The Ring (1927) de Alfred Hitchcock

par Selenie  -  2 Août 2021, 08:35  -  #Critiques de films

Juste après "Easy Vertue" (1927), Alfred Hitchcock quitte la Gainsborough Picture après ses 5 premiers films et part pour le concurrent Bristish International Picture qui espère ainsi pénétrer le marché américain avec le réalisateur le mieux payé du Royaume-Uni. En toute logique, le cinéaste se retrouve avec une grande liberté, et notamment il est entièrement libre du choix de ses acteurs. néanmoins, le patron du BIP, John Maxwell veut aussi donner la primauté aux productions nationales et donc grignoter la part de marché des productions américaines. L'effet pervers est la multiplication des productions mineures à faible budget ce qui va pousser Hitchcock a accepter des tournages pas forcément heureux. Pour l'heure, Hitchcock arrive en grande pompe et en profite pour mettre en oeuvre sa première histoire originale inspirée par le monde de la boxe, un sport dont il est amateur. Si l'histoire originale est signée par Hitchcock lui-même, il travaille en fait à l'écriture avec son scénariste attitré depuis son premier film "Le Jardin du Plaisir" (1925) Eliot Stannard, mais aussi en collaboration étroite avec son épouse Alma Reville puis avec Walter C. Mycroft, ami qu'il a connu à l'époque du ciné-club Film Society au début des années 20. Tous étant non crédité. Pour info, le film est également connu en France sous les titres "Le Masque de Cuir" ou "L'Arène"...

Jack, un boxeur de foire est remarqué par Bob Corby qui est un champion de la discipline. Bien que ce dernier flirte avec Nellie la fiancée de Jack, Bob offre une chance à Jack de faire réellement carrière dans ce sport. Jack et Nellie se marie, et Jack persévère dans une carrière pro dans la boxe. Mais plus il gagne et et s'enrichit par son sport plus sa femme s'éloigne jusqu'à se rapprocher de Bob Corby. Mais ce qui devait arriver arrive, le grand match de Jack contre Bob... Jack "One-Round" Sander est incarné par Carl Brisson, qui était boxeur avant d'être acteur et même Champion du Danemark. Il retrouvera Hitchcock pour "The Manxman" (1929). Sa fiancée est interprétée par Lillian Hall-Davis vue dans "Quo vadis ?" (1924) de Georg Jacoby et "La Proie du Vent" (1927) de René Clair, puis retrouvera Hitchcock dans "The Farmer's Wife" (1928). Malheureusement, l'actrice ne passera pas l'expérience du Parlant jusq'à une dépression et son suicide à seulement 35 ans. Le champion Bob Corby est joué par Ian Hunter déjà vu chez Hitchcock dans "Downhill" (1927) et "Le Passé ne Meurt pas" (1927). Citons ensuite Charles Farrell vu dans "L'Heure Suprême" (1927) et "Liliom" (1930) tous deux de Frank Borzage, Forrester Harvey vu chez Victor Fleming dasn "La Belle de Saïgon" (1932) et "Docteur Jekyll and Mister Hyde" (1941) et qui retrouvera Hitchcock dans "Rebecca" (1940), puis deux fidèles avec Clare Greet qui retrouvera Hitchcock pour plusieurs films jusqu'à "La Taverne de la Jamaïque" (1939), et Tom Helmore qui sera dans "Quatre de l'Espionnage" (1936) et "Sueurs Froides" (1956)... Ce film est une curiosité de premier ordre, d'abord parce qu'il s'agit d'un film 100% Hitchcock, d'après son histoire, écrite et imaginée par lui et outre la boxe, il aborde une thématique récurrente chez lui, à savoir l'adultère, la tentation du péché originel.

Sur ce dernier point le titre est très évocateur puisqu'il signifie l'arène de boxe, mais aussi l'alliance du mariage symbole de fidélité, sans omettre le fait que le bracelet du film est un serpent symbole du péché originel ! On notera aussi l'importance de la foire, de la fête foraine où les freaks (siamois, nain, géant...) ont leur importance, et ce bien avant le classique "Freaks - la Monstrueuse Parade" (1932) de Tod Browning et bien avant que le réalisateur revienne plus discrètement dans "Cinquième Colonne" (1942). D'ailleurs, François Truffaut dira du cinéaste anglais : "Hitchcock se voyait comme un monstre". Le film est semé de détails, du plus technique au plus originaux notamment et surtout dans sa mise en scène. D'ailleurs Hitchcock dira dans son entretien avec Truffaut : "Dans ce film, j'ai inauguré certains procédés qui sont devenus très courants ensuite." Par exemple on peut suivre les différents actes de vie du boxeur et de son évolution rien qu'en suivant son nom sur les affiches, le cinéaste use de jeux de miroirs, joue avec les reflets, tandis que l'appartement signe de réussite sociale renvoie forcément à l'appartement de son futur chef d'oeuvre "La Corde" (1948). Puis on savourera une séquence magnifique d'un combat au résultat couru d'avance quasi filmé hors champ, la caméra attendant au coin du ring comme si on savait déjà que le boxeur n'allait pas tarder à réapparaître défait. Le film signe un renouveau pour le réalisateur salué mais engoncé dans un système qui le bride encore. Le film est  un beau succès et reçoit très bel accueil critique dithyrambique de la presse britannique. Un beau et bon film, son meilleur après "The Lodger" à ce moment.

 

Note :            

 

14/20
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :