I Feel Good (2018) de Benoit Délépine et Gustave Kervern.

par Selenie  -  27 Septembre 2018, 07:25  -  #Critiques de films

Le duo le plus célèbre de Groland revient avec un nouveau film dans un style toujours empreint d'humanité et d'espérance sociale. Ainsi, Gustave Kervern et Benoit Délépine signent une fable qui sonne comme l'anti-thèse à la macronie, une comédie anti-Macron qui fait de toute façon du bien aux vues de l'actualité. Après des films comme "Aaltra" (2003), "Mammuth" (2010), "Le Grand Soir" (2011) et "Saint Amour" (2016) le duo co-scénarise leur film après avoir découvert une communauté Emmaüs dans la ville de Lescar-Pau (Pyrénées-Atlantique) grâce à leur ami grolandais Jules-Edouard Moustic qui y était venu faire le DJ lors du festival de musique. Cette communauté qui vit en quasi autarcie en développant leurs ateliers de recyclage a donné l'idée de cette histoire aux deux cinéastes qui expliquent : "Nous montrons combien l'individualisme forcené, la volonté de devenir riche pour devenir riche, sans penser aux conséquences, est une maladie."...

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On suit donc Jacques, quadragénaire qui rêve depuis toujours de devenir riche, et de trouver la plus petite idée qui le fera devenir riche et faire travailler les autres pour lui. Pour se ressourcer, il décide de revenir vers sa sœur, Monique, qui gère une petite communauté Emmaüs. Mais les rêves de Jacques ne cessent pas et il finit par amener Monique à croire en sa dernière idée... La plupart des comédiens sont des amateurs issus de cette communauté où a été tourné le film. Les deux rôles principaux reviennent à des "stars", Jacques est incarné par Jean Dujardin et Monique est jouée par Yolande Moreau. Si les deux acteurs ont déjà tourné pour un même film avec "9 Mois Ferme" (2012) de Albert Dupontel, Yolande Moreau est de tous les films grolandais depuis "Louise Michel" (2008), tandis que Kervern-Délépine ont rencontré Jean Dujardin alors qu'il présentait "Le Grand Soir" en Festival de Cannes section "Un Certain Regard 2012" dans lequel joue leur ami commun Albert Dupontel... Dujardin a pris quelques kilos pour ce rôle de looser antipathique qui est la caricature à lui seul de l'espérance macronite et qui, pourtant, va côtoyer à l'insu de son plein gré les marginaux et les laissés pour compte qui vivent et survivent malgré le capitalisme à outrance du monde qui les entoure.

Ce décalage est aussi dans les dialogues, qu'on devine très écrits pour les acteurs principaux surtout pour Jacques/Dujardin tout en laissant une marge à l'improvisation due aux amateurs omniprésents. Pas de champs-contre-champs, peu de découpage pour favoriser les petits plans-séquences qui mettent aussi en valeur le joli petit village Emmaüs. L'humour est à l'image des deux auteurs, à la fois barré et surréaliste entre comédie sociale et fable militante. Le rythme est un peu trop monotone sans doute, relevé par quelques gags drôles mais trop rares finalement. Le duo Délépine-Kervern signe une comédie douce-amère teintée d'un bel hommage à Emmaüs qui prend toute sa dimension avec le twist final. On aurait sans doute aimé un peu plus de poil à gratter, un humour plus appuyé mais ce conte social ne manque ni de tendresse ni d'espoir. A noter que le groupe qui participe à l'"expédition" n'est pas constitué des membres de Emmaüs car les cinéastes craignaient pour la cohésion de la communauté, donc ce groupe est constitué d'amis comme Jo Dahan ex du groupe Mano Negra... Un film surprenant à bien des égards, décalé à la sauce Groland avec un message de fond qui ne manque pas d'interroger, ce qui est déjà beaucoup.

 

Note :                   

13/20

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S
Ça prend une saveur particulière si vous avez dans votre entourage un mytho, vous allez avoir des impressions de 'déjà vu' assez bizarres.
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