Lucky Day (2019) de Roger Avary
Le retour de Roger Avary, surtout connu pour ses collaborations avec Quentin Tarantino au début des années 90 notamment sur "Reservoir Dogs" (1992) et "Pulp Fiction" (1994) mais aussi sur "True Romance" (1993) de Tony Scott. Lui-même il n'a réalisé que peu de films, sans compter "Mr Stich : le Voleur d'âme" (1995) directement diffusé à la télévision le cinéaste a surtout réalisé "Killing Zoé" (1994) et "Les Lois de l'Attraction" (2002) avec sa suite "Glitterati" (2005) resté dans les méandres nébuleuses de la production. "Lucky Day" devait à l'origine est le titre d'une suite à "Killing Zoé", reprenant le couple Zed et Zoé en cavale. Après des années dans les cartons il semble qu'on doit au producteur Samuel Hadida (déjà producteur des films de Avary et de "True Romance") la relance du projet, qu'il ne verra malheureusement jamais. Mais Roger Avary revoit en profondeur son script, voulant y ajouter ses expériences dont une condamnation après un accident de voiture mortel en 2008.
Ainsi Zed et Zoé deviennent Red et Chloé, et si il ne s'agit plus d'une suite officielle le cinéaste insiste pour considérer ce nouveau film comme une "suite spirituelle" (?!), teinté d'un hommage au réalisateur Tony Scott : "Tony est décédé et avec ce film, nous sommes restés fidèles à son esprit et nous nous sommes replongés dans ce qu'il faisait courant 90."... On suit donc la journée où red sort de prison après un braquage. Il retrouve sa femme et sa fille mais alors que tout semble au beau fixe un tueur psychopathe débarque pour une vengeance... Le rôle principal de Red est tenu par Luke Bracey, dont le titre de gloire à ce jour est d'avoir repris le rôle de Johnny Utah dans le remake "Point Break" (2015) de Ericsson Core, son épouse est jouée par la belle Nina Dobrev remarquée dans "Le Monde de Charlie" (2012) de Stephen Chbosky et le tueur est incarné par Crispin Glover révélé comme le papa du héros dans "Retour vers le Futur" (1985) de Robert Zemeckis. Mais on remarque surtout trois seconds rôles s'apparentant à des caméos avec Mark Dacascos vu dans "Crying Freeman" (1995) et "Le Pacte des Loups" (2001) tous deux de Christophe Gans et déjà produit par Hadida, Tomer Sisley pas vu depuis "Le Serpent aux Mille Coupures" (2017) de Eric Valette (accusations de plagiat lorsqu'il était humoriste dans doute en cause), puis Nadia Farès qui est revenue après 10 ans d'absence avec "Chacun sa Vie" (2017) de Claude Lelouch... Un casting surprenant, entre un inconnu en tête d'affiche, un tueur au charisme singulier et des caméos d'acteurs has been renvoyant à une autre époque, seule Nina Dobrev semble encore pouvoir espérer une jolie carrière. Dans un sens ce casting correspond à une certaine nostalgie avec laquelle le film tente de renvoyer avec son style série B des nineties ; est-ce vraiment voulu de la part de Roger Avary ou est-ce juste une question de budget ?!
Le lien avec Tarantino est évident, on peut aussi penser au plus contemporain Guy Ritchie ou Matthew Vaughn mais Avary reste sous influence sans franchement se démarquer. Les personnages trop peu développés dont un Red/Bracey comme simple erstaz de Tom Hardy, et surtout tous se font bien fades devant l'excellent Crispin Glover. Mais le vrais soucis reste le scénario qui tient sur un timbre-poste. Il y a bien quelques bonnes idées mais elles ne sont jamais étoffées ou exploitées comme il faut. Par exemple l'agent de probation méritait un rôle plus central et la vengeance manque cruellement de bien fondée. Les gun fights sont stylés avec quelques bons effets chocs mais on peut rester perplexe sur l'incohérence, entre réalisme gore et granguignole. Le duel avec la nounou méritait d'être moins expéditif, et le jeu de massacre dans la galerie méritait moins de "tire à blanc". Le film est en constante oscillation entre maladresses et/ou convenances puis le côté jubilatoire d'un nouveau "Killing Zoé", malheureusement Roger Avary est cette fois sans inspiration.
Note :