Un Peuple et son Roi (2018) de Pierre Schoeller.
7 ans qu'il n'avait pas tourné, Pierre Schoeller revient après "Versailles" (2008) et surtout après l'excellent "L'Exercice de l'Etat" (2011) deux films qui traitaient déjà de politique et de questions sociales. 7 ans, il fallait bien ça pour préparer un tel projet. Le cinéaste a beaucoup lu, s'est beaucoup documenté avec l'aide bienveillante de nombreux historiens et grâce à la collaboration et l'appui du producteur Denis Freyd, déjà à l'oeuvre sur "L'Exercice de l'Etat" et fidèle des frères Dardennes... Le film démarre à la prise de la Bastille et se termine à l'exécution du roi Louis XVI. Comme souvent pour les films historiques, le casting est particulièrement riche avec les gens du peuple Gaspard Ulliel, Adèle Haenel, Olivier Gourmet, Izia Higelin, Céline Sallette, Noémie Lvovsky, Johan Libéreau, suivis des nobles comme Laurent Lafitte / Louis XVI, Louis Garrel / Robespierre, Denis Lavant / Marat et Niels Schneider / Saint-Just... Cette période de l'Histoire de France est cinématographiquement récurrente de "La Marseillaise" (1938) de Jean Renoir à "Les Adieux à la Reine" (2012) de Benoit Jacquot en passant par "Danton" (1982) de Andrzej Wajda et "La Révolution Française" (1989) de Robert Enrico et Richard T. Heffron...
Mais là, Pierre Schoeller avoue avoir la volonté de dépasser la succession d’événements pour mettre en avant les pensées politiques du peuple et surtout mettre en avant la place des femmes lors de cette période charnière. Le scénario, sur ce point, est plutôt bien ficelé en incluant le peuple au centre de l'Histoire. La grande idée est d'insister sur le rôle central des femmes, notamment en rappelant que la marche d'octobre 1789 est un événement crucial. Par là même on apprécie le roi Louis XVI montré de façon inédite, car en effet il n'était pas l'homme timoré aveuglé par sa passion pour la serrurerie. Les débats politiques sont tout aussi remarquables, d'une vitalité qui collent parfaitement à ce qu'on peut imaginer dans ces années d'effervescence, de bouillonnement et de passion.
Par contre, deux heures de film pour trois années de révolution peut paraître un peu court d'où certains événements et/ou personnages sous-exploités ou trop juste survolés. On salue la reconstitution, costumes et décors, mais on apprécie surtout les petits détails comme les gestes des travailleurs qui nous immergent de façon douce à cette époque. Mais le plus gros soucis reste que le film est beaucoup trop didactique. Pierre Schoeller sur-explique chaque chose par des voix Off superflues ou en insistant bien sur le nom des protagonistes célèbres. Si ce côté très scolaire est aussi très ludique (ce que votre serviteur passionné d'Histoire peut comprendre) il retire l'empathie et la passion. On ne s'attache que trop peu aux personnages comme il y a trop peu de passion entre eux. Sans les stars au générique on serait presque dans un docu-fiction réalisé pour les besoins de Arte. Il y a du bon évidemment mais cinématographiquement il manque un petit quelque chose en plus.
Note :