), des gunfights plus inventifs et un twist final moins convenu (même si pas dénué d'intérêt futur...). Malgré tout, ce reboot est un peu au-dessus des Angelina Jolie ce qui est déjà bon à prendre.
Note :