La Révolution Silencieuse (2018) de Lars Kraume.

Le film relate des faits réels, une de ces "petites révolutions" qui font les grandes à savoir 19 élèves de terminale en RDA (Allemagne de l'Est) qui se préparent au Bac et mettent en ébullition les hautes sphères après deux minutes de silence en parallèle de l'Insurrection de Budapest en 1956... Une sorte de grain de sable inqualifiable aux yeux des pontes du Parti Communiste au pouvoir... Le projet est adapté du livre "Das Schweigende Klasszimmer" (2007) de Dietrich Garstka, un des élèves, dont le titre français résume finalement assez bien le récit : "La Classe silencieuse : une histoire vraie de courage, de cohésion et de la guerre froide"... Le film est écrit et réalisé par Lars Kraume, un réalisateur étant passé (comme beaucoup d'allemands) par la série TV "Tatort" avant de passer sur grand écran notamment en signant "Fritz Bauer, un héros allemand" (2016).

Un projet qui permet au cinéaste de s'interroger sur l'histoire contemporaine allemande, à l'instar de son précédent film : "Au fond les deux films se demandent comment l'Allemagne a pu aller de l'avant après un tel cataclysme, comment le pays a tenté de se frayer un chemin, de cette terrible histoire vers un avenir nouveau."... Au casting peu d'acteurs connus, notons néanmoins la présence de Lena Klenke vue dans "Victoria" (2015) de Sebastian Schipper et de Ronald Zehrfeld vu dans "Barbara" (2012) et "Phoenix" (2015) tous deux de Christian Petzold... Pour le scénario Lars Kraume n'a pas voulu multiplier les points de vue (19 élèves) et s'éparpiller, le cinéaste s'est donc essentiellement basé sur le livre de Dietrich Gartstka, et en s'entretenant directement avec lui. Premier bon point, le réalisateur-scénariste a réussi tout de même à ne pas se focaliser sur un seul "héros" mais à laisser de la place à plusieurs protagonistes en élargissant même aux adultes. On appréciera notamment et surtout le personnage du directeur de l'école. On pense évidemment beaucoup au film "Le Cercle des Poètes Disparus" (1989) de Peter Weir dont le cinéaste a obligatoirement dû s'inspirer.

Mais le film de Kraume prend un peu le dessus à cause d'une base historique marquante et d'une évidente dramaturgie plus prégnante. Ou comment une simple classe d'écoliers tente de maintenir leur opinion face à la machine dictatoriale. Ou comment un gouvernement en proie aux révoltes prend peur d'un simple incident de deux minutes. Ou comment l'amitié et la cohésion sont toujours plus forts qu'un engrenage de peur et de persécution... Ce "petit" évènement historique est un magnifique grain dans l'énorme Guerre Froide, mais un grain qui est comme une goutte d'eau avec tout le message d'espoir qui en découle. Entre thriller socialo-géo-politique et teen-movie la dramaturgie est parfaitement huilée, avec une belle et régulière montée en pression niveau thriller et en prime une dimension du film d'ado qui n'est assurément pas à éclipser. Les jeunes acteurs jouent tous impeccablement pour un film qui demeure bien plus fort émotionnellement que "Le Cercle des Poètes Disparus" qui reste sur un niveau initiatique. Cette révolution silencieuse est un magnifique message de courage et de cohésion...

Note :