Once Upon a Time... in Hollywood (2019) de Quentin Tarantino
Dernier film très attendu de Quentin Tarantino qui a d'ores et déjà déclaré dans un interview qu'il considérait ce film comme un "épilogue" à sa filmographie, faisant sans doute référence aussi à une ancienne annonce où il avait affirmé qu'il ne ferait que 10 films, toute la nuance étant qu'il a dans le même temps toujours dit que les deux "Kill Bill" était en fait une seul et même film... Donc après "Reservoir Dogs" (1992), "Pulp Fiction" (1994), "Jackie Brown" (1997), "Kill Bill 1 et 2" (2003-2004), "Boulevard de la Mort" (2007), "Inglourious Basterds" (2009), "Django Unchained" (2012) et "Les 8 Salopards" (2015), toutes les hypothèses sont ouvertes... Ce nouveau projet devait à l'origine être distribué par la Weinstein Company, mais après les scandales ce projet s'est vu être le graal à atteindre pour toutes les boîtes de Hollywood. Finalement c'est Sony qui a pu obtenir les droits de ce film au budget de 95 millions de dollars, ce qui en fait le film le plus cher de Tarantino après "Django Unchained". Le film est un film somme qui se déroule en 1969, année charnière pour Hollywood et pour Tarantino... En 1969, le mouvement hippie est à son apogée, les manifestations anti-Viêtnam sont quotidiennes, Nixon est le nouveau président, le mouvement LGBT explose tandis que Hollywood change avec l'essor d'un nouveau cinéma plus libre et sans tabou alors que dans le même temps un des plus grands drames que la Cité des Anges ait connu se profile. On suit surtout une star sur le déclin, Rick Dalton, star issue de l'Âge d'Or qui semble dépassé mais qui a toujours le soutien de sa doublure cascade Cliff Booth, ce dernier étant voisin d'une certaine Sharon Tate (tout savoir ICI !)...
Les deux personnages principaux, Rick Dalton et sa doublure Cliff Booth sont incarnés par les monstres sacrés Brad Pitt et Leonardo Di Caprio ; si les deux acteurs sont de la même génération ils jouent ici pour la première fois ensemble mais on en point commun d'avoir déjà tourné pour Tarantino, Pitt dans "Inglourious Basterds" et Di Caprio dans "Django Unchained". L'autre grand personnage du film est évidemment la sublime Sharon Tate incarnée par la non moins sublime Margot Robbie qui retrouve Di caprio après "Le Loup de Wall Street" (2013) de Martin Scorcese. Comme à son habitude QT réunit un casting prestigieux jusque dans le plus petits rôles, et retrouve également nombre de ses fidèles. Ainsi le cinéaste retrouve Michael Madsen, Zoe Bell et Kurt Russell. A leurs côtés citons pêle-mêle Al Pacino qui retrouve Brad Pitt après "Ocean's 13" (2010) de Steven Soderbergh, Dakota Fanning, Timothy Olyphant, Damian Lewis, Emile Hirsch, James Marsden, Clifton Collins Jr., Margaret Qualley, Lena Dunham... Plus anecdotique QT offre aussi des apparitions aux enfants des amis avec Maya Hawke (fille de Uma Thurman et Ethan Hawke), Rumer Willis (fille de Bruce Willis et Demi Moore) et Harley Quinn Smith (fille de Kevin Smith, qui pour l'anecdote amusante porte le nom d'une héroïne incarnée par Margot Robbie dans "Suicide Squad" en 2016 de David Ayer)... Des acteurs seront crédités mais seront coupés au montage comme James Marsden, Danny Strong et Tim Roth. Par contre le film est également endeuillé par deux fois, le film est ainsi l'ultime apparition de Luke Perry, et l'acteur Burt Reynolds (qui a inspiré le personnage de Rick Dalton !) est mort avant de pouvoir tourner, il sera remplacé par l'acteur Bruce Dern... Précisons, la chose est assez rare pour le noter, que Charles Manson est incarné par Damon Herriman qui l'incarne également dans la série TV "Mindhunter" (2019). On passera sur l'incarnation de Bruce Lee par Mike Moh vu dans des éries TV surtout comme "Empire" ou "Street Fighter", la mini polémique reste de la brasse inutile dont Tarantino se défend parfaitement bien (tout savoir ICI !), surtout quand on connaît la propension jouissive de QT à réécrire l'Histoire. Si on reconnaît à chaque instant le style de maître on est aussi assez surpris par le côté soft du film, ce qui en fait le film de Tarantino le moins tarantinesque finalement... jusqu'à ces dernières 20mn ! En effet pendant plus de 02h on suit deux personnages (Dalton/Di Caprio et Booth/Pitt) en plein déclin, image du vieil Hollywood, en parallèle de l'émergence du couple Tate/Robbie et Polanski/Zawierucha qui eux sont le symbole du Nouvel Hollywood qui émerge. D'un côté on suit donc la star Rick Dalton au boulot sur les plateaux de tournage, son ami cascadeur Cliff Booth restant un peu dans l'ombre en figure tutélaire de l'américain viril et cool. De l'autre le côté hippie chic mis en valeur par une Sharon Tate/Margot Robbie absolument sublime de liberté et de sensualité.
Sans doute moins bavard, moins démonstratif sur tous les plans on pense d'abord que Tarantino s'est assagi mais c'est finalement pour mieux nous surprendre... Multi-référencé comme à son habitude (les cinéphiles surtout seront comblés !), notamment en renvoyant à son propre film "Inglourious Basterds" (donc délaissant un peu trop ses autres films). La B.O. est toujours et encore exceptionnelle... Ainsi le récit avance tranquillement au point qu'on se demande où le cinéaste veut nous emmener jusqu'à ces 20 minutes ultimes où Tarantino nous réveille de façon jubilatoire et violente dans une apothéose uchronique et sanglante. Un délire imprévisible (mais pas surprenant !) qui ne peut laisser indifférent surtout quand on connaît l'affaire du massacre dans la maison Tate/Polanski. On peut avoir eût un peu d'appréhension au fil de l'histoire mais Tarantino finit en beauté un film qui reste une magnifique déclaration d'amour au 7ème Art avec une dimension cathartique aussi inouïe qu'inédite. Tarantino démythifie le mythe de Hollywood pour mieux y revenir avec une émotion non feinte. En prime une Margot Robbie éblouissante, et un duo Di Caprio/Pitt à l'entente si épatante qu'on rêve déjà à leur prochaine collaboration ! Comme d'habitude Tarantino surprend son monde avec cette gourmandise un peu sage qui ne sera pourtant pas sur le podium des films signés QT.
Note :