Julie (en 12 Chapitres) (2021) de Joachim Trier

par Selenie  -  15 Octobre 2021, 13:51  -  #Critiques de films

Après le très bon thriller horrifique "Thelma" (2017), le réalisateur norvégien Joachim Trier a voulu revenir à un style plus familier : "J'ai passé les 40 ans, j'ai vu mes amis vivre toutes sortes de relations de couple et j'ai ressenti le désir de parler d'amour, et de l'écart entre le fantasme de la vie que nous aurions rêvé de mener et la réalité de ce que sont nos vies. Le personnage de Julie a commencé à prendre forme : une jeune femme spontanée, qui croit qu'on peut changer de vie à sa guise et qui recherche ça, puis qui se retrouve un jour confrontée aux limites du temps et à celles de chacun y compris les siennes. Il n'y a pas un nombre infini d'opportunités dans une existence." Ce projet permet au cinéaste de revenir dans sa ville Oslo, et surtout permet d'y clore ce qu'on peut considérer comme sa trilogie sur Oslo après "Nouvelle Donne" (2006) et "Oslo, 31 Août" (2011). Le réalisateur retrouve son fidèle scénariste Eskil Vogt avec qui il travaille depuis ses débuts. Cette co-production franco-scandinave a été présenté au dernier Festival de Cannes où l'actrice principale a été récompensée du Prix d'Interprétation féminine...

On suit Julie à partir de la fin de ses études. Elle fête ses 30 ans, rencontre des hommes, l'amour auprès de Aksel qui en a 45, vivent ensemble, puis elle rencontre Eivind, reste encore avec Aksel pourtant puis en parallèle elle se cherche professionnellement, que pourrait-elle bien faire de sa vie ?!... Le rôle titre est tenu par Renate Reinsve, révélation de "Oslo, 31 Août" et qui depuis tourne essentiellement en Scandinavie, mais sans avoir réellement percée à tel point qu'elle avait prévu devenir charpentière avant ce film (!), ce qui paraît assez ironique au vu du sujet du film. Elle retrouve justement après "Oslo, 31 Août" son partenaire Anders Danielsen Lie (qui est médecin en parallèle de sa carrière d'acteur !) vu depuis dans des films surtout français comme "Fidelio" (2014) de Lucie Borleteau, "La Nuit a Dévoré le Monde" (2018) de Dominique Rocher ou "Bergman Island" (2021) de Mia Hansen-Love. Citons ensuite Herbert Nordrum vu entre autre dans "Ultimatum" (2016) de Erik Poppe et "Voyage au Bout de la Terre" (2019) de Espen Sandberg, puis Maria Grazia Di Meo actrice vue notamment dans "Le 12ème Homme" (2017) de Harald Zwart, "Le Coupable Idéal" (2019) de Mikael Hafström et plus récemment dans "Kadaver" (2020) de Jarand Herdal... Le titre l'annonce, le récit est découpé en 12 segments, mais en vérité en 14 puisqu'on a droit à un prologue et un épilogue. D'emblée, on le sait, ce genre de découpage narratif qui fait une sorte de succession de courts métrages donne toujours un résultat inégal. ce film ne fait pas exception, loin de là ! Ainsi on constate que les différents segments ont des durées très très variables (disons entre 3-4mn et 30mn), ce qui est tout aussi peu judicieux car les plus courts sont quasi tous peu intéressants voir même carrément anecdotiques. Ensuite, le choix de la voix Off s'avère aussi agaçante que superflue, d'abord parce qu'elle n'est que la version indirecte du dialogue en cours, ensuite d'autant plus parce qu'en plus cette voix Off disparaît du récit on ne sait ni pourquoi ni comment.

Par contre le film reste particulièrement bavard, et trop souvent pour des propos peu passionnant ou si convenu avec sa dose de clichés (bobo artiste, couple de lesbienne, rapport au père, évidemment la soirée drogue... etc...), sans compter des passages obscurs ou plutôt qui laissent perplexes (certains diront aisément malaisantes) comme la partie bad trip. Le réalisateur précise : "Julie porte en elle une forte mélancolie. Elle sabote ses relations amoureuses pour des raisons que je laisse à la libre appréciation du public, mais je pense que ce penchant autodestructeur est un aspect intéressant de sa personnalité. Julie est une "imperfectionniste".  Pour la mélancolie ce n'est pas franchement probant, et le côté audestructeur encore moins, et où sabote-t-elle ses relations amoureuses ?! Deux grandes histoires sur plusieurs années ce n'est pas choquant et/ou autodestructeur, ses raisons de quitter l'un pour l'autre n'ont rien de "sabotage". Bref, on ne voit pas vraiment où le réalisateur a voulu nous mener, ni mener Julie d'ailleurs. Pourtant, l'actrice principale est incroyablement juste et touchante, elle porte le film. Ses deux amants sont par contre traité de façon trop inégale, Aksel/Anders Lie prend la part du lion avec une dernière partie (2-3 segments tout de même) interminable, tandis que Eivind/Nordrum est en retrait, à peine effleuré avec un rôle presque muet comparé à son partenaire. Il y a quelques scènes assez magiques comme la traversée de Oslo dans une ville immobile (tournée sans effets visuels mais bien avec des figurants), l'alchimie entre l'actrice et ses deux partenaires offrent bien quelques instants de grâce mais dans l'ensemble le film est trop long, trop inégal, trop déjà vu voir même trop cérébral ce qui limite les émotions surtout dans la première partie. Une grande déception...  

 

Note :            

 

09/20
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D
Bonsoir Selenie, j'hésite beaucoup à voir ce film qui est très long. Ton billet me fait encore plus hésiter même si l'actrice a l'air bien. Bonne soirée.d
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