Sans un Bruit (2018) de John Krasinski
D'ores et déjà un énorme carton au box-office pour ce film d'horreur avec déjà près de 350 millions de dollars au box-office Monde pour un budget de 17 millions ! Un carton pour une production Paramount associé à Platinum Dunes, cette dernière société créée entre autre par Michael Bay est connue pour la saga "American Nightmare" et pour ses remakes comme "Massacre à la Tronçonneuse". A l'origine il s'agit d'un scénario signé de Scott Beck et Bryan Woods qui a été acheté par Paramount. Le studio a choisi l'acteur-réalisateur John Krasinski pour réécrire et réaliser le film. Rappelons que Krasinski a déjà été réalisateur, pour sa série TV "The Office" mais aussi pour deux longs métrages dont "La Famille Hollar" (2016), mais il est plus connu en tant qu'acteur dans "Away We Go" (2009) de Sam Mendes, "13 Hours" (2016) de Michael Bay et "Detroit" (2017) de Kathryn Bigelow. Krasinski s'est donc réapproprié le projet qu'il a su personnalisé, d'abord parce qu'il venait d'avoir un enfant avec son épouse, la star Emily Blunt. Le couple en a aussi profiter pour tourner ainsi leur premier film ensemble. Pour jouer leurs enfants le cinéaste a choisi Millicent Simmonds, jeune actrice sourde révélation du film "Le Musée des Merveilles" 2017) de Todd Haynes et Noah Jupe vu dans "Bienvenue à Suburbicon" (2017) de George Clooney...
L'histoire se déroule dans monde post-apocalyptique où une famille isolée tente de survivre dans le silence pour ne pas réveiller des créatures environnantes qui réagissent au moindre son. Le premier pari du film est de créer un univers silencieux crédible. Sur ce point Krasinski raconte une anecdote amusante : "Je me suis mis à écouter, du cliquetis des couverts sur les assiettes jusqu'à la façon dont les chaussures tombent sur le sol lorsqu'on les enlève. C'est même devenu une sorte de jeu à la maison : ma femme et moi, on essayait d'être silencieux et si jamais l'un d'entre nous faisait le moindre bruit, il fallait qu'on se tourne l'un vers l'autre le plus silencieusement possible et lui dise "t'es mort". Finalement, ça a été une très bonne préparation."... La famille s'est donc construit un quotidien où le bruit est interdit, de la langue des signes à l'isolation du logement en passant par la suie sur les chemins et les jouets électriques bannis. Les trouvailles restent logiques et, de toute façon, d'obligation vitale. Le tournage s'est déroulé dans une petite ville de l'état de New-York, mais après avoir calculé qu'une location serait tout aussi dispendieuse la production a carrément élaboré la ferme idéale allant jusqu'à embaucher des cultivateurs pour planter un champ de maïs. Le film débute fort avec une séquence marquante d'effroi avant de retourner aussitôt dans un quotidien presque normal. Mine de rien, cette attention de tous les instants pour éviter le moindre son donne des scènes qui sont riches de détails alors même qu'il n'y a pas de danger immédiat : seul le bruit ouvre au danger. C'est sur ce point que le film est particulièrement réussi.

Si le film est d'un silence presque inédit, il n'est pas dénué de musique ni de dialogue. Signée Marco Beltrami, élève de Jerry Goldsmith, ayant oeuvré sur "Scream" (1996) de Wes Craven et "Hellboy" (2004) de Guillermo Del Toro, la musique est parfaite, à la fois envoûtante, discrète et surtout qui laisse la sensation d'un réel silence. Niveau dialogue, sans être omniprésent et s'il reste rare, on peut tout de même rêvé quand on sait que le scénario original de Woods-Beck ne comportait qu'une seule ligne de dialogue ! A noter d'ailleurs que le duo de scénaristes, vu le succès de ce film, risque de sortir de l'ombre avec leurs films "Nightlight" (2015) encore inédit, et notons qu'il réaliseront "Haunt" (2018) normalement cette année... Pour en revenir au film, on peut rester un peu perplexe sur 2-3 passages (surtout la scène de la "baignoire"). Néanmoins John Krasinski signe un film prenant, cohérent avec une montée en puissance savamment dosé. En prime quatre acteurs investis, les enfants sont impeccables, Krasinski offre une réelle osmose avec son épouse, elle-même est particulièrement touchante. A voir et à conseiller.
Note :