Otages à Entebbe (2018) de Jose Padilha.
Nouveau film du réalisateur brésilien Jose Padilha qui avait fait sensation avec son dyptique "Troupe d'Elite" (2007) et "Tropa de Elite : l'ennemi intérieur" (2010), plus récemment il a signé le remake "Robocop" (2014). Cette fois il retrace le Raid d'Entebbe (tout savoir ICI) ou opération Thunderbolt suite à une attaque terroriste survenue les 3-4 juillet 1976 avec des conséquences internationales importantes, allant de la France (prise d'otages sur Air France), l'Ouganda du dictateur Amin Dada (lieu d'atterrissage) et Israël (passagers et otages palestiniens)... Un événement majeur de l'Histoire contemporaine qui a déjà connu quelques adaptations, deux téléfilms réalisés à chaud "Raid sur Entebbe" (1976) de Irvin Kershner et "Victoire à Entebbe" (1976) de Marvin J. Chomsky, suivis du long métrage "Opération Thunderbolt" (1977) de Menahem Golan. Des ramifications internationales avec des protagonistes qui le sont tout autant, résultat un casting hétéroclite et international.
Sur les 4 terroristes deux palestiniens et deux allemands, ces deux derniers sont incarnés par Daniel Brühl et Rosamund Pike (actuellement dans l'excellent "Hostiles" de Scott Cooper). On peut citer le britannique Eddie Marsan dans le rôle de Shimon Peres et du frenchy Denis Ménochet qui connait un début 2018 tonitruant après "Jusqu'à la Garde" (2018) de Xavier Legrand et "Marie Madeleine" (2018) de Garth Davis. Le projet de ce film n'est pourtant pas de Jose Padilha mais des producteurs Tim Bevan et Kate Solomon qui avaient déjà produit un film majeur dans son genre, le superbe "Vol 93" (2006) de Paul Greengrass sur un des avions du 11 septembre. Les producteurs ont fait appel au scénariste Gregory Burke, auteur de l'excellent "'71" (2014) de Yann Demange. La première chose, aussi surprenante soit-elle, est ce choix du parallèle entre un ballet de danse orthodoxe (à priori célèbre "danse des chaises" créée en 1990 par Ohad Naharin dans "Echad Mi Yodea") qui ouvre et conclut le film avec des interstices durant l'assaut. Si la danse en elle-même peut avoir son importance (grâce à son énergie, les danseurs suggèrent une souffrance auto-infligée qui symbolise la tension d'Israël entre peur et paix), il n'en demeure pas moins que dans une production britannique, avec des co-producteurs américains, un réalisateur brésilien, un casting international le message via cette danse est particulière et affiche le film comme forcément pro-israëlien. Un message qui pourrait être maladroit d'un point de vue politique, et donc accentuer un manichéisme qui n'est pourtant pas si évident...
C'est bien le seul point litigieux sur ce film qui reste surtout un thriller politico-psychologique plutôt que guerrier. D'un point de vue historique, le film est parfaitement documenté (les producteurs ont notamment vu certains membres de l'équipage français de Air France dont le mécanicien joué par Denis Ménochet), et la chronologie est respectée. La reconstitution participe à la tension, notamment l'aéroport insalubre de Endebbe. Les différents protagonistes ont tous leur importance et il y a une présence à l'écran (idem importance au récit) plutôt bien gérée même si, il faut bien l'avouer, les deux stars du film (mais très belles performances, à la fois déterminés et touchants) ont droit à un petit traitement de faveur qui empiète sur le portrait des deux autres terroristes palestiniens. Néanmoins, Padilha signe un film prenant, particulièrement dense géo-politiquement parlant (des allemands qui prennent en otage des juifs, alliance entre allemands et palestiniens, atterrissage chez Amin Dada... etc...) qui évite l'écueil du tout guerrier en soignant la montée en tension, en s'attardant sur quelques instants marquants (la grand-mère au tatouage, le dernier coup de fil de la terroriste allemande...). Un bon film, intéressant, efficace et maitrisé même si la danse reste un concept maladroit ici. A voir.
Note :