Le Secret (1974) de Robert Enrico
Adapté du roman "Le Compagnon Indésirable" (1972) de Francis Ryck qui co-signe le scénario pour une première fois après avoir déjà vu adapté au cinéma ses oeuvres avec les films "Une Souris chez les Hommes" (1964) de Jacques Poitrenaud, "La Peau de Torpédo" (1970) de Jean Delannoy et "Le Silencieux" (1973) de Claude Pinoteau. L'auteur co-écrit donc le scénario avec Pascal Jardin (dialogues) fidèle de Pierre Granier-Deferre pour qui il a notamment signé "La Horse" (1971) et "Le Train" (1973), puis avec le réalisateur Robert Enrico à qui on doit entre autre "Les Grandes Gueules" (1965), "Les Aventuriers" (1967) et son chef d'oeuvre "Le Vieux Fusil" (1975). Rappelons que Francis Ryck est un spécialiste du thriller et de l'espionnage qui s'attache souvent à une critique acide de la société... David s'échappe d'une prison, tandis que les autorités organisent une vraie chasse à l'homme pour cet homme qu'ils déclarent dangereux. David trouve refuge chez un couple dont l'homme semble partagé entre une amitié naissante et une certaine fascination pour cet homme isolé qui dit être en possession d'un secret d'état. L'épouse semble elle plus méfiante alors que son époux désire prendre de plus en plus de risque pour aider David...
Ce dernier est incarné par Jean-Louis Trintignant vu auparavant dans "L'Attentat" (1972) de Yves Boisset et "Le Train" (1973) de Pierre Granier-Deferre. Le couple de samaritains est joué par Marlène Jobert devenue une actrice de premier plan après des films comme "Le Passager de la Pluie" (1970) de René Clément, "Les Mariés de l'An II" (1971) de Jean-Paul Rappeneau et "Nous ne Vieillirons pas Ensemble" (1972) de Maurice Pialat, puis par Philippe Noiret après les films "Les Gaspards" (1974) de Pierre Tchernia et "L'Horloger de Saint-Paul" (1974) de Bertrand Tavernier. Les deux acteurs se retrouvent après "Alexandre le Bienheureux" (1968) de Yves Robert. Citons deux seconds rôles interprétés par Frédéric Santaya qui retrouve Robert Enrico après "Les Grandes Gueules" (1965) et "Boulevard du Rhum" (1971), puis Antoine Saint-John vu dans quelques westerns spagettis comme "Il était une fois la Révolution" (1971) de Sergio Leone et "Mon Nom est Personne" (1973) de Tonino Valerii. Précisons que Antoine Saint-John retrouvera Philippe Noiret et Robert Enrico pour le chef d'oeuvre "Le Vieux Fusil" (1975), premier lauréat de l'histoire des Césars... Que ce soit dans le sujet ou le style on pense dès les premières minutes à du Granier-Deferre voir à du Yves Boisset, à de moindre mesure peut-être à Costa Gravas. On est dans un pur thriller politique sur fond de paranoïa, où toute l'intrigue repose sur un suspense angoissant, à savoir estèce que ce David est une victime politique d'un système corrompu ou est-il un homme psychologiquement instable et dangereux ?!
Trintignant met dans son personnage toute l'ambiguité nécessaire, un homme dont la complexité peut aussi bien porter d'un côté ou de l'autre. Par là même, le couple est tout aussi intéressant. Lui semble surtout s'ennuyer et voir en cette opportunité un moyen de casser sa routine mais croit-il vraiment David ?! Elle se méfie aussitôt de David, a peur que son époux aille trop loin même si elle est aussi attiré par cet homme mystérieux. Le film repose donc surtout sur la qualité d'écriture des protagonistes et sur les performances des acteurs. Il manque une chose pourtant, le secret en question reste toujours un mystère, on n'en sait rien et on n'en saura rien. Au début ça n'est pas franchement un soucis, mais au fur et à mesure, cette totale absence d'indice nous pousse forcément à choisir sur une option en particulier alors que tout le scénario cherche à nous perdre. Dommage, mais on reste dans une machination plutôt prenante, qui monte doucement en pression jusqu'à cette ultime conclusion en voix Off qui nous oblige à une dernière pensée : tout ça pour ça. Un scénario malin qui s'avère bien vain puisque l'intrigue est finalement plutôt limpide. Deux fois dommage, mais on restera particulièrement séduit par le trio formidable d'acteurs qui sauve le film.
Note :