Le Monde est à Toi (2018) de Romain Gavras

par Selenie  -  16 Août 2018, 07:57  -  #Critiques de films

Après un moyen-métrage remarqué "A Cross the Universe" (2008) co-réalisé par Bertrand Sommie et son premier long "Notre Jour Viendra" (2010) le fils de Costa Gravas revient avec un projet qu'il a en tête depuis plusieurs années, à savoir un film de gangster en dehors des codes inhérents au genre. Il voulait donc éviter des paramètres tels que les regards appuyés, les passés mystérieux, le code de l'honneur... etc... Romain Gavras avoue avoir voulu réaliser un film comme l'anti-thèse de "Scarface" (1983) de Brian De Palma. Il co-signe le scénario avec son complice Karim Boukercha, associé à Noël Debré connu pour les scénarios de "La Crème de la Crème" (2014) de Kim Chapiron (ami de Gavras et photographe de plateau sur le tournage), et surtout "Les Cowboys" (2015) de Thomas Bidegain et "Dheepan" (2015) de Jacques Audiard. On suit donc François, fils chéri d'une femme reine du cambriolage de luxe, qui souhaite quitter le milieu du trafique de drogue de sa cité pour devenir distributeur des glaces Mister Freeze au Maghreb mais c'est sans compter encore quelques magouilles pour obtenir les fonds nécessaires...

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Dans le rôle principal de François on retrouve Karim Leklou qui a fait bien du chemin depuis "Un Prophète" (2009) de Jacques Audiard et qui trouve là son second rôle principal après "Coup de Chaud" (2015) de Raphaël Jacoulot. La mère est interprétée par la star Isabelle Adjani qu'on avait pas revu depuis "Carole Mathieu" (2016) de Louis-Julien Petit. L'ex-amant de la mère et mentor dépassé de François est incarné par l'excellent Vincent Cassel. L'atout charme est dévolue assez étonnament à la jolie Ouleya Amamra révélation du sublime "Divines" (2018) de Houda Benyamina. Les deux caïds sont joués par Sofiane Khammes révélé par "Chouf" (2016) de Karim Dridi, et par l'acteur britannique Sam Spruell vu en général dans "Valerian et la Cité des Mille Planètes" (2017) de Luc Besson. En bonus et en guest star François Damiens et Philippe Katerine avec en prime un caméo du réalisateur John Landis (dont est fan Romain Gavras). Les trois scénaristes se sont documentés sur le milieu des gangsters, notamment en s'entretenant avec des journalistes et des avocats mais aussi et surtout en assistant à des séances au tribunal. L'idée d'une maman matriarche et chef de bande est venue d'une de ces séances. Pour les lieux de tournage, on remarquera surtout la ville côtière espagnole, Benidorm que Gravas voit comme un mixte entre Miami et Glasgow...

Romain Gavras signe un polar décalé, où la violence et le crime est omniprésente qui côtoie aussi un monde fou qui penche vers un cartoon pour adulte, mi-figue mi-raisin aux délires qui prêteraient à rire si ce n'était pas si dangereux et vicié. Mais malheureusement on a surtout la sensation d'un sous-Tarantino. Dans un sens rien de grave, tout le monde ne peut pas faire un chef d'oeuvre de ses références. devant le film on est nous aussi mi-figue mi-raisin, on oscille entre les bonnes idées et les moins bonnes. Le caïd qui tient à peine debout reste peu crédible comme parrain du milieu, la mère semble avoir un pouvoir important mais ne le montre finalement jamais, on reste perplexe sur "le montage financier" du marché de Mister Freeze... Par contre on apprécie les deux ados porte-flingues faux frères junkies presque risibles qui se métamorphoses aussi vite en flingueurs fous dangereux incontrôlables, la belle idée du parallèle entre François et la petite fille enlevée, et surtout le magnifique personnage incarné par Vincent Cassel. Ce dernier joue le personnage le plus intéressant, plus complexe qu'il n'y parait au premier abord car sortant des sentiers habituels où comment un homme sorti de 12 ans de prison en sort chamboulé, sinon brisé voyant le monde d'un autre "oeil". Le cinéaste signe un polar intéressant, bien construit avec un panel de personnages bien croqués mais Gravas manque finalement d'audace et le niveau décalé et fou n'est pas assez poussé à fond pour franchement convaincre.

 

Note :              


13/20

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