Hérédité (2018) de Ari Aster

par Selenie  -  15 Juin 2018, 10:57  -  #Critiques de films

Premier long métrage pour le jeune réalisateur Ari Aster après plusieurs courts depuis "The Strange Thing About The Johnsons" (2011). Il signe également le scénario de son film en s'inspirant d'une série de drames qu'aurait connu sa famille lorsqu'il était enfant, se demandant ainsi si sa famille n'avait pas été maudite. Ari Aster a l'idée de ce film depuis quelques années, peaufinant le scénario au fil des ans et faisant des rencontres qui lui ont permis de choisir ses collaborateurs, la plupart lors de ses études au Conservatoire AFI (l'institut du film américain). Le cinéaste est produit par Lars Knudsen auquel on doit le sublime "The Witch" (2016) de Robert Eggers et "American Honey" (2016) de Andrea Arnold, et par Kevin Scott Frakes qui était derrière "Sing Street" (2016) de John Carney et "Split" (2016) de M. Night Shyamalan. On suit donc une famille aux destins brisées, et qui, devant tant de drames, semblent simplement maudite. Les parents sont joués par Toni Collette et Gabriel Byrne qu'on avait pas vu sur grand écran depuis "Back Home" (2015) de Joachim Trier. Les ados sont interprétés par Alex Wolff vu dans "Jumanji : Bienvenue dans la Jungle" (2017) de Jake Kasdan et la jeune Milly Shapiro.

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Le premier bémol reste justement le casting. En effet, s'ils s'agit d'une famille un minimum de cohérence physique aurait aidé à y croire. Des parents dont le père a l'âge de sa femme (23 ans d'écart) qui ont deux ados très différents dont une jeune de 13 ans à la beauté singulière qui pousse à des suppositions qui s'avèreront complètement ineptes. L'interprétation est tout aussi inégale, surtout par Gabriel Byrne qui semble aussi convaincu du film que son personnage l'est de sa femme. Et pourtant on finit par s'immerger dans le récit grâce à un climax bien particulier. On est dans une atmosphère anxiogène et tendue digne d'un film d'horreur mais le scénario est plus ancré dans un thriller psychologique. D'ailleurs le cinéaste avoue des références qui vont aussi bien vers "Les Innocents" (1962) de Jack Clayton,  "Rosemary's Baby" (1968) de Roman Polanski et "Ne vous retournez pas" (1974) de Nicolas Roeg que vers des drames plus classiques comme "Des Gens commes les Autres" (1981) de Robert Redford, "The Ice Storm" (1998) de Ange Lee et "In the Bedroom" (2002) de Todd Field... La force du film est ce mix entre l'épouvante (spiritisme, possession, revenant...) et le drame pur (dépression, deuil, paranoïa...) qui est parfaitement écrit entre la forme et le fond.

Dès l'ouverture Ari Aster impose sa marque avec un travelling original nous embarquant dans une maison de poupée, comme le symbole de l'existence d'un monde dans un autre monde. Sa mise en scène est appliquée et inspirée pour une histoire prenante qui ne nous lâche jamais avec une montée en puissance efficace. Il est par contre dommage que la fin accélère trop le rythme et l'action, créant des mini-ellipses gênantes et surtout un grand final qui frôle le grand guignol. Entre autre pourquoi ce lieu ?! Et, finalement pourquoi "Hérédité" ?! Un titre qui n'a pas franchement sa place. Mais surtout, le vrai bémol reste l'effroi. En effet, on a jamais franchement peur à l'exception de une ou deux séquences à la rigueur. Néanmoins, Ari Aster signe un film aussi élégant qu'ensorcelant qui doit beaucoup à l'interprétation énorme de Toni Collette. En tous cas un réalisateur à suivre de près.

 

Note :             

13/20

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