Come Away (2021) de Brenda Chapman
D'emblée on pense à une production Disney, tant dans l'affiche, que sur la thémayique ou le style. Mais ce film présenté début 2020 au Festival de Sundance n'est pas siglé Disney. Derrière il y a entre autre la société Yoruba Saxon Productions de l'acteur afro-américain David Oyelowo qui s'octroie logiquement le rôle principal. Le projet mixe deux des contes les plus célèbres, "Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles" (1865) d'après Lewis Carroll et "Peter et Wendy" (1904) d'après J.M. Barrie, faisant des deux jeunes héros une fratrie avec la petite touche en plus, qui serait tout deux d'origine afro-américaine. Forcément, on ne sera pas surpris que ce dernier choix ait nourri polémiques et autres débats stériles sur les réseaux sociaux. Mais étant des personnages de fiction, on ne s'étalera pas plus sur ce point. Le scénario est signé de Marissa Marissa Kate Goodhill dongt on ne connaît qu'une oeuvre précédente, le film "Lost and Found" (2013) qu'elle a écrit et réalisé. Par contre, le film a toutefois sa petite dimension Disney puisquà la réalisation on retrouve Brenda Chapman issu de l'écurie aux Grandes Oreilles pour qui elle a notamment écrit les scénarios de "Le Roi Lion" (1994) et "Le Bossu de Notre-Dame" (1996) puis réalisé "Rebelle" (2012)... Alice et Peter sont frère et soeur, et vivent heureux en cette fin 19ème avec leurs parents et leur frère aîné. Mais quand ce dernier meurt accidentellement, leurs parents tombent dans un désespoir qui met en péril la sérénité de la maison. Les deux enfants vont tenter de sauver leur famille mais leurs actes auront des conséquences jusque dans l'imaginaire...
Le film s'offre un casting digne d'une grande production Disney avec bien sûr David Oyelowo vu dans "Minuit dans l'Univers" (2020) de et avec George Clooney, mais aussi la star Angélina Jolie vue dans le dyptique "Maléfique" (2014-2019) des productions Disney justement. Citons Gugu Mbatha-Raw vue dans "Miss Revolution" (2020) de Philippa Lowthorpe, Michael Caine vu dans "Tenet" (2020) de Christopher Nolan, Anna Chancellor vue dans "St Trinian's" (2007) de Oliver Parker et "Oh my God !" (2011) de Tanya Wexler, pour un caméo Derek Jacobi vu dernièrement dans "Tolkien" (2019) de Dome Karukoski, David Gyasi vu dans "Annihilation" (2019) de Alex Garland et qui retrouve ainsi sa partenaire de "Maléfique : le Pouvoir du Mal" (2019) de Joachim Ronning et Clarke Peters "Da 5 Bloods" (2020) de Spike Lee. Pour finir, citons les deux jeunes héros incarnés par Keira Chansa dont la seule expérience est une apparition dans la série TV "The Real" (2020) où elle a retrouvé son "papa" David Oyelowo, et Jordan Nash qui a déjà une jolie expérience après être apparu dans "Dom Hemingway" (2014) de Richard Shepard, "100 Streets" (2016) de Jim O'Hanlon et "Aladdin" (2019) de Guy Ritchie... D'abord, on peut noter une affiche mensongère qui semble montrer une Angelina Jolie comme une fée et une famille heureuse alors que la star joue une mère endeuillée et que la famille vit justement un drame. Il faut attendre le chapitre final avant d'avoir un certain émerveillement, et toujours teinté d'une mélancolie compréhensive et attendue puisqu'on connait tous (espérons !) les deux contes originels. L'idée de faire des deux jeunes héros de contes des frères et soeurs est évidemment audacieux, le mettre au goût du jour osé, mais un peu de tolérance l'idée est loin d'être saugrenue (thématiques semblables aux deux oeuvres, âge des enfants) et ouvre même à une certaine curiosité. Le choix d'en faire une famille mixte et afro-américaine dans une Amérique post-sécession est pourtant casse-gueule, on peut par exemple s'interroger sur l'absence totale de préjugés raciaux dans le récit, mais qui se rattrappe sur la dimension de différence sociale.
D'emblée on devine la construction narrative du film qui reprend un concept éculé qui nous est encore particulièrement frais peu de temps après avoir vu la production Disney (décidément !) "Jingle Jangle" (2020) de David E. Talbert, particulièrement décevante par ailleurs. On devine aussitôt qui est la narratrice... Précisons que le couple Jolie/Oyelowo ne fonctionne pas, la star de "Maléfique" est devenue cadavérique, impose un côté froid et hautain qui ne colle pas du tout à la famille. L'histoire a bien du mal à démarrer, le début est poussif et s'attarde trop sur la composition et le quotidien de la famille. L'intrigue de démarre que bien tard, se reposant avant tout sur une multitude de clins d'oeil et références aux deux contes alors même qu'on attend toujours d'être émerveillé. La mise en scène est trop statique, la réalisatrice semble admirer ce qu'elle voit, ce qu'elle filme en omettant de donner vraioment vie à sa propre fable moderne. L'imagerie mutualisée des deux contes est savoureuse, on est séduit par l'idée même qui se met en place mais quand l'histoire commence on est déjà au 3/4 du film et la dernière partie est trop précipitée pour vraiment profiter du conte nouvelle mouture, trop précipitée pour apprécier la magie qui apparaît aussi soudainement qu'elle s'évapore. Un manque de rythme ajouté à un sérieux de fond est plutôt dommageable surtout pour les enfants spectateurs. En conclusion, le film n'est pas dénué d'idées, avec un gros potentiel à tous les niveaux mais clairement la réalisatrice n'a pas su étoffer son récit, qui reste trop sage et trop engoncé dans un réalisme qui ne sied pas à un conte de ce genre.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :