Papillon (2018) de Michael Noer
Nouvelle adaptation du roman (1969) semi-autobriographique de Henri Charrière qui, il faut le préciser, est en réalité un best-seller dans lequel l'auteur s'approprie également nombres d'expériences qu'il a pu regrouper auprès de ses co-détenus. Mais surtout, le réalisateur danois Michael Noer a le courage de s'attaquer, qui le veuille ou non, au film mythique de la première adaptation "Papillon" (1973) de Franklin J. Schaffner avec Steve McQueen et Dustin Hoffman... Le réalisateur a l'expérience des films violents en milieu carcéral notamment avec "R" (2010) co-réalisé avec Tobias Lindholm et "Northwest" (2013) mais cette fois il signe une production américaine, avec un budget confortable et un casting hollywoodien. Le scénario est signé de Aaron Guzikowski auteur de "Contrebande" (2012) de Baltasar Kormakur et surtout "Prisoners" (2013) de Denis Villeneuve. Le rôle titre revient à Charlie Hunman qui semble pourtant avoir du mal à atteindre les sommets, de "Pacific Rim" (2013) de Guillermo del Toro à "The Lost City of Z" (2017) de James Gray il reste un cran en-deça des grandes stars de sa génération. Son partenaire est incarné par Rami Malek, révélé comme le petit pharaon de "La Nuit au Musée" (2006) de Shawn Levy il risque enfin de percer bientôt dans le rôle icônique de Freddy Mercury dans le prochain "Bohemian Rhapsody" (2018) de Bryan Singer.
L'acteur retrouve Tommy Flanagan son partenaire dans la série TV 'Son of Anarchy" (2008-2014). A leurs côtés le cinéaste impose son acteur fétiche Roland Moller vu aussi récemment dans les excellents "Les Oubliés" (2017) de Martin Zandvliet et "Atomic Blonde" (2017) de David Leitch. Pour l'anecdote on notera la présence d'une actrice qui monte doucement mais sûrement, Eve Hewson et accessoirement fille de Bono leader du groupe U2... Le cinéaste explique : "Ce qui m'a convaincu, ce n'est pas uniquement l'excellent et palpitant scénario que j'ai pu lire mais aussi de regarder toutes les photos authentiques de la véritable prison d'où s'échappa le vrai "Papillon". et pour quelqu'un comme moi qui vient du documentaire, c'était fascinant de découvrir l'univers de cette histoire intemporelle. Je suis également fasciné par les relations humaines. Suivre l'évolution de l'amitié entre Henri "Papillon" Charrière et Louis Dega m'a profondément touché"... Le réalisateur insiste donc pour que le chef décorateur reconstitue le bagne au plus près de la réalité (recherches dans les archives...), avec pas moins de 5000 figurants et en insistant sur "l'enfer du bagne" et son côté "terrifiant".
Pour la reconstitution on reste pourtant un peu sur notre faim, rien d'extraordinaire et l'enfer a déjà été bien plus criant. Mais dès les premières minutes du film on sait que les promesses ne seront pas tenues. Panneau inscrit "d'après une histoire vraie" (avec une fin qui appuiera sur ce terme souvent galvaudé) qui démontre bien que le réalisateur fait fi d'une chose aujourd'hui certaine : Henri Charrière ne raconte pas sa vie mais l'enrichit du destin de plusieurs autres bagnards rencontrés lors de son emprisonnement. Le cinéaste se permet même d'embellir l'existence de Charrière avant le bagne, en faisant une sorte d'Arsène Lupin des faubourgs sans compter qu'il se fait arrêter en 1930 et non pas en 1931. Bref, des détails qui peuvent avoir leur importance et surtout prouve que Michael Noer, sous couvert de véracité historique, s'autorise pourtant quelques écarts qui ne semblent pas pourtant essentiels à son récit. Les grands morceaux de bravoures et les parties importantes du récit ne sont pas oubliés évidemment. Dans le genre le réalisateur signe un film efficace et bien fait mais terriblement classique. Les acteurs jouent bien mais sans être transcendant, Charlie Hunman a un petit air de Steve McQueen qui nous pousse à la comparaison et ce, bien malgré lui on s'en doute. Finalement le film vaut surtout grâce à son matériau d'origine, on en revient alors à la déclaration du réalisateur citée un peu plus haut. Un bon film donc, divertissant et touchant mais qui est loin de valoir la version de Schaffner.
Note :